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samedi 18 avril 2009

Homélie du 2ème dimanche de Pâques - 19 avril 2009

Il est étonnant, frères et sœurs, que le message de Noël et de Pâques soit formulé dans les mêmes termes. A Noël, les anges du ciel annoncent la gloire de Dieu et la venue de la Paix pour la terre aux hommes de bonne volonté. A Pâques, c’est le Ressuscité lui-même qui formule à maintes reprises ce souhait et cette affirmation : « La Paix soit avec vous ! ».
Comment comprendre cela ? La finalité ultime de la venue de Dieu en notre chair et le salut par lui offert par le mystère de la mort et de la résurrection de son Christ se résumerait-elle donc au don de la Paix ? Et si cela est vrai, de quelle Paix s’agit-il ? de celle dont les hommes sont en cesse en quête pour mettre fin à leurs conflits ? celle que l’on réduit trop souvent, et qu’on fragilise ainsi dès ses premiers moments, au consensus minimum et au partage à peu près équitable et des biens et des torts ?
Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons qu’être interpellés par la répétition de cette phrase de Jésus Ressuscité : « La Paix soit avec vous ! ». Bien sûr, les apôtres sont assaillis par leurs doutes, leurs peurs. Bien sûr, ils ont besoin d’être réconfortés et libérés. Mais en cette si courte phrase se dit l’essentiel de l’après-Pâques. Thomas, dont le nom signifie « Jumeau », est bien, un peu au moins, notre double : lent à croire, toujours dans l’attente de preuves… Le souhait du Ressuscité s’adresse aujourd’hui à lui comme à nous. Paix de Dieu que nous avons à recevoir : paix définitivement acquise, paix entre nous et entre Dieu.

I.- La paix entre nous.

Les Apôtres, dans les jours qui suivent les événements de la mort et de la résurrection du Christ – résurrection qu’ils ont encore du mal à confesser comme telle-, sont troublés. Ils ne comprennent toujours pas. Leurs cœurs sont lents à croire ; les disciples d’Emmaüs ne reconnaissent Jésus qu’à la fraction du Pain. Thomas, lui aussi, ne se contente pas du témoignage de ses frères : il lui faut voir et toucher. Ce privilège lui sera accordé, non sans vifs reproches de la part de Jésus. « Parce que tu as vu, tu crois. Heureux qui croient sans avoir vu ! ». Les Apôtres sont donc tentés, tentés, tout compte fait et malgré tout, de ne pas croire, tentés de rester enfermés dans leur peur, tentés de se disperser et de ne pas témoigner. Jésus ressuscité prend le soin de leur faire un premier don, avant même celui, suprême, de l’Esprit à la Pentecôte. Ce premier don, c’est celui de la Paix. Une paix qui, déjà, est un fruit de l’Esprit qui agit en eux. Et le fruit, alors, de cette paix est la joie, une joie qui n’a rien à voir avec un sentiment passager et éphémère. Elle est une tranquillité profonde, une conviction inébranlable, source de notre équilibre humain et chrétien. Cette paix qui nous conduit à poser sur les autres, sur la vie et sur nous-mêmes, un regard clairvoyant et miséricordieux. Cette joie paisible, dont l’origine est une foi inébranlable en la victoire du Christ, c’est la joie qui nous étonne chez les saints martyrs, chez les grands malades croyants. C’est un don de Dieu, c’est finalement la présence en nous de Dieu qui habite le cœur du croyant que nous sommes et le transforme. Cette paix, encore, est à l’origine de la première communauté chrétienne, du collège apostolique : c’est parce qu’unis dans la foi et la paix que les Apôtres ont pu être les témoins du Christ ressuscité.
Sur la Croix, Jésus unit tous les hommes à l’ombre de ses bras : il nous fait frères pour être en paix avec Dieu. Le Ressuscité n’est pas un autre : c’est le Crucifié qui, pour un temps, avant d’orienter définitivement nos regards vers son Père, mange avec ses amis et porte sur son corps les marques de ses souffrances.

II.- La paix avec Dieu.

Nous ne pouvons en rester à cette première étape. Le message de Pâques, c’est aussi de nous rappeler que le fruit de la Pâque de Jésus est la réconciliation définitive avec Dieu. Réconciliation définitive, car nous voici enfin libérés de la mort, du péché et de tout esclavage.
La Paix, que le Ressuscité offre à ses Apôtres et à ceux qui croient sur la base de leur témoignage, n’est pas le résultat d’un consensus entre nous. Nous serions unis entre nous, et donc en Paix, parce que nous aurions la même foi. Cela ne suffit pas. Rien ne permettait aux Apôtres de croire, et rien, aujourd’hui encore, dans notre monde technique, scientiste et rationaliste, ne nous pousse, à vrai dire, à la foi. Pourtant, en définitive, nous le savons : croire n’est pas une démission de la raison ou de l’intelligence. Croire n’est pas l’apanage des simples d’esprits ou des demeurés. Croire, c’est faire confiance ! Quand on fait confiance, on sait qu’il faut s’abandonner. Un enfant en proie au vertige sait ce que c’est que de saisir la main de son père alors qu’il n’ose plus avancer…
La Paix que Dieu nous offre fait croître au plus intime de nous-mêmes cette prédisposition à la foi. Apaisés, heureux, nous pouvons nous abandonner à la folle idée qu’Il n’est pas mort, le Maître de la Vie, mais que, vivant, Il règne. Le Ressuscité nous précède en Galilée ; il a toujours de l’avance sur nous, il nous guide désormais dans la joie d’une vie plus forte que tout.

Désormais, il nous appartient de mettre en pratique cette béatitude pascale : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! ». Faisons le pas de la confiance. La Foi que nous proclamons nous vient des Apôtres et repose intégralement sur leur témoignage. Si nous sommes unis dans la même foi, c’est parce qu’un Autre nous en donne et la force et la paix nécessaires pour demeurer ferme. Cet Autre vient à notre rencontre lorsque nous partagerons le Pain comme Il nous l’a demandé.
Que Sa Paix soit avec vous pour le reconnaître comme Seigneur de nos vies !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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