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vendredi 13 février 2015

Homélie du 6ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 15 février 2015

Pourquoi Jésus guérit-il des malades ? Ce n’est en tout cas pas pour asséner des « preuves » et contraindre à croire en lui, ni pour accroître sa célébrité, épater la galerie, s’attirer des fans puisque Jésus ordonne impérativement aux personnes guéries de se taire et de ne pas aller clamer ses bienfaits partout. Il ne veut pas être réduit au rôle de guérisseur, il n’est pas « une potion magique ». S’il soigne les malades, c’est que les corps ont de la valeur et que le salut ne se confine pas au niveau des âmes. Le Règne de Dieu concerne l’homme tout entier et Jésus accueille avec bienveillance tous ceux qui accourent vers lui afin d’obtenir la guérison. Il reste que, au-delà de la guérison du corps, Jésus ne cesse d’appeler à la conversion de l’être. Car c’est du cœur que viennent les jalousies, les haines, les décisions de faire souffrir l’autre, de l’écraser, de lui nuire, de l’exterminer (7, 21).
 
En ces temps anciens, le mot lèpre désignait toute infection purulente, tout suintement malodorant et même toute moisissure sur les murs des maisons. On était effrayé devant ces phénomènes que la médecine de l’époque ne parvenait à vaincre que rarement. Et on comparait souvent la lèpre et le péché : tous les deux commencent de façon subreptice et insensible, rongent et étendent peu à peu leurs ravages, résistent au traitement, enlaidissent et défigurent, contaminent l’entourage, brisent la société, entraînent l’exclusion. Il fallait de toute urgence éloigner les lépreux de la société : aussi ces malheureux « impurs », excommuniés, étaient condamnés à la solitude où ils se regroupaient, compagnons d’infortune qui ne pouvaient circuler qu’en signalant de loin leur présence aux passants. Lorsqu’un de ces lépreux était guéri, il devait se rendre au temple de Jérusalem pour faire constater la guérison par un prêtre, offrir un sacrifice de reconnaissance à Dieu et recevoir une attestation pour pouvoir réintégrer son entourage.
 
Un jour, sur une route, un de ces pauvres malades abîmés et rejetés vient à la rencontre de Jésus dont sans doute on lui a vanté les dons de guérisseur. Il se fait tout petit, implorant à genoux, dans la posture d’adoration, il croit que la guérison ne sera pas le fruit d’une incantation magique mais une décision, une volonté personnelle de Jésus : « Si tu veux » car je sais que tu es plus fort que la lèpre. « Saisi de compassion », Jésus le touche : il est guéri. Alors que les lépreux contaminaient ceux qui les touchaient, ici au contraire c’est Jésus qui est rayonnant et contagieux de pureté et de sainteté. Comme souvent Jésus demande à l’homme de ne pas raconter cela partout mais d’aller à Jérusalem remplir les obligations imposées par la Loi. Il ajoute un mot curieux : « Ce sera pour eux un témoignage ». Mais évidemment, fou de joie, l’homme ne peut se taire et Marc désigne son action en employant les verbes utilisés pour Jésus : « il proclame, il répand la Parole ».
 
Cette merveille, à la suite des autres, provoque stupeur et enthousiasme au point que Jésus, assailli par les foules, n’entre plus dans les villages où on le prend pour une vedette et peut-être pour un messie qui vient supprimer la maladie, la souffrance et la mort. Il reste donc au-dehors : lui qui a réintégré l’ancien lépreux dans son milieu social est à présent exclu des agglomérations. Troublant et mystérieux échange ! Il faut désormais sortir pour le rencontrer. Plus tard la haine se déchaînera contre Jésus : déshabillé, criblé de coups, fouetté, ensanglanté, il apparaîtra comme un homme défiguré, aussi horrible à regarder qu’un lépreux. On ne voudra plus qu’il souille la ville de Jérusalem et on l’en chassera. Au Golgotha, qui se situe hors ville, abîmé et excommunié comme un lépreux, il s’offrira pour tous les pécheurs atteints par la lèpre du péché. Mais après Pâques, ses disciples – souvent rejetés par les autres - constitueront des communautés vers lesquelles viendront les pécheurs. Il ne leur sera demandé qu’une chose : avoir totale confiance dans l’amour du Christ vivant. Oui, j’en suis sûr : Tu peux me purifier de mes souillures.
 
Nous sommes leurs héritiers, pécheurs purifiés.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz  

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