Nous avons affaire aujourd’hui
à une sorte de « message codé ». Dans la tradition biblique, parler de « fin du
monde », est une façon d’exprimer sa foi au Dieu de l’Alliance. Déjà le
prophète Malachie, annonçait la venue du règne de Dieu. Le « jour du Seigneur »
serait comme l’apparition d’un soleil dont les rayons guériraient les justes,
mais brûlant comme une fournaise pour consumer les impies. Encore au temps de
Jésus, les juifs pieux croyaient que ce monde-ci devait un jour disparaître
pour laisser place à un monde nouveau, pleinement en harmonie avec Dieu, un
monde tout autre, où il n’y aurait plus de mal, de souffrances, ni de
catastrophes naturelles mais un monde où le peuple de Dieu, régnant sur toutes
les nations, conduirait celles-ci vers le Seigneur.
Souvent les mots manquaient
pour décrire le passage de ce monde perverti à un autre plus parfait. C’est
pourquoi la tradition biblique s’est forgé un langage, une sorte de code. Avec
des images de bouleversements cosmiques, elle cherche à signifier et à
symboliser la fin de ce monde mauvais. Ces expressions de catastrophes n’indiquent
nullement le « comment » de ce qui va arriver, mais bien plus l’espérance en un
monde meilleur, donné par Dieu. Et comme dans un message codé, le plus
important n’est certainement pas le code, mais plutôt le message, l’important
pour nous n’est pas de nous appesantir sur ces images étranges qui abondent
dans le texte, mais bien de rechercher la foi qui se cache derrière ces images.
Le bulletin météo se termine
toujours par l’indice de confiance : pouvons-nous avoir confiance dans le
prévisionniste pour le soleil ou la pluie du prochain week-end ? La
description évangélique des temps troublés pour les disciples du Christ semble
déjouer toutes les estimations et apparaît bien actuelle : « On se
dressera nation contre nation. […] Il y a aura des famines et des épidémies ».
Le Christ nous propose de vivre ces temps comme un temps pour le témoignage et
non pour la peur. Discerner les signes des temps au milieu de nous devrait bien
plus occuper notre quotidien que tous les prophètes de malheur voulant nous en
détourner dans des solutions faciles voire contraires à l’Evangile. « Certains
d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire », dit l’Apôtre.
Ce n’est pas en fermant nos frontières humaines ou terrestres que nous
éviterons les problèmes, mais bien au contraire en convertissant notre regard
et notre charité.
A l'opposé de la foi se tient la peur qui
distrait notre regard de Dieu et nous fait nous appuyer sur nos seules forces.
Dans l’adversité, il s’agit donc de demeurer dans la confiance en Dieu, parce
que nous voulons croire que, décidément, rien ne lui est impossible. La certitude
de la venue du Seigneur habite toute la vie de l’Eglise sinon elle ne serait qu’une
ONG de plus parmi tant d’autres. Voici ce qui doit être au cœur de tout
disciple : cherche le Seigneur afin de le faire rencontrer.
Ainsi donc, face à de telles
images, et surtout face aux réalités qu’elles symbolisent, nous n’avons pas
besoin d’agitations mais de persévérance. En ce sens, l’Ecriture demeure une
parole actuelle et ô combien contemporaine ! Le Christ doit revenir
certes, mais au milieu des tempêtes de ce monde, des questions qui demeurent
sans réponse, il reste mystérieusement présent à son Eglise, la soutenant dans
le témoignage qu’elle a à donner, inspirant même les réponses que chacun devra
proclamer face à ses détracteurs. D’une certaine manière, c’est tous les jours
qu’il revient, pour établir son règne et rendre courage à chacun. « Le jour du
Seigneur », c’est chaque jour. C’est aujourd’hui, c’est demain, c’est chaque
jour de notre existence. Le Seigneur est là. Depuis sa résurrection, il est
sans cesse avec nous. Il nous soutient de son amour. Son Royaume est déjà là,
mais il n’est pas encore achevé. Chaque jour, par notre persévérance et notre
confiance en Lui, nous construisons un peu plus ce Royaume, jusqu’au jour inconnu
de son achèvement. Là alors il nous trouvera prêts, debout et vigilants.
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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