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samedi 19 novembre 2016

Homélie de la solennité du Christ, Roi de l'univers (C) - 20 novembre 2016

On ne peut guère aller plus loin dans le sarcasme. Voilà un homme qui est nu, suspendu à la croix, qui se tord de douleur, sur le point de mourir. Et au-dessus de sa tête, on a fixé un écriteau, sur lequel on explique qui est ce crucifié : « Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs ».
 
C'est  Pilate, le gouverneur, qui est à l’origine de cette œuvre de mauvais goût, voire de cette claire provocation humaine et politique. Cet écriteau vise par sa raillerie à la fois les Juifs et Jésus lui-même que les autorités juives ont condamné à ce supplice. C’était pour Pilate une manière de se moquer des Juifs, de les prendre à leur propre piège. Ils étaient venus le trouver pour leur livrer un dangereux criminel qui menacerait, selon eux, le pouvoir de l’empereur. Pilate s’était lavé les mains de cette affaire. Voilà qu’au sommet du Golgotha, il se livre à un bon coup politique. Devant tous, aux portes de Jérusalem qui grouille de monde pour les fêtes pascales, il fait savoir que les Juifs n’ont finalement rien à dire. Nous sommes les occupants, vous êtes les soumis, vous êtes nos sujets. Vous êtes finalement aussi impuissants que cet homme étrange, qui vient de Galilée, et qui prétend être votre roi !
 
Et en même temps il se moquait de Jésus : quel drôle de roi celui qui déclarait : « Mon Royaume n’est  pas de ce monde ! ». Mais la raillerie ne vient pas que de Pilate, elle vient aussi des chefs qui se moquaient de Jésus. Ils n’ont pourtant aucune raison de rire, en face de la puissance de l’occupant romain et du camouflet qu’il leur inflige.
 
Les sarcasmes fusent de partout. Même un des crucifiés « injuriait » Jésus : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! ». Il convient de s’arrêter ici, et de méditer un peu. N’y a-t-il pas dans notre vie à tous ce risque récurrent de la moquerie ? Nous sommes tellement enclins à nous moquer des autres, de ceux qui sont déjà anéantis. Parce que toute raillerie n’est pas forcément un trait d’humour. Comme il nous vient vite le réflexe, peut-être, de dire : « c’est bien fait pour lui ». Sans doute, comme moi, vos années de classe vous rappellent-elles le souvenir de tel ou tel souffre-douleur. Personnellement, je me souviens avec honte d’un camarade de classe, certes pas très dégourdi, qui était devenu le bouc-émissaire de tous, le sujet de toutes les blagues de mauvais goût. Quelle bêtise de notre part ! Un jour, j’avais, pris de remords sans doute, tenté d’aller vers lui et je m’étais rendu compte que le mal subi et enduré avait été trop loin pour qu’une confiance soit possible. Nous l’avions épuisé sans la moindre pitié.
 
Comme celui qu’on appelle « le bon larron », est ici un exemple ! Lui, l’autre criminel qui est à côté de Jésus sur le gibet de torture ! Il ne blasphème pas. Il ne se moque pas. Il voit ses propres fautes ; il sait qu’il a commis des crimes : « Pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons ». Il sait faire la distinction entre le juste et l’injuste. Il sait que Jésus est suspendu, injustement, à côté de lui sur la croix. C’est pourquoi il s’adresse à cet innocent qui souffre. Lui, le criminel, il est le premier qui confesse et qui reconnaît que Jésus est roi : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». Et il sera le premier à entrer dans ce Royaume de Jésus : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans la Paradis ». La tradition nous rapporte que le nom de cet homme était Dismas. Quelle chose étrange : celui qui peut nous apprendre à confesser et à voir que Jésus est vraiment le roi de l’univers, c’est Dismas, un criminel repenti !
 
 
Et c’est ce même Dismas qui donne aujourd’hui une formidable espérance. Notre vie n’est jamais scellée, écrite à l’avance, déterminée par ce que nous faisons ou ce que les autres pensent de nous. Cet acte de foi à l’ultime moment a suffi pour que surabonde la miséricorde. C’est la seule arme de notre Roi, mais la plus forte aussi qui soit, lui en qui habite toute plénitude et qui réconcilie toutes choses dans sa croix.
 
AMEN.               
 
Michel Steinmetz

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