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samedi 13 décembre 2008

Homélie du 3ème dimanche de l'Avent "Gaudete" (B) - 14 décembre 2008

Une joie non humaine, c’est-à-dire, non éphémère, une joie qui ne prend pas les traits d’une apparence, mais une joie profonde et durable qui vient de Dieu. Voici la joie qui nous est offerte comme une espérance qui point à l’horizon telle les premières lueurs du soleil levant. Dans la venue de Jésus, la joie de Dieu devient celle des hommes et la joie des hommes est transformée en joie de Dieu. Elle n’a rien à voir avec l’agitation du monde et les effets de mode. Elle est étrangère à toute opération commerciale à quelques jours de Noël.
Au cœur du temps liturgique de l’Avent, temps de préparation, d’attente et déjà de contemplation du Verbe de Dieu entrant dans le monde, ce troisième dimanche oriente notre veille : il en pointe la quintessence et la finalité si l’assoupissement devait nous guetter…
C’est bien en ce sens qu’il faut comprendre la couleur rose des ornements de ce jour. Car le rose emprunte sa signification au rouge, symbole de l'amour divin, et au blanc, symbole de la sagesse divine, dont la combinaison signifie l'amour de l'homme régénéré par la pénitence.
La liturgie de ce jour éveille notre désir de joie grâce à quatre figures emblématiques de l’Avent : le prophète Isaïe, la Vierge Marie, Paul et Jean-Baptiste.

I.- Isaïe.

Le prophète, dont le livre a été comparé souvent à un cinquième évangile, évoque la joie et la paix que procureront la venue du Messie, comme il sait par ailleurs évoquer les souffrances du Serviteur. La venue du Messie s’accompagnera de signes hors du commun – guérison des cœurs brisés, délivrance des prisonniers, liberté des captifs…– et parce qu’elle est la concrétisation des promesses de Dieu, elle instaurera aussi le temps de Dieu dans l’histoire des hommes ; elle sera la résolution de tous les paradoxes, de tout ce qui nous semble, à vue humaine, infranchissable et insurmontable. Plus rien ne sera alors comme avant. L’Envoyé de Dieu sera celui sur qui « reposera l’Esprit du Seigneur » : ses gestes, ses paroles seront autant de signes de la manifestation de Dieu en lui pour les hommes.
« De même que la terre fait éclore ses germes, et qu’un jardin fait germer ses semences, ainsi le Seigneur fera germer la justice et la louange devant toutes les nations ». Non seulement le Seigneur intervient, mais son action provient du milieu des hommes : la terre porte en elle-même cette capacité de régénération. Entendez : par la venue du Christ, nous devenons capables, avec lui et en lui, d’accueillir la sève nouvelle d’une vie annoncée et qui coule déjà au plus profond de celui qui a entendu la Bonne Nouvelle.

II.- La Vierge Marie

Après Isaïe, le relais est pris tout naturellement par le cantique de Marie. Marie accueille et annonce les hauts-faits de Dieu dans la joie qu’il prodigue. Nous connaissons ce chant d’action de grâce qui exalte la grandeur de Dieu et la plénitude de ce qu’il donne.
Les paroles de Marie au moment de la visite de l’ange sont empreintes d’autres paroles bibliques ; on y retrouve notamment celles d’Isaïe : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu ».
Oui, Marie aussi « exalte le Seigneur », et son esprit « exulte en Dieu son Sauveur ». Mais voici que l’image d’une terre qui s’entre-ouvre pour laisser jaillir la semence se transforme en celle, tendre, prévenante et délicate, d’un Dieu qui « se penche sur son humble servante » dans un geste tout protecteur. « Le Puissant fit pour moi des merveilles : Saint est son Nom ». A celui qui accueille le Seigneur et lui fait prendre place au cœur de son existence, c’est cette présence « d’un amour qui s’étend d’âge en âge » qui est promise.

III.- Paul

Saint Paul, lui, nous invite à garder cette joie et à discerner la valeur de toute chose. « Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal. Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie ». L’Apôtre nous exhorte à demeurer toujours dans la joie. On pourrait lui rétorquer cette joie est parfois difficile au cœur de l’épreuve et que, pour être fidèle à son invitation, on risquerait vite de « faire comme si », de tomber dans l’hypocrisie d’une joie factice et sans fondement. Pourtant, « c’est ce que Dieu attend de nous dans le Christ Jésus » : la joie du chrétien est celle de l’homme qui sait, malgré tout, que Dieu est à ses côtés quoi qu’il arrive et quoi qu’il fasse. « Il est fidèle, le Dieu qui nous appelle », dit encore Paul.

IV.- Jean-Baptiste.

Un homme est envoyé par Dieu pour annoncer la lumière. Il lui faudra répondre aux questions : « Qui es-tu ? Pourquoi baptises-tu ? », posées par ses détracteurs et qui doivent donner une réponse à ceux qui les envoient. Ceux que Jean baptise dans l’eau du Jourdain seront éclairés par celui qui est au milieu d’eux, celui qu’ils ne connaissent pas et qui vient derrière le Baptiste. A l’endroit où Jean baptisait, il a été rendu témoignage à la Lumière et un autre chemin est ouvert à ceux qui attendent le salut de Dieu. Jean n’est qu’un témoin : il oriente vers le Christ. Lui, en revanche, est la vraie Lumière. Lui, en revanche, est capable d’éclairer les zones d’ombre de la douce clarté de Dieu. Lui, en revanche, est capable de dissiper même les ténèbres. Mais pour que le Christ puisse réaliser son œuvre, il nous faut aplanir la route devant lui, c’est-à-dire qu’il faut tracer un chemin vers notre cœur. Une manière de faire est, à l’exemple de Marie, et en suivant les recommandations de Paul, de nous laisser rejoindre et traverser par la joie de Dieu.

Avec Isaïe, Marie, Paul et Jean-Baptiste, n’ayons pas peur d’être joyeux en Dieu ! A l’esprit abattu qui peut être le nôtre face aux difficultés de la vie, l’Ecriture nous rappelle : « Prenez courage, ne craignez pas, voici notre Dieu qui vient : il vient nous sauver ! ».
Que cette bonne nouvelle nous accompagne en ces jours qui nous séparent encore de Noël !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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