A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

mercredi 9 janvier 2013

Homélie de la fête du Baptême du Seigneur (C) - 13 janvier 2013

Je m’imagine les rives du Jourdain, pleines de boue. Et tu dois passer par là pour te faire baptiser dans la rivière, avant d’y repasser pour en sortir. Impossible donc de rester pur après ton baptême. Quel signe prophétique qui nous libère de tant d’illusions. Impossible de ne pas te compromettre avec ce monde. Tu es comme tout le monde. Même Jésus, celui qui était la pureté en personne, a voulu être comme tout le monde. La liturgie dit que par sa descente dans les eaux, il a rincé le fleuve, même que les eaux du Jourdain en ont été sanctifiées. Par sa descente dans notre humanité, il a guéri notre humanité, il l’a assumée et l’a portée de l’intérieur.


« Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton. »
La descente nous apprend tellement de choses. La première lecture en parle. C’est un des chants du Serviteur de Yahvé. Le texte dit : « Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton. » Il n’est pas comme certains prédicateurs du tiers-monde ou en Amérique qui prêchent le succès en criant. Il prêchera sans aucune agressivité. Il n’a pas besoin d’élever le ton, parce qu’il ne cherche pas le conflit ; pas besoin de s’imposer, il est la vérité en personne, et la vérité convainc par sa seule contemplation, pas par la persuasion, encore moins par la contrainte. Il suffit d’être face à cette vérité, qui n’évolue pas au gré des modes ou des idéologies, vérité éternelle et immanente, car vérité de Dieu, pour être saisie par elle.

« On n’entendra pas sa voix sur la place publique. »
La voix des vrais prophètes n’est jamais entendue dans le forum public. Ils ne savent pas comment manipuler la masse. Ils n’ont pas de style, ou bien leur style est si différent. Ils font toujours référence à Dieu, de façon déconcertante certes, mais sans s’imposer. Ils te laissent cette terrible liberté qui te confronte avec une certaine solitude. C’est plus confortable d’oublier cette voix prophétique, qui parfois trouve en toi-même une résonnance qui te gêne. Et déjà nous songeons à Jésus face à ses contradicteurs, aux pharisiens, aux scribes, à Pilate, au grand-prêtre à l’heure de sa Passion.

« Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit. »
Pour beaucoup de gens, dire la vérité est un acte de violence. Parce que certains « prophètes » aiment choquer. Parce que beaucoup de gens se sentent contraints par cette vérité. Ils n’osent pas dire non, mais ils ne veulent pas dire oui non plus. Beaucoup de gens pensent que la vérité ne peut pas aller de pair avec l’amour. C’est parce qu’ils ne comprennent pas que la vérité et un service, et qu’un vrai prophète ne peut que vouloir servir l’humanité. Il parle toujours avec amour avec un scrupuleux respect de la liberté d’autrui. Un vrai prophète, c’est celui ou celle qui opère une descente vers le fond de sa vie. Il a rencontré ses faiblesses et ses résistances. Il sait, par expérience, ce que les hommes doivent vivre. La tentation ici, c’est l’orgueil, de se placer au-dessus des autres. Un vrai prophète est humble, car il sait que sans l’aide de Dieu, il ne peut pas changer sa vie. Il se sent parfois un pauvre diable. Mais « lui ne faiblira pas, lui ne sera pas écrasé » : la descente vers le fond de l’âme, avec toutes les contradictions intérieures qu’on peut rencontrer, donne toujours une force, c’est là que tu y rencontres Dieu, à la fois tout proche, et tellement plus grand.

C’est Jésus lui-même qui a faite cette descente dans notre humanité, non avec une simple curiosité d’apprendre (allons-voir comment ils s’en sortent !), mais comme partie prenante. Sans succomber au péché comme l’Écriture nous enseigne, Jésus a sali ses mains et ses pieds à la boue de notre histoire, il s’est risqué son cœur à notre humanité, il a perdu sa vie à nous. Les eaux de la mort l’ont submergé. Mais il y est entré pour partager notre vie et nous donner la vie, là où la mort règne. Son baptême dans notre vie et notre mort nous régénère tous. Jésus nous apprend un nouveau style d’humanité : celui d’un Serviteur de Yahvé, qui trouve sa force au fond de son cœur et qui assume l’humanité entièrement, sans perdre son identité : celui de Fils bien-aimé du Père. Voilà ce que notre propre baptême nous donne en partage.

AMEN.

Michel STEINMETZ †



Aucun commentaire: