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vendredi 20 février 2015

Homélie du 1er dimanche du Carême (B) - 22 février 2015

Trois versets seulement. Voilà ce qu’il faut à saint Marc pour nous relater le passage de Jésus au désert. Si le récit est court, il n’en est pas moins dense.  Le décor planté est tout simple : un désert, des bêtes sauvages et des anges.
 
Un désert, tout d’abord. Spontanément, le désert peut évoquer la solitude, le manque, la privation, voire la stérilité. Mais pourquoi alors, y être poussé par l’Esprit ? Le désert que nous sommes invités à fréquenter durant ce temps de Carême n’est pas ce désert de solitude. Le désert est justement ce lieu où on ne peut survivre tout seul. Il est ce lieu où nous reconnaissons que nous avons besoin d’un autre pour nous conduire ; c’est un lieu où nous nous sentons dépendants. Dans ce désert, il y des anges et les bêtes sauvages. Lorsque nous nous risquons à visiter ces lieux déserts en nous-mêmes, il n’est pas rare d’y trouver quelques bêtes sauvages, un peu de violence, de l’égoïsme, une vague envie de domination, et des anges de toute-puissance : toutes ces choses qui en définitive nous isolent et nous empêche d’être libres. La réaction spontanée est de fuir ces parts menaçantes et de nous tourner vers une part de nous idéalisée, angélique. C’est tout le contraire que nous sommes invités à faire. Vivre en paix, être libre, c’est apprivoiser nos ombres sans être angélique. C’est vivre avec une animalité maîtrisée sans se croire plus haut que ce que nous ne sommes. Jésus vivant tant avec les bêtes sauvages et les anges nous montre un chemin d’une humanité réconciliée avec elle-même, une humanité démasquée. Une telle réconciliation ne peut se vivre que dans le désert, lieu où les fantasmes s’effondrent, où nous pouvons vaincre celui qui nous divise intérieurement, le lieu où l’homme se découvre lui-même, puisqu’au désert, il n’y a pas d’ombre pour se cacher.
 
" Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Nous avons souvent entendu cet appel de Jésus. Toutes les semaines, mais surtout en carême, l’église nous invite à nous convertir, à ne plus pécher, à vivre dans la vertu et pas dans le péché. L’appel à la conversion ne retentit pas dans le bruit des villes, dans le tumulte de vies agitées : il se fait entendre au désert. C’est bien là que les masques tombent quand nous sommes mis face à nous-mêmes. Entendre cet appel à la conversion demande que nous fassions la vérité avec nous-mêmes. Souvent nous passons beaucoup de temps à nous convaincre que nos péchés, nos petits péchés, sont des broutilles, que tout le monde a ses défauts, qu’il n’y pas mort d’homme, etc… Alors nous hésitons à abandonner cette part d’ombre de nous-mêmes, à nous en débarrasser parce que nous nous y sommes accoutumés. Mais, il n’est pas tout à fait exact de dire la conversion, la pénitence, est un rejet du péché. Quand nous nous convertissons - si nous nous convertissons - nous ne nous détournons pas du péché. Nous nous tournons plutôt vers Dieu. Si la conversion est un concept important pour Jésus, ce n’est pas parce que le péché lui semble tellement laid ou horrible. L’importance de la conversion vient de la beauté de Dieu. Même si le péché n’était pas très intéressant, ce ne serait pas la peine de s’en détourner. Pour que nous regardions ailleurs, il faut quelque chose de plus attrayant, un meilleur bien, qui attire nos yeux, notre attention. Pour Jésus, c’est Dieu qui est plus attrayant, le plus attrayant. C’est lui qui attire, c’est lui qui satisfait nos désirs les plus importants et les plus profonds. Quand il parle de la conversion, c’est toujours la conversion vers Dieu. Il ne condamne pas le péché, il ne condamne pas les pécheurs, il leur offre quelque chose de meilleur, de plus attrayant, de plus satisfaisant. C’est seulement parce qu’il y a une bonne nouvelle, quelque chose de meilleur, que cela vaut la peine de se convertir.
 
Le but de la conversion n’est pas un rejet. Un simple rejet nous laisse avec rien. Le but est plutôt de voir la beauté, l’attrayant, de Dieu. Et c’est important, parce que c’est Dieu qui est notre destin, pas le péché. Nous ne sommes pas faits pour le péché. Nous sommes faits pour Dieu.
 
AMEN.
Michel Steinmetz

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