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samedi 27 octobre 2012

Homélie du 30ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 28 octobre 2012

« Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! ». L’aveugle de Jéricho, criant vers le Seigneur sans même le voir avec les yeux du corps, est en effet un des personnages les plus émouvants et les plus évocateurs de l’Evangile.
C’est avec lui que je vous convie aujourd’hui à nous laisser toucher par la joyeuse Nouvelle de l’Evangile. Je vous invite à reprendre ce passage de saint Marc en nous arrêtant à trois moments qui sont particulièrement significatifs de la leçon qui nous est donnée.
Premier temps, tout d’abord : la demande de Bartimée. Deuxième temps : la réponse de Jésus, par laquelle le Christ non seulement guérit de la cécité physique mais encore se révèle comme la réalisation de l’espérance du peuple messianique. Troisième et dernier temps, enfin : la conséquence de tout cela, joie de la foi et jubilation devant le salut effectivement vécu.

I.- Premier temps : la demande de Bartimée.

L’aveugle ne connaît pas Jésus. Il ne l’a probablement jamais rencontré ; sa seule connaissance se limite à ce qu’on dit de lui, à sa réputation grandissante. Faut-il rappeler que cette rencontre intervient sur le chemin vers Jérusalem, là où Jésus sera triomphalement accueilli avant de souffrir sa Passion ? Marc prend le soin de préciser que Bartimée était un mendiant. Il serait d’ailleurs parfaitement autorisé de traduire ici : « Bartimée, le fils de Timée, assis au bord de la route, en train de mendier ». L’attitude de cet homme rejoint sa disposition intérieure : ainsi, lance-t-il vers Jésus une vibrante prière, la prière du pauvre, du pécheur, de celui qui sait qu’il ne peut rien et qui attend tout de Jésus. « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! ».
La foule veut faire taire l’aveugle, comme si son handicap visuel ne suffisait pas, comme s’il fallait, en plus, lui retirer sa faculté de parole. Lui, au contraire, crie de plus belle. Il n’a rien à perdre. Il est l’exemple même du priant mettant en œuvre ces qualités: demander sans relâche, crier avec énergie et persévérance dans l’attente impatiente d’une réponse, prier enfin sans se laisser dérouter par les manœuvres de la foule ou les distractions de tous ordres.
Voilà le premier moment, celui de la demande.

II.- Deuxième moment : la réponse de Jésus

Remarquons bien que la réponse de Jésus à Bartimée est d’abord un appel. « Appelez-le », dit Jésus. Ceux-là mêmes qui interpellaient l’aveugle pour le faire taire, ou du moins certains parmi eux, l’exhorte alors à la confiance. « Confiance, lève-toi : il t’appelle ». Quand Jésus appelle, il relève ; d’assis au bord de la route pour mendier, Bartimée se met debout pour aller vers le Seigneur. Poursuivons. L’aveugle jette son manteau, il se dessaisit de ce qui pourrait l’entraver, et symboliquement il se dessaisit de l’habit du mendiant car il sait au fond de lui que, déjà, il a été exaucé. Il bondit alors et court vers Jésus, lui le non-voyant !
Jésus, marchant vers Jérusalem, réalise la prophétie de Jérémie ; le passage que nous entendions du prophète annonce le retour à Jérusalem du peuple élu après la déportation, il relate plus exactement encore l’arrivée à Sion du Seigneur avec son peuple. Jésus, lui, se prépare à entrer dans Jérusalem avec ses disciples. Jérémie précise que, dans ce cortège, se trouvent des aveugles : « je les dirige par un chemin où ils ne trébucheront pas ! », dit le Seigneur. Jésus pose le geste de la délivrance. Bartimée, l’aveugle guéri, suivra la troupe dans sa montée vers la Ville sainte. On ne comprend alors, et que mieux encore, l’exclamation de Bartimée, toute empreinte de messianisme : « Fils de David, aie pitié de moi ! ». Le Christ, en le guérissant, se révèle comme l’espérance du peuple, comme la concrétisation des promesses divines.
Jésus, seulement après avoir fait appeler et venir à lui Bartimée, lui demande ce qu’il désire. Alors, ne posant aucun geste et sans aucune parole de guérison, il lui dit que sa foi l’a sauvé. C’est parce que Bartimée a cru, qu’il a vu avec les yeux de la foi, qu’il lui est donné de voir maintenant avec les yeux du corps. « Quand le Seigneur ramena les captifs, nous étions comme en rêve ! Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie ! », priions-nous avec le psalmiste. Oui, frères et sœurs, le rêve du croyant Bartimée est réalisé et le convoque à la joie !

III.- Troisième moment : la conséquence de la foi

La conséquence de la foi est la joie du salut. Avant même que Jésus ne prononce les paroles qui lui ont rendu la vue, Bartimée bondit de joie à la seule idée d’être appelé par Jésus. Il se sent reconnu et déjà aimé, lui que l’on voulait faire taire. Cette jubilation, cette joie, cette action de grâce sont le signe de la présence du Sauveur au sein de son peuple. En montant vers Jérusalem, annonce Jérémie, le peuple libéré de la servitude avancera avec son Seigneur et cette présence se traduira en louanges et en acclamations. « Poussez des cris de joie… faites résonner vos louanges et criez tous : Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël ! ». Voici que se réalise, en Jésus, la promesse de l’Ancienne Alliance. Celui qui semait dans les larmes s’en vient maintenant dans la joie en rapportant le salaire de sa semence.
Se laisser saisir par le Christ, consentir à le rencontrer, accepter de nous laisser remettre debout pour le suivre, tout cela provoque de la joie par-delà l’aridité de notre prière souvent trop impatiente.

C’est bien ainsi que la prière fervente et insistante, avec une foi à bousculer tous les empêcheurs de croire, alliée à la miséricorde de Jésus, nous ouvrent à la vision bienheureuse, celle qui est réservée aux cœurs purs. Ce Bartimée est de cette race-là. Ayons, aujourd’hui l’audace de demander cette grâce pour nous-mêmes.
« Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †



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