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jeudi 14 septembre 2017

Homélie du 24ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 17 septembre 2017

« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Vous reconnaissez une des phrases de la prière du Notre Père. C’est bien une prière que nous faisons très souvent. Par là, nous demandons à Dieu de nos pardonner « comme nous aussi nous pardonnons ». Sans cesse, Jésus répète que nous devons pardonner sans limite. « Non pas jusqu’à sept fois mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (490 !). C’est énorme. Faut-il conclure que Dieu nous pardonne si nous pardonnons jusqu’à la hauteur de près de 500 fois ? N’est-ce pas une contrepartie un peu lourde ? Faut-il comprendre que Dieu nous pardonne peu si nous pardonnons peu aux autres ? Voici des questions bien complexes.
 
Dans la foi, nous affirmons que Dieu est un être de miséricorde et de pardon. Et récemment toute une année jubilaire a été consacrée dans l’Eglise, de par le monde entier, à redécouvrir cette identité profonde de Dieu qui est une bonne nouvelle pour notre temps. Par sa vie, Jésus nous a fait découvrir l’amour gratuit de Dieu. Par conséquent, Dieu aime gratuitement et pardonne aussi gratuitement. Si Dieu est pur amour et pur pardon, il me semble contradictoire de dire qu’il va doser son pardon en fonction de nos démarches personnelles de pardon. Je pense que Dieu est pardon, qu’il nous pardonne tout gratuitement, et que nous sommes invités à prolonger le pardon de Dieu par des actes de pardon. La difficulté, n’est pas d’atteindre un certain quota (490, par exemple) mais d’avoir expérimenté le pardon qui vient de Dieu. Si Jésus peut être si exigeant avec ses disciples, c’est parce que ceux-ci font l’expérience du pardon divin à travers lui. Jésus leur fait vivre une foi en un Dieu qui ne condamne pas mais qui pardonne. « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font », dira Jésus peu avant de mourir sur la croix. Celui qui a fait l’expérience que Dieu est un être qui ne peut pas refuser de pardonner à son tour. Le problème, c’est que cette expérience ne va pas de soi. Le serviteur de l’évangile a bénéficié du pardon de son maître mais il est resté au niveau purement économique. La preuve, c’est qu’il n’a rien compris et qu’il n’a pas été miséricordieux avec son propre débiteur. Le serviteur a demandé le pardon comme une remise de dette. Il n’a pas compris que le pardon est autre chose qu’une remise de dette. Deux siècles avant Jésus, Ben Sira le Sage renverse l’escalade de la vengeance et invite au pardon. A l’époque pourtant, pardonner à son semblable et se reconnaître pécheur devant Dieu sont deux attitudes indissociables. Sans doute cette sagesse imprègne-t-elle les esprits à l’époque de Jésus et pousse Pierre, selon sa spontanéité habituelle, à vouloir pardonner jusqu’à sept fois, le chiffre biblique de la perfection. Pour Jésus, le pardon est sans mesure. Même si, nous le savons, il est difficile de pardonner et que parfois nous ressassons des vieilles rancœurs les uns contre les autres, qui se transmettent même de génération en génération, de village à village, le pardon de Dieu est infini et Dieu nous pardonne, à nous qui sommes pécheurs. Nous, nous gardons la tête dure et la nuque raide…
 
Si Dieu pardonne sans restriction, cela ne veut pas dire que son pardon se concrétise dans notre vie. En effet, quelqu’un peut offrir son pardon, ce n’est pas pour autant que nous allons l’accepter et en être transformé. Dieu donne mais l’homme, de par sa liberté, décide d’accueillir. D’une certaine manière, Dieu propose et l’être humain dispose. Chaque dimanche, nous prions au début de la messe pour recevoir le pardon de Dieu. Cela signifie que nous reconnaissons avoir besoin de la force de son pardon pour être capable de pardonner aux autres. C’est parce que le pardon est difficile que nous demandons l’aide de Dieu. D’un autre côté, nous décidons de pardonner aux autres pour leur faire découvrir un « Dieu plein de miséricorde et de tendresse », comme disent les psaumes. En devenant des êtres de miséricorde et de tendresse, nous faisons vivre Dieu dans le monde des humains. Dieu rayonne à travers les femmes et les hommes qui offrent le pardon au lieu de choisir la violence. Jésus reste le témoin indépassable de cette vérité.
 
Imaginez, seulement un instant, ce que serait le monde, la vie de nos familles, de nos communautés si la logique de la haine était vaincue par celle du pardon, si nous acceptions de pardonner plutôt que d’attendre le moment de notre vengeance.
 
 
AMEN.
                                                 
Michel Steinmetz

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