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samedi 23 janvier 2016

Homélie du 2ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 17 janvier 2016

L'épisode de Cana a très souvent été caricaturé comme un miracle presque magique de Jésus. Or, l’évangile n’a rien à voir avec du miraculeux, encore moins avec de l’illusion. Le récit de Cana nous offre le premier signe – c’est ainsi que saint Jean qualifie les miracles dans son évangile – qui préfigure tous les autres signes. C’est le signe d’une transformation, d’un passage, le signe de Pâques tout simplement.
 
Les six jarres vides en pierre constituent l’élément de départ du récit, tout comme le tombeau vide pour les récits de Pâques. Mais ces jarres de pierre demandent à être remplies. Elles symbolisent cette humanité vide, en quête de sens, obsédée par la tension entre le permis et le défendu. Et à ce vide, cette angoisse existentielle, Jésus vient substituer une dynamique d’amour symbolisée par le vin nouveau de l’Esprit, le vin de la joie.
 
Le symbole de l’eau nous plonge dans les premières lignes de la Bible, au commencement, où l’esprit de dieu planait sur les eaux. Le vin, par contre, nous plonge dans les dernières lignes de la bible. C’est le symbole de l’accomplissement, des noces. Et entre les deux, il y a vous ! Oui, vous comme moi : nous avons à vivre cette transformation de Cana au quotidien. Vivre Cana, c’est quitter l’eau d’une vie stagnante, transformer l’homme ancien qui sommeille en nous, pour découvrir cette joie profonde, ce vin de la fête, qui se risque à croire que le meilleur est devant ! Quand à la messe, le prêtre, préparant l’autel, verse une goutte d’eau dans le vin, c’est justement pour signifier que l’humanité, symbolisée par l’eau, est appelée à s’uni à la divinité, symbolisée, elle, par le vin.  Nous sommes invités à voir le bon pour la fin, à avoir cette conviction – qui n’est justement pas une illusion – que du meilleur est toujours possible et à faire advenir plus nous sommes unis à Dieu.
 
On  emploie de temps à autre l’expression : « mettre de l’eau dans son vin », comme si c’était un peu le propre des sages. Que de fois ne me l’a-t-on pas dit ? Maintenant, un peu moins… J’ai l’impression cependant que c’est l’inverse qu’il faut faire ! Suivre le Christ, c’est mettre du vin dans son eau. C’est mettre de la joie et du goût là où il n’y en a pas. C’est agir non par devoir, de manière rituelle, mais par amour, par gratuité. C’est laisser le Christ transformer notre humanité.
 
Oui, permettez-moi la formule, mais comme chrétiens, nous sommes invités non pas à mettre de l’eau dans notre vin, c’est à dire à mettre du devoir et des obligations partout, mais plutôt à mettre du vin dans notre eau ! A mettre un peu d’ivresse dans la vie à mettre un peu joie dans nos existences parfois pleines de larmes. A mettre un peu d’évangile de nos vies. L’évangile est le meilleur vin qui soit. Mais il faut le boire. Pas le conserver bien au chaud. Avouez qu’il n’y a rien de plus triste qu’une belle cave de vin quand toutes les bouteilles sont passées ! Alors, reprenons un peu d’évangile que nous pouvons et devons consommer sans modération ! Pour mettre de la joie divine dans notre humanité blessée.
 
Dans l’évangile, l’eau se change en vin non pas dans les jarres mais  lorsqu’on la sert. C’est donc bien dans la relation et dans le don que se réalise cette promesse du Christ. Pour cela, il ne s’agit pas de s’illusionner soi-même, de faire comme si la tristesse n’était pas là ou affirmer que le devoir et les limites n’ont pas de sens. Mais si nous voulons prendre l’évangile au sérieux, il s’agit plutôt de découvrir que l’espérance chrétienne veut que la tristesse peut toujours être transfigurée en joie, pour de vrai. Que le premier signe que Jésus opère à Cana n’est pas une manifestation de puissance, mais l’unique signe, celui de Pâques, où l’eau de nos larmes fait place à la joie de Pâques, où un tombeau vide nous invite au festin des noces.
 
Cana, c’est le premier miracle, le premier signe. Jésus nous y fait découvrir qui il est : Celui qui permet de faire entrer enfin un peu de Dieu dans cette vie sans persistance, carrure ni équilibre s’Il n’y est pas.
AMEN.
 
 
Michel Steinmetz

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