A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

vendredi 18 janvier 2013

Homélie du 2ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 20 janvier 2013

Au cours de ces dimanches, l’Eglise nous instruit de différentes manifestations du Seigneur. Après l’Epiphanie aux mages et aux nations, celle à Jean-Baptiste, lors du baptême de Jésus, ce jour, nous célébrons, par le récit de son premier miracle, celle des noces à Cana ! « Et c’est ainsi, dit l’évangile, qu’il manifesta sa gloire et que l’on crut en lui. »

Je ne sais s’il vous a été donné parfois de vivre au côté d’un homme remarquable ou exceptionnel, si vous avez eu ce privilège, vous aurez peut-être remarqué de quelle leçon d’humilité se paye cet avantage ! On se sent soi-même tellement petit, qu’on se sent dépassé. Avec Dieu, c’est pire encore ! Dieu nous surprend toujours. Nous ne le reconnaissons même pas dans la manière dont il exauce nos prières. Qui eut imaginé que le « Seigneur de gloire » comme dira Paul, venant sur terre pour se manifester, qui eut imaginé qu’il choisirait d’apparaître comme un poupon vagissant sur la paille d’une crèche ou qu’il ne trouverait qu’un moyen de renouveler le monde : en mourant entre deux criminels sur une croix ?

Et, qui eut conseillé à Jésus de faire son premier miracle dans une noce de village sur une scène de fête et de bon vin, par un geste qu’on attendrait si peu d’un prophète et encore moins d’un Dieu ? On comprend qu’il ait amené ses disciples à s’asseoir à un banquet de noces mais, les convives ayant bu déjà plus que prévu, que le Christ ait jeté sur la table d’un seul coup, 7 à 800 litres de vin, cela surprend. Il y a de quoi choquer certains. Dieu, lui, voulait marquer par-là l’inépuisable mansuétude de sa miséricorde et l’infinie magnanimité de son amour. Nous n’y voyons qu’un comportement déconcertant, comme s’il n’y avait que deux attitudes possibles dans la vie : choisir de se réjouir sans religion ou choisir de servir Dieu sans joie.

Ce que Jésus attaque dans ce miracle de Cana, c’est justement cette séparation entre le Dieu de la nature et celui de la grâce, entre le Dieu qui crée le monde et le Dieu qui s’incarne pour le sauver, entre le Dieu adoré dans l’univers et le Dieu célébré dans nos églises, le Dieu créateur et le Dieu rédempteur : c’est le même Dieu, le Dieu de l’Alliance. On lui rend hommage en priant comme on lui rend hommage en vivant, tout simplement, tout ce que l’on doit vivre dans les activités de tous les jours. En changeant l’eau en vin, non seulement Dieu valorise nos valeurs humaines mais il s’affirme lui-même, maître de la vie. Jésus anticipe ce qui sera sur la croix le don de sa vie. Il préfigure déjà le don que sera l’Eucharistie. Nourri par elle, l’homme peut, lui aussi, changer sa vie et en faire pour les autres un vin capiteux et enivrant. Au lieu de faire de la religion un épouvantail pour nous dispenser de la pratiquer, au lieu de croire que pour ressembler au Seigneur, il nous faut devenir tout autre que ce que nous sommes, il nous faudrait au contraire retenir ce que nous avons de commun avec lui : cette nature humaine qui l’a rendu présent à nous. Le vrai moyen, pour nous, de ressembler davantage à Jésus, ce serait de devenir plus humain. Si nous étions plus attentifs et plus compatissants, nous aurions une vraie communauté d’âme avec le Seigneur.

Le Christ a « manifesté sa divinité et révélé sa gloire » en montrant à Cana sa délicatesse de cœur. Et il a fait son premier miracle. Et le faisant, il nous disait une fois encore son Alliance. Il anticipait son offrande sur la croix. Il révélait l’ampleur de la plénitude de son pardon. Tout cela, Jésus l’a fait avec la même tendresse de cœur qu’il nous invite, en ce jour, à communier à sa vie dans l’Eucharistie pour nous inviter, un autre jour, à ce banquet où le vin ne fera jamais défaut et où la joie ne sera jamais finie. Entre-temps, « manifestons sa gloire et sa divinité » par l’assiduité de notre foi eucharistique, par l’ingéniosité de notre cœur éveillé, par les miracles de notre compassion envers ceux qui pleurent et notre sympathie envers ceux qui se réjouissent.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

Aucun commentaire: