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jeudi 9 avril 2009

Homélie de la messe du Saint Jour de Pâques - dimanche 12 avril 2009


« Voici que Dieu a ressuscité Jésus le troisième jour. Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance ». Ac 10, 40.

En précisant de la sorte que le Seigneur, après sa résurrection, ne se montre qu’à ceux qui ont été choisis par avance, l’auteur des Actes des Apôtres laisse la question pendante : mais qui fait donc bien partie de ce groupe d’initiés ? Et cette autre question qui y est fatalement liée : nous-mêmes, pouvons-nous prétendre à faire partie de ce groupe-là ? Pour faire bref, nous pourrions résumer en forçant quelque peu le trait : le christianisme est-il depuis son origine fondatrice une religion d’initiés ? Est-il réservé à une élite ?
Triple grâce qui nous est faite pour nous rassurer, s’il le fallait : grâce du témoignage, grâce de la confiance, grâce, enfin, du compagnonnage avec Jésus.

I.- La grâce du témoignage.

Car, si les actes des Apôtres parle uniquement – me direz-vous – des manifestations, des apparitions de Jésus ressuscité à ses disciples, il ne va pas jusqu’à rejeter de la foi en Christ ceux qui n’auraient pas été gratifié de telles apparitions. Car, dans ce cas, nous ne pourrions aujourd’hui ni prétendre confesser dans la foi que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts, ni faire partie de l’Eglise. Pourtant, il faut bien reconnaître de manière quelque peu troublante que la distinction est clairement établie entre ceux à qui il a été donné de voir le Christ vivant et ceux à qui cela n’a pas été donné. Ce sont ces premiers qui seront les témoins de la joie pascale, témoignage qui sera lui-même à l’origine de la foi d’un grand nombre. La foi chrétienne ne repose sur rien d’autre, puisqu’elle est affaire de foi, donc de confiance, que sur le rapport de témoins qualifiés et désignés comme tels.
C’est cette chaîne ininterrompue au cours des siècles de témoins, qui se sont faits confiance les uns aux autres, qui nous permet aujourd’hui de dire en toute vérité et de manière autorisée que, nous aussi, nous croyons, nous savons que Jésus est vivant et qu’Il continue de l’être pour nous.

II.- La grâce de la confiance.

Le cœur, plus prompt, fait nous incliner à croire en Jésus ressuscité. Mais comment notre intelligence se laisse-t-elle entraîner sur cette voie ? Elle en appelle aux choses élémentaires et bien établies : le corps de Jésus était dans le tombeau, et, à y croire les femmes arrivées là les premières puis Pierre et Jean, il n’y est plus. Notre raison est alors confrontée à ce dilemme : soit ces témoins ont menti, soit ils ont dit vrai. Et s’ils ont dit vrai, il faut reconnaître que la puissance coalisée des Juifs et des Romains a été incapable de retrouver le corps et de lever l’énigme.
Il n’y a pas d’accommodement possible, aucune échappatoire : soit Jésus est donc bel et bien ressuscité, soit il ne l’est pas. Mais, s’il ne l’est pas, alors il me faut croire que les sornettes de trois pauvres femmes apeurées ont abusé le monde depuis plus de vingt siècles ! La supercherie de ces femmes aurait-elle soulevé une chape plus lourde que la pierre d’un tombeau ? Qu’y a-t-il, tout compte fait, de plus difficile à croire ? Que Jésus soit ressuscité des morts ou les ragots de trois femmes aient changé la face du monde ?

III.- La grâce du compagnonnage avec Jésus.

Le texte des Actes des Apôtres précise encore que ceux qui ont été choisis par avance pour voir le Ressuscité sont ceux-là même qui « ont mangé et bu avec lui après sa Résurrection d’entre les morts ». Ce sont les mêmes qui ont été, aux jours de sa vie terrestre, ses compagnons de route, ceux qui avaient déjà, peu ou prou, partagé avec lui quelques instants de son existence. Car la foi dans le Christ ressuscité s’enracine sur une expérience, sur un compagnonnage. Si Jean, entrant dans le tombeau, peut, à la vue du linceul posé là, non seulement voir mais croire, c’est que son cœur et son intelligence ont été disposés à cet acte de foi. Il y a été préparé. Il s’est laissé nourrir, enseigner et aimer par Jésus. Alors la seule vision du tombeau vide suffit, par-delà le désarroi du Vendredi-saint, à raviver son espérance. Le chemin de vie avec Jésus et la grâce de l’Esprit lui valent de témoigner ainsi.
Nous-mêmes, par le baptême, Dieu a mis en nous cette capacité à confesser Jésus comme Christ et Seigneur, comme le Ressuscité à jamais vivant. Nous sommes baptisés en Eglise, c’est-à-dire dans la longue succession et filiation des témoins de Pâques. Nous faisons route avec Jésus, nous partageons son repas pascal en chaque eucharistie, nous nous laissons enseigner et façonner par sa Parole. Alors nous pouvons raisonnablement affirmer à notre tour, dans la confiance, que, sans former une élite, nous faisons partie de ceux qui Dieu a choisis pour porter, aujourd’hui encore, et à notre tour, la bonne Nouvelle de la Pâque : « Christ est ressuscité ! ». Une élite se suffit à elle-même ; elle ne recherche pas le contact avec d’autres, dans la crainte de perdre son statut. L’Eglise, au contraire, ne reste Eglise que si elle annonce sans cesse, en son sein d’abord pour fortifier et faire croître sa foi, à l’extérieur ensuite – mais les deux toujours indissociablement liés, que Jésus est ressuscité des morts et qu’il y a là matière à vivre !

C’est à cette noble tâche que nous sommes convoqués. Que Dieu soit avec nous, comme Il était avec Jésus. « Le bras du Seigneur se lève, le bras du Seigneur est fort ! Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur ! » (Ps. 117).

AMEN.

Michel Steinmetz †

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