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jeudi 9 avril 2009

Homélie de la messe "in coena Domini" - Jeudi-Saint 9 avril 2009

Alors que Jésus et les siens sont rassemblés pour fêter la Pâque juive, l’ambiance, ce soir-là, est lourde, pesante. Chacun le ressent autour de la table. Contexte quelque peu paradoxal qui réunit Jésus et les siens : souvenir de la libération du peuple en Egypte, souvenir des merveilles de Dieu pour les siens et, déjà, acuité des heures atroces et douloureuses qui s’annoncent. Jésus lui-même, comme ses amis, ont pris conscience que, sans doute, le point de non-retour était atteint. Voilà trois ans que Jésus sillonne les routes de Palestine, annonçant à tous l’imminence du Règne de Dieu, guérissant les malades, ressuscitant les morts. Pour certains bien-pensants, cramponnés à leur petit pouvoir de pacotille, il blasphème, il se prend pour Dieu, il ose même se prétendre son Fils. On lui reproche d’oser la Vérité, ou plutôt on ne supporte pas qu’il soit la Vérité, que cette vérité dérange et qu’elle ébranle les consciences. Alors, les mêmes décident sa perte. A partir de là, tous les moyens, les plus subtils comme les plus vils, seront bons.

Dans les heures qui le séparent de sa Passion, Jésus sait bien maintenant que vient l’heure de Vérité, celle où il sera mis à l’épreuve du courage et de la persévérance. Soit il acceptera de demeurer fidèle à la mission qu’il a reçue comme telle de son Père et dans la conscience de laquelle il n’a cessé de grandir et d’être reconnu, soit il la reniera pour sauver sa vie à la manière des hommes. On aurait pu s’attendre à ce que l’élément qui fera basculer le destin de Jésus soit extérieur : tant de fois il a été confronté aux scribes et autres docteurs de la Loi, tant de fois, ses gestes ou ses paroles ont été reçus comme sacrilèges, qu’il aurait pu être, une fois encore, mis à l’épreuve. Mais aucune raison valable ne tenait pour justifier sa mise à mort. C’est donc un des siens qui va le livrer, un de ceux qui a partagé son intimité pendant plusieurs années et qui, ce soir, est là, à table avec lui. Judas, pour quelques pièces d’argent, par faiblesse de caractère, par peur, passe un marché avec les quelques manipulateurs qui veulent voir Jésus mort. « Au cours du repas, alors que le démon avait déjà inspiré à Judas Iscariote, fils de Simon, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est venu de Dieu et qu’il retourne à Dieu, se lève de table… et il se met à laver les pieds des disciples… ». La réponse de Jésus au traître sera la plus belle de toutes : serviteur, il le demeurera jusqu’au bout, Serviteur souffrant, Serviteur de Dieu broyé par la souffrance, comme le décrit le prophète Isaïe. Sans doute les sentiments de Jésus à cet instant sont plus de l’ordre de la souffrance devant une confiance donnée et ainsi bafouée que de celui de la colère ou de la vengeance. A ce moment précis, il commence déjà par répondre « oui » à Dieu son Père : il a aimé les siens dans le monde, il les aimera jusqu'au bout. La félonie de son ami n’aura pas raison de cet amour.

Peut-être avez-vous déjà fait l’expérience d’une telle trahison aussi sournoise que douloureuse ? Peut-être avez-vous déjà fait l’expérience de ce sentiment soudain d’abandon et de remise en cause de ce qui fait au plus profond de vous votre vie ? « Si l'insulte me venait d'un ennemi, je pourrais l'endurer ; si mon rival s'élevait contre moi, je pourrais me dérober ! Mais toi, mon familier, mon intime !... ». Au point de dire encore avec le même psalmiste, et avec Jésus : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?... Des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entourent. », mais d’ajouter dans la confiance, qui est déjà l’expérience forte de la présence du Seigneur : « Tu m’as répondu ! Je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée ! »

Qu’en ce soir l’exemple fidèle, courageux de Jésus nous fortifie, qu’avec Lui nous n’ayons pas peur de placer notre espérance – entendez : notre vie – en l’amour du Père par delà les attaques, les épreuves, les angoisses. Alors, avec Lui, s’il le faut, nous boirons la coupe, nous irons jusqu’à la croix, mais avec lui, encore, nous serons vivants et rendus plus forts au matin de la Pâque.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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