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mercredi 31 octobre 2012

Homélie de la messe en suffrage de Tous les fidèles défunts - 2 novembre 2012

Introduction

Hier, l’Église nous a invités à contempler l’immense Joie de ceux dont les yeux se sont ouverts : ils ont été illuminés par la Face rayonnante du Père qui les a accueillis les bras ouverts. Nous avons aussi été invités à nous réjouir pour nous : s’il nous a été donné de prendre conscience de Son Amour et d’y répondre quelque peu, avec Jésus le Christ, l’amitié du Père est déjà la grande réalité qui illumine notre vie. Aujourd’hui, c’est l’autre face, plus sombre, celle du départ de nos proches, un jour, du nôtre que nous avons à méditer.

Dieu ne nous sauve pas individuellement, mais unis les uns aux autres : c’est la Communion des Saints. C’est le sens de notre assemblée liturgique en ce jour : si nous nous portons mutuellement dans la Prière, si nous nous unissons de toute notre ardeur au Seigneur Jésus qui nous a aimés jusqu’à partager notre mort, nous obtenons pour les nôtres l’immense joie ! Ils seront si heureux de la partager un jour avec nous. Que le Seigneur nous donne, comme ils l’ont fait, par la foi et l’eucharistie, de vraiment manger sa chair. Alors, ensemble, au dernier jour, Il nous ressuscitera et nous fera entrer dans l’immense jubilation : nous nous réjouirons, il nous aura sauvés !


Homélie

Nous sommes mortels ; la mort est la fin inéluctable de toute vie ? Si la mort est inéluctable, il faut donc prendre position par rapport à elle. La mort, parce qu’elle pose une fin absolue à notre désir de vie, de relations épanouissantes, de bonheur, nous oblige à nous reposer la question de notre relation à elle. Car, devoir mourir est un des problèmes fondamentaux de l’existence : comment dois-je vivre en sachant que je dois mourir ?

Or, le silence des morts pèse sur les vivants. La mort est une réalité, une des plus assurées pourtant, dont nous n’aimons guère parler. Sentiments confus de gêne, de peur ou d’incertitudes quant à notre sort après la mort nous font préférer taire la mort. Cette angoisse devant la mort est elle-même un mystère : s’il est vrai que tous les êtres vivants sont des « mortels », que la mortalité fait partie intégrante du processus naturel, nous ne devrions éprouver en face d’elle aucune angoisse. La mort est le terme biologique de toute vie. Un point c’est tout. Mais alors, pourquoi s’angoisser devant cette réalité toute naturelle ? N’est-ce pas plutôt que nous éprouvons, secrètement, que nous ne sommes pas faits pour la mort ? N’y aurait-il pas en nous un désir de sens et de plénitude qui ne peut être comblé par une fin aussi irrévocable que la mort ?

Un philosophe français, Gabriel Marcel, a magnifiquement exprimé ce désir, lorsqu’il écrivait : « Aimer un être, c’est lui dire : toi, tu ne mourras pas ». Bien sûr, ce mot, « tu ne mourras pas », les faits le démentiront puisque chacun doit mourir. De ce point de vue, il s’agit peut-être de se faire consciemment illusion à soi-même. Mais de l’autre côté, il est vrai que celui qui aime a le droit et le devoir d’espérer que la fidélité de son amour est plus grande que les faits, plus forte que mort. Ce « tu ne mourras pas » - et avec lui l’amour qui parle ainsi - n’est certes pas possible si la finitude et la mort ont le dernier mot. Mais n’est-il pas davantage vrai quelque part que l’homme aimé n’est pas totalement mort quand la mort l’a saisi puisque c’est au nom de cette même fidélité que chacun de nous se souvient plus fortement en ces jours d’un mari ou d’une épouse, d’un enfant, d’un membre de sa famille ou d’un ami, tous disparus à nos yeux, mais bien vivants dans notre cœur ? Oui, aimer un être, c’est lui dire : toi, tu ne mourras pas.

Si une telle affirmation n’est pas absurde ou impossible, n’est-ce pas parce que quelqu’un de plus grand que notre cœur ou notre esprit, quelqu’un plus grand que la mort, nous adresse en son Fils ces mots : « Je t’aime, toi, tu ne mourras » ? Tel est bien le sens de ce que nous avons entendu dans l’évangile : « La volonté de mon Père est que tout homme obtienne la vie éternelle ».

Ce désir de ne pas voir mourir l’être aimé, tout simplement parce que nous l’aimons et que la mort ne peut pas être le dernier mot à la fidélité, Dieu notre Père nous en garantit la vérité et la puissance de vie. Oui, quand nous aimons, il y a une force de vie qui transfigure la mort. « Moi, je le ressusciterai au dernier jour », dit Jésus. Ce n’est pas une illusion ou une vaine promesse. Cette Parole a toute la force de l’amour : « aimer un être, c’est lui dire : toi, tu ne mourras pas ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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