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dimanche 9 novembre 2008

Homélie de la fête de la dédicace de la basilique du Latran - dimanche 9 novembre 2008

« Dieu qui a choisis des pierres vivantes pour bâtir la demeure éternelle de ta gloire, fais abonder dans ton Eglise les fruits de l’Esprit que tu lui as donné : que le peuple qui t’appartient ne cesse pas de progresser pour l’édification de la Jérusalem céleste ».
Tels étaient les mots de notre prière, frères et sœurs, alors que nous débutions cette eucharistie et voilà donné, alors même que nous prononcions ces paroles, le sens de la célébration qui entend nous rassembler aujourd’hui.
Loin de nous situer dans une perspective purement historique ou d’un catholicisme centralisateur, la fête de la dédicace de la Basilique du Latran nous rappelle combien notre foi est fondée sur le témoignage – n’est-ce pas le sens étymologique du martyr ?-, sur le témoignage jusqu’au don de sa vie par amour pour le Christ des colonnes de l’Eglise que sont Pierre et Paul. En effet, la foi catholique s’enracine sur ce témoignage, gage de communion visible et spirituelle entre ceux qui confessent que Jésus, propre Fils de Dieu venu en notre chair, est mort et ressuscité et qu’il laisse son Eglise comme sacrement du salut ainsi offert au monde.
Nous sommes donc appelés à contempler, comme en trois tableaux distincts mais inséparables, la présence vivifiante de la gloire de Très-Haut en son Temple, tout d’abord, la personne même de Jésus, ensuite, comme demeure de Dieu, et, enfin, comme récapitulant et éclairant les deux précédents, la présence pleine, totale et entière de Dieu à son Eglise.

I.- La présence vivifiante de la gloire de Dieu en son Temple

La vision d’Ezékiel rend bien compte de la foi d’Israël : Dieu est et reste présent à son peuple au gré des vicissitudes de l’Histoire, sa gloire demeure dans la Temple de Jérusalem. Elle est le Seigneur au milieu de son peuple.
La source jaillissant de dessous le Temple montre, si besoin en était encore, que la présence du Seigneur est objet de fierté pour Israël et qu’elle ne saurait rester sans effet : elle est source de vie. Elle assainit en même temps qu’elle fait vivre. En Palestine, en effet, une source était fréquemment considérée comme un symbole de la puissance vivifiante de Dieu ; on construisait dans ses parages un sanctuaire. Ainsi en était-il à Jérusalem des fontaines du Gîhon et de Siloé. Dans la nouvelle Sion, celle d’après l’Exil, Ezékiel voit jaillir sous son Temple une nouvelle source. Mais alors que l’humble source de Siloé semblait à certains aussi peu satisfaisante que l’intervention salvatrice du Seigneur, désormais la source qui jaillit, grandissante, de la nouvelle cité, s’en va, fertilisant la région la plus désertique du pays, manifester jusque là la puissance porteuse de vie et pleine de puissance du Seigneur, dont la gloire habite le Temple. Ce tableau d’une eau abondante et fertilisante reprend l’image du jardin d’Eden, merveilleusement irrigué, lui aussi, où germait, au milieu d’une luxuriante végétation « l’arbre de Vie ».
« Il est avec nous, le Seigneur Dieu de l’univers, citadelle pour nous le Dieu de Jacob ! », voilà la foi d’Israël.

II.- Jésus, Temple de Dieu

L’Evangile nous invite, quant à lui, tel un second tableau à contempler Jésus comme le vrai Temple de Dieu. Désormais, à la lumière seulement de la résurrection au troisième jour, nous pouvons affirmer que Jésus est bien le lieu où Dieu se révèle dorénavant. Ce Dieu, sans être différent de celui de la première Alliance, s’offre à nous comme un Père aimant et proche de notre humanité. Saint Jean a vu, et c’est peu de le dire car il a vu au sens figuré comme au sens propre, la réalisation de l’oracle prophétique d’Ezékiel et dans le corps de Jésus-Christ, Temple nouveau, qui laisse s’épancher, de son côté ouvert, une « eau jaillissant en vie éternelle » (Jn 19, 34), et dans le trône céleste de l’Agneau immolé, d’où jaillit un « fleuve de vie » (Ap 22,1).
En chassant les marchands du Temple, en renversant les comptoirs des changeurs, Jésus manifeste que l’économie interne à ce lieu, comme la monnaie qui y avait cours, différente de celle du pays alors occupé par les Romains, sont désormais caduques. L’ « amour de la maison de son Père » le dévore. Aux yeux des Juifs, l’autorité que Jésus s’arroge dans les choses du Temple devait être authentifiée par un acte prodigieux. Jésus, lui, annonce un signe qui se situe à un tout autre plan que celui auquel se place ses interlocuteurs. Ses propos ne s’éclaireront en fait, même pour ses propres disciples, qu’après la Résurrection : Jésus est bel et bien le lieu où Dieu choisit de faire sa demeure et de se révéler. Toutes les frontières sont bousculées : en Jésus, Dieu est présent à tout homme !

III.- L’Eglise, lieu de la présence de Dieu en ce monde

Si Dieu est présent à tout homme, il l’est aussi de manière pleine, totale et entière à la « sainte Eglise de pécheurs » qu’ensemble, frères et sœurs, nous formons. Avec le don de l’Esprit, à la Pentecôte, Jésus remet à la communauté de ses disciples la mission de l’annoncer par toute la terre. Le Corps du Christ est bien le corps charnel de Jésus, il est encore le pain consacré de l’Eucharistie, il est aussi l’Eglise, communauté de fidèles, qui se rassemble pour se nourrir du corps eucharistique et, ainsi, devenir ce qu’elle a reçu : précisément le Corps du Christ !
Nous sommes tous appelés à devenir des « pierres vivantes », quelle que soit la qualité de notre matériau et la beauté de nos finitions, pierres qui ne cessent de participer à la construction de ce génial édifice dépassant tous les autres. Car, en bon architecte, nous bâtissons sur les fondations de l’Evangile, de la Parole venue nous rejoindre ; nous prenons comme piliers la foi des Apôtres ; nous avons pour maçonnerie la communion fraternelle qui nous relie les uns aux autres et qui relie entre elles les Eglises ; au cœur de cet édifice, il y a une clé de voûte, sans laquelle rien ne pourrait tenir : Jésus-Christ lui-même.

En cette fête de la dédicace de la basilique du Latran, ne doutons pas que Dieu nous est présent ! Sa gloire ne réside plus en un lieu donné : elle habite en nous comme un trésor que nous porterions des vases d’argile ! N’ayons pas peur de prendre notre part à ce merveilleux chantier pour qu’en ce monde, en notre monde, s’édifie le plus bel édifice, celui du Corps du Christ pour que Dieu soit dit à l’homme d’aujourd’hui, pour que notre humanité soit transfigurée et rachetée !
Nous sommes le Temple de Dieu !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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