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vendredi 11 novembre 2016

Homélie du 12 novembre 2016, dans le cadre de la sortie jubilaire

Homélie prononcée
dans le cadre de la sortie jubilaire de la communauté de paroisses
en la chapelle Notre-Dame du Haut de RONCHAMP
 
 
« Le Fils de L’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». C’est sans doute là la question la plus anxiogène et la plus redoutable pour nous. Un jour, au soir du monde, le Christ, à son retour quand il viendra juger les vivants et les morts, trouvera-t-il encore la foi ? Ou pour formuler les choses d’une autre manière : il nous demandera des comptes. Qu’aurons-nous fait de ce que nous avions reçu et comment l’aurons-nous transmis ? Ce jour-là, toutes les bonnes et fausses excuses ne tiendront plus car nous serons dans la vérité, sans pouvoir désormais nous dérober. Paradoxe de notre temps : la nécessité est admise de transmettre une terre plus propre et plus vivante aux générations à venir, la question de la foi ne semble guère préoccuper. Il me semble qu’il y a là une pathologie. Et vous me permettrez d’en pointer les symptômes et les manifestations. Je repère trois catégories de malades.
 
Il y a les résignés. Ceux-là sont persuadés, parfois même ouvertement, que les belles années sont derrière nous. De toute façon, la fin est inéluctable, elle serait même proche. Parce que des églises se vident, parce des enfants ou des petits-enfants ne découvrent pas spontanément le chemin de la foi. Alors ils se résignent à accepter cela, parfois comme une blessure. Mais ils se taisent. Ils ne font rien pour que cela change. Ils subissent. Ils oublient la parole de Jésus : « je suis venu pour allumer un feu sur la terre ». Ceux-là ont peur même d’une étincelle dans leur vie.
 
Il y les tièdes. Ceux-là sentent bien les enjeux et les défis, mais ils n’osent pas. Parce qu’ils ne sentent pas capables, parce qu’à leurs yeux la tâche est trop considérable, parce qu’ils ne veulent sacrifier ni leur tranquillité ni leur confort de vie. Il semble dire au bon Dieu : « vois-tu, tu me permettras quand même de finir ce que je faisais, d’avoir mon dimanche matin… ensuite, je viendrai ».  
 
Il y a les hypocrites. Ceux-là font tout pour mettre les responsabilités sur le dos des autres. Ils excellent souvent en la matière, en générant même un sentiment de mauvaise conscience pour leur interlocuteur alors qu’eux dorment sur les deux oreilles. Ce sont ceux qui pensent que le voisin devrait commencer par se bouger, que le curé devrait tout faire. Cette semaine encore, on me faisait remarquer bien insidieusement quand il s’agissait d’aller à la rencontre des gens – fût-ce au détour d’une quête – que c’est le propre du prêtre. Sauf que nous partageons le même baptême et que nous sommes tous envoyés en mission comme « prêtre, prophète et roi » par l’onction que nous avons reçue.
 
Frères et sœurs, vous avez acceptez aujourd’hui de vous mettre en mouvement, de dépasser vos frontières habituelles pour vivre la rencontre de l’autre en étant en communion avec le Christ. Je vous pose cette question, non en mon nom propre, mais au nom du Christ qui m’impose de le faire résonner : êtes-vous prêts à Le suivre sans délai ? Car sa charité nous presse. Etes-vous prêts à ne pas vous résigner, à dépasser vos tiédeurs, à devenir des collaborateurs de la vérité ? En ne cédant pas aux réponses toutes faites des populismes qui gangrènent nos sociétés, ensemble projetons-nous dans l’avenir avec réalisme mais aussi avec courage. Osons proposer la foi en ne nous laissant paralyser par les carcans de fonctionnements paroissiaux perçus comme éternels. Ils ne le sont pas. Seul le Christ l’est. Allons au-devant de tous, brisant la géographie étriquée de nos églises pour gagner les périphéries. Qui serions-nous pour affirmer de manière péremptoire qu’un tel ou une telle n’est pas intéressé par la Bonne Nouvelle de l’Evangile si nous ne lui annonçons pas, si d’emblée nous ne lui permettons pas de la découvrir au détour d’un échange, d’un service rendu, d’une banale conversation ? Serons-nous les complices de l’effacement de la foi autour de nous ? Le Christ serait-il venu pour rien ? Serait-il mort pour rien ? Serait-il ressuscité pour rien ? Jamais je ne pourrai m’y résoudre. Voulez-vous entrer en résistance spirituelle avec moi ?
 
AMEN.
 
Michel STEINMETZ
 

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