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mercredi 31 octobre 2012

Homélie de la solennité de Tous les Saints - 1er novembre 2012

Lorsque la météo annonce un temps de Toussaint, c’est de mauvais augure ! Il n’y aura pas d’été indien, mais un temps automnal de pluie, de grisaille et déjà de froid, comme nous le connaissons depuis quelques jours. Bref, un temps lugubre et triste, où l’on s’enfonce irrémédiablement dans l’hiver glacial. Temps paradoxal pourtant, car la Toussaint loin d’être la fête des tristes mines et de la déprime, est précisément la fête des saints et des Béatitudes ! Une fête lumineuse où le mot « heureux » conjugué au présent scande chaque exclamation de l’Évangile. Une fête où la lumière radieuse se lève sur la face des saints comme l’annonce saint Jean dans l’Apocalypse où il voit « un ange se lever du côté où le soleil se lève ». La remarque n’est pas anodine : il s’agit du soleil levant et non du soleil couchant. La Toussaint nous tourne vers la Lumière et non vers la nuit. La Toussaint nous plonge vers l’avenir et non vers ce qui a déjà été accompli. La Toussaint n’est pas la commémoration des saints d’hier, mais la fête des saints d’aujourd’hui ! La Toussaint, c’est notre fête ! C’est la fête des chrétiens de maintenant. Lorsque Saint Paul écrivait aux Corinthiens ou aux Romains, il s’adressait « aux saints de Corinthe et de Rome ». Dans ses épîtres, il écrit à ceux qui sont invités à la sainteté, à ceux qui sont saints par vocation.

Mais si nous sommes appelés à la sainteté, sommes-nous réellement des saints ? Certains pensent que la sainteté est impossible dans notre monde : pour être saint, il faudrait vivre hors du monde, en ermite. Car le monde nous façonne à sa mesure et voile notre cœur malgré nous. Il le remplit de désirs et d’envies chaotiques, il le rend impatient et fébrile. Comment alors être saint ?
D’autres, lors de leur examen de conscience ont l’honnêteté de reconnaître qu’ils ne ressemblent en rien à une mère Térésa, toute donnée à la mission de la charité, à une Thérèse de Lisieux, brûlant d’amour jusqu’à demander le martyr, ou encore à un Saint Martin de Porès que l’on fêtera dans les jours à venir et dont le pape Jean XXIII disait au moment de sa béatification que « son humilité était d’aimer ses frères plus qu’il ne s’aimait lui-même ». Non, nous ne sommes rien de tout cela.

Pourtant, j’aimerais vous dire :

1. d’abord que dans la Bible le seul vrai saint, c’est Dieu. Il est le Saint des saints. Et Dieu a fait irruption dans le monde des hommes, il est entré dans la vie d’un Peuple, il s’est manifesté et a dévoilé son visage de lumière. Bref, Dieu ne reste pas à l’écart du monde. Au contraire, il entre dans la vie des hommes. De même, le Peuple qu’il s’est choisi, il ne l’a pas placé sur une île déserte. Il ne l’a pas isolé des nations, et pourtant, il en a fait une « nation sainte ». De même, le Christ ne demande pas à ses disciples de se réfugier sur le sommet d’une montagne ou dans un ermitage, mais de rester dans le monde, et de baptiser, et d’enseigner l’Évangile. Et quoi qu’il en soit de la force du monde, de son empreinte, de son emprise, le chrétien n’est jamais réduit au monde. Si nous sommes saints, c’est en raison de notre réponse à aller vers Lui, le Saint des saints. Si nous sommes saints, c’est en raison de ce chemin vers Dieu que nous empruntons, sans nous arrêter au bord de la route, sans nous retourner en arrière, sans renoncer à Lui... Certes, nous cheminons avec nos mauvaises habitudes, nous venons vers Dieu avec nos péchés, plus ou moins lourds, plus ou moins graves, mais nous avançons vers Dieu coûte que coûte : le saint est un pécheur qui ne se décourage pas, le saint est un pécheur qui ne renonce pas à la sainteté. Il fait confiance à Dieu car il se sait aimer de Lui. Le saint est un pécheur qui se sait pardonné et qui implore et supplie Miséricorde pour lui et pour ses frères. Voilà pourquoi aujourd’hui, c’est notre fête.

2. Ma deuxième remarque porte sur nos œuvres, nos désirs, notre charité envers Dieu et le prochain. Revenons au Seigneur. Seul Dieu est le Saint des Saints, disais-je. Sa sainteté est donc unique. Il n’y a pas de sainteté équivalente à celle de Dieu. Et bien, il en va de même de notre sainteté. Il n’y a pas un seul saint qui a son pareil. Prenons l’exemple des trois Thérèse : elles n’ont absolument rien de commun. Entre Thérèsa d’Avilla, la Madre espagnole qui réforme l’ordre des carmes et qui fonde des couvents dans toute l’Espagne, entre la petite Thérèse de Lisieux qui s’offre en holocauste à l’amour miséricordieux où devant son impuissance à être sainte, elle demande à Dieu d’être lui-même sa sainteté, ou encore entre Mère Teresa qui se consacre à Dieu dans la prière et dans une activité débordante envers le prochain, que de différences ! Et pourtant, toutes les trois sont saintes !

Il en est de même pour nous. De la même manière que Dieu est unique, chaque homme, chaque femme est unique. De la même manière que la sainteté de Dieu est unique, la sainteté de chacun d’entre nous est unique. Les saints sont des modèles, et de beaux modèles, mais le phare et la source de la sainteté, ce n’est pas le saint, c’est Dieu. Le seul point commun qui les rassemble tous, c’est l’amour de Dieu et l’amour pour Dieu. Tous les saints aiment Dieu et c’est cet amour qui leur donne le courage d’aller vers Lui, et d’aimer le prochain jusqu’à donner leur vie pour lui. L’amour de Dieu est le fondement de la sainteté. Il n’y a rien d’exceptionnel à accomplir. Il n’y a rien de sensationnel à vivre pour être saint. Il suffit d’aimer et de rendre gloire au Christ qui est le Visage de l’amour de Dieu accompli dans l’amour du prochain.

Alors, à quoi ressemble-t-elle cette foule immense des témoins qui court vers Dieu en ce jour de Toussaint ? Je la vois emprunter de grands boulevards ou des rues étroites. Je la vois bondir comme le lièvre ou avancer à pas de tortue. Pour tout cela, Christ, saint de Dieu, gloire à Toi !

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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