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samedi 22 novembre 2008

Homélie de la fête du Christ-Roi de l'Univers - 23 novembre 2008



«Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde».

S’il y a plusieurs dizaines d’années que la thématique du Jugement dernier est quasiment oubliée des études de théologie et des homélies, c’est sans doute parce qu’elle a été abondamment abordée, et souvent maladroitement auparavant. Cependant, il nous faut bien constater, si ce n’est qu’à l’écoute des textes bibliques en cette fête du Christ-Roi de l’Univers que le jugement est une réalité abordée comme telle dans les Ecritures. Nous devons donc reprendre le dossier à frais nouveaux en oubliant les maladresses du passé et en nous concentrant strictement sur ce que nous disent les textes bibliques.
Bien sûr, on pourrait rétorquer qu’il ne s’agit que d’images qu’emploie la Bible, ou d’un style littéraire. Pourtant, si le langage biblique est friand d’images, de comparaisons, c’est toujours pour mieux exprimer une réalité de foi, pour mieux nous la fait comprendre. Quand Matthieu, par exemple, au chapitre 25 de son évangile, nous donne à contempler cette grande fresque du Jugement dernier qui se déploie à nos yeux en nous présentant d’un côté du Christ en gloire ceux qui sont appelés à la vie éternelle et de l’autre ceux destinés « au feu éternel préparé par le démon et ses anges », il entend bien nous faire saisir quelque chose d’essentiel.
Ainsi, il convient que nous considérions dans un premier temps la réalité même du jugement, ensuite de préciser que nous sommes les acteurs de ce jugement et qu’enfin ce jugement porte précisément sur notre capacité à reconnaître le Christ en chacun de nos frères.

I.- La réalité du Jugement

Parler du Jugement pour certains reviendrait à enfermer Dieu dans un rôle de despote autoritaire et donc contraire au visage que Jésus nous révèle de Lui. Bref, parler de Dieu de la sorte serait même contraire aux fondamentaux du christianisme. Il faut d’embler relever deux obstacles majeurs à un tel raisonnement. Nous professons d’une part à chaque fois que nous récitons le Credo qu’ « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ». D’autre part, comme nous le rappelle le Credo lui-même et l’Evangile que nous entendions, le jugement est confié au Fils et fait partie de sa mission à la fin des temps au moment ultime où, enfin, « il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi Dieu sera tout en tous ». Le Jugement comporte donc une dynamique qui n’ets pas une finalité en soi : le but est bien l’avènement du Règne de Dieu.
Pour en parler, Jésus reprend l’image traditionnelle du berger, que tous ses auditeurs d’alors n’ont de mal à comprendre car ils connaissent le texte d’Ezékiel que la première lecture nous donnait à entendre aussi bien qu’ils sont familiers de ce monde agraire avec ses troupeaux et ses bergers.

II.- Nous sommes les acteurs du Jugement.

Une autre objection de taille à aborder le thème du Jugement serait d’affirmer que si Dieu est amour, alors son amour dépasse toutes limites et donc la question du Jugement devient obsolète puisque Dieu efface et pardonne toutes fautes.Pourtant, curieusement, dans l’Evangile, nous entendions que le Fils de l’Homme, quand il viendra dans sa gloire, ne juge pas en tant que tel : il ne fait que placer les uns à sa droite et les autres à sa gauche. Mais, au préalable, comme pour le berger, voici ce qui aura fondé son action : « La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces ». Son verdict n’est pas une sentence, c’est avant tout une constatation. Et son jugement ne sera pas soumis à l’arbitraire, au contraire, il sera motivé et expliqué : « Ce que vous avez fait – ou pas fait – à l’un de ses petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait – ou pas. »
Très curieusement les hommes, qu’ils sont soient placés à sa droite ou à sa gauche, ont unanimement une réaction de surprise : « Mais quand ?... » Quand avons-nous fait ou pas fait tout cela ? Ils sont étonnés que ces petites choses du quotidien, ces choses au demeurant anodines et sans importance, entrent en ligne de compte. C’est donc cela le jugement de Dieu ?
Oui, sans doute, car le retour du Fils de l’Homme marquera le jour de Dieu, là où ce qui est caché sera dévoilé, et ce qui aura été dissimulé dans l’obscurité sera mis au grand jour.

III.- Avons-nous participé à l’œuvre du Christ ?

En définitive, ces petites choses mettront en évidence la réelle disposition de notre cœur. En agissant de la sorte, nous n’aurons pas seulement fait le bien, nous aurons participé à la mission que nous confie le Christ en nous associant à son œuvre. Cette œuvre, c’est de construire un peu plus chaque jour le Règne de Dieu, transformer notre monde pour qu’il se doit toujours plus ressemblant au Royaume de Dieu, hâter la venue de ce règne « de vie et de vérité, de grâce et de sainteté, de justice, d’amour et de paix » (préface).
Nous sommes les collaborateurs du Christ : il nous établit dans sa confiance, il nous juge capables et dignes de faire changer le monde. Trahirons-nous sa confiance ? A celui qui oserait encore penser que la tâche est bien trop ardue pour lui, trop exigeante, trop prenante, l’évangile de ce dimanche rappellera qu’il n’y a pas d’excuse pour se dérober. Chacun, chacune d’entre nous est en mesure d’apporter sa part, quels que soient ses mérites, ses forces et ses limites.

Un jour alors, au jour de Dieu, nous ne serons nullement étonnés de voir notre vie ainsi dévoilée et « jugée ». D’ici là, il nous faut nous souvenir que le Christ nous invite à détruire avec lui « toutes les puissances du mal » et que nous en mesure de le faire à chaque instant de notre vie. Ne laissons pas filer la chance qui nous offerte ! Montrons-nous dignes de l’amour qui seul est digne de foi !

AMEN.

† Michel Steinmetz

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