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jeudi 13 novembre 2008

Homélie du 33ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 16 novembre 2008

Nous n’en avons jamais été aussi proche… mais, de quoi ? Du retour du Seigneur, de ce jour « où il viendra comme un voleur dans la nuit »… Oui, objectivement, mathématiquement, nous n’en avons jamais été aussi près. Y avez-vous déjà pensé ? Sans tomber dans le catastrophisme de mauvais aloi, car « nous ne savons ni le jour, ni l’heure », cette éventualité doit nous interpeller. Qui peut dire quand sonnera l’heure de la fin des temps ? Qui d’entre nous peut aujourd’hui prétendre être encore là demain ?
Qu’attend donc le Seigneur de nous ? Sur quoi nous jugera-t-il ? Il nous faut, en premier lieu, dépasser un faux sentiment d’inégalité pour nous arrêter quelque peu sur la personnalité du maître de la parabole et, enfin, bien évidemment, sur l’attitude des serviteurs.

I.- Un sentiment d’inégalité.

A première vue, on aurait bien raison de penser que l’état de fait décrit par la parabole est foncièrement injuste.
Trois serviteurs, et, à la base, trois rétributions différentes. Dans une société qui entend se fonder sur les Droits de l’Homme – « tous les hommes naissent libres et égaux en droits » - et qui prône l’égalité des chances, le message de l’Evangile paraît âpre, à moins qu’il ne prenne des allures de discrimination positive. Nous constatons pourtant que la vie n’est pas simple : alors utopie de notre monde ou réalisme de l’Evangile ? La crise financière, dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences, révèle un problème complexe : notre société, pour peu qu’elle le veuille, aura-t-elle encore à l’avenir les moyens nécessaires pour garantir un chacun une égalité en terme de chance et de réussite sociale ? Il y a des gens plus défavorisés que d’autres dans les domaines de la famille, de l’éducation. Est-ce un état de fait, parce que l’humanité serait ainsi depuis la nuit des temps ? Et nous nous tournons vers Dieu avec notre colère, notre ressentiment. Serais-Tu injuste, inégalitaire pour avoir ainsi créé le monde ?
Mais comprenons-nous vraiment la parabole ? Notre interrogation est-elle justifiée ? Rappelons-nous qu’un « talent » est une valeur monétaire, comme l’euro ou le dollar. Or, en français, nous faisons immédiatement le lien avec ce mot qui désigne « ce pour quoi quelqu’un est doué ». Ici, il n’est nullement question de quelque capital génétique que ce soit, ou de chances de réussite sociale. Ce serait faire fausse route que de poursuivre cette interprétation-là.

II.- La personnalité du maître.

Si nous n’avons pas le droit d’accuser Dieu d’être injuste, nous pouvons maintenant nous intéresser un peu plus à la personnalité du maître de la parabole. Ce propriétaire n’est-il pas irresponsable pour confier autant de biens à ses serviteurs ? Car un talent vaut, à l’époque, quinze ans de salaire d’un ouvrier. Ne faut-il pas être un peu fou, ou tout du moins naïf, pour croire que sa fortune ne va pas être dilapidée par ceux qui ont trouvé « la chance de leur vie »… et cela sans avoir fait le moindre effort ?
Peut-être, mais quand il s’agit de Dieu, tous les repères habituels sont retournés. Dieu, voyez-vous, n’est pas le grand architecte qui, du haut de son balcon céleste, tiendrait la comptabilité sans faille de nos vertus et de nos péchés. Dieu donne tout et sans mesure.
Et aujourd’hui, il vient nous redire qu’il nous a tout donné : tous les talents, entendez : tous les moyens, dont nous avions besoin pour devenir un peu plus humain – et donc aussi divin – et faire que notre terre ressemble un peu plus à son Royaume de justice et de paix, d’amour et de vie. Cette vision est positive : Dieu se soucie de nous. En son absence – Jésus parle de son départ et de son retour – Il nous confie ce dont nous aurons besoin pour faire face. Dans le lot, certains se verront gratifiés sans doute de plus de moyens parce que le dessein de Dieu les appellera à des tâches bien spécifiques.

III.- L’attitude des serviteurs.

Et nous revoici donc à la question de l’homme. Qui sommes-nous ? Et quel est le sens de cette vie que chacun a reçue sans l’avoir préalablement réclamée ?
Je crois que, à partir de l’attitude des serviteurs, nous pouvons être renseignés sur des choix essentiels pour tout engagement humain, en attendant le retour du Seigneur :
- Il faut d’abord constater que les biens que nous avons ne viennent pas de nous, mais de Dieu. Ou, pour le dire autrement, ce que nous avons reçu est plus important que ce que nous avons acquis. Cela ne veut pas dire qu’il faut tomber dans la paresse en nous reposant sur nos lauriers, mais l’orgueil et la suffisance ne conduisent jamais au bonheur et à la joie.
- Il y a ensuite le fait que ceux qui ont reçu cinq ou deux talents les font fructifier pour en rendre le double. Ce n’est pas ici une question de rentabilité mais de fidélité. Parce que nous avons reçu de Dieu, nous ne pouvons pas ne pas répondre à ce que Dieu attend de nous.
- Il est frappant de constater que le dernier serviteur ne se voit pas reproché d’avoir mal fait, mais de n’avoir rien fait. Il n’a pas osé parce qu’il est resté enfermé dans un sentiment d’insécurité, de peur…

Les apparentes inégalités du début, celles qui nous auraient poussés à la colère vis-à-vis de Dieu, font place à la grande égalité de la fin de cet évangile. Celui qui a reçu cinq talents comme celui qui n’en a reçu que deux sont promis à la même joie. « Très bien, serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître ! ».
Il n’y a donc pas de petite ou de grande récompense. Quand Dieu se donne (car c’est cela la récompense qui nous est promise), Il le fait totalement ! L’important, c’est donc de reconnaître nos différences sans en faire la justification des injustices qui n’en sont que la mauvaise pratique. Alors, prenons garde et ne nous faisons pas juge des « talents » des autres. Si cet évangile fait partie du « jugement dernier », c’est parce que le jugement ultime appartient à Dieu.

AMEN.

Michel Steinmetz †

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