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samedi 2 novembre 2013

Homélie du 31ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 3 novembre 2013

C’est souvent une leçon morale que l’on dégage de cet épisode évangélique bien connu. On y voit la nécessité de se convertir en partageant ses richesses avec les pauvres. Mais ce passage est porteur d’un enseignement bien plus large et profond, d’une perspective plus spirituelle. Cette rencontre entre Jésus et Zachée nous révèle en Jésus, un Dieu en recherche de l’homme, et, en Zachée, un homme en quête de Dieu, ouvert à la conversion.

Zachée ! Tout est déjà dans son nom. D’autant qu’on sait que le nom, pour un Hébreux, est toujours porteur d’une mission. Il désigne une fonction. Il donne un rôle à remplir. Il détermine une vocation. Zachée, en Hébreux, signifie : le pur. Il réalisera cette vocation par sa conversion. Sa profession : percepteur d’impôts. Un homme, percevant les impôts de Rome, profession obtenue aux enchères, donc en payant grassement le pouvoir romain, puis en se remboursant par une majoration des impôts auprès de ses concitoyens, un collabo doublé d’un voleur ! Bref, un pécheur-public. Paradoxe que ce nom de pureté et cette profession de péché ! Paradoxe de ce qu’est tout homme : un mélange de bien et de mal, et donc, avec en lui, marqué comme une identité, un appel à la conversion. Zachée était-il perplexe devant cet argent mal acquis ? Se sentait-il mal dans sa peau, entouré de tant de gens qui le regardent de travers, méprisé de concitoyens qui le jugent en exploiteur et en collaborateur ? Et, pour lui, ce Jésus qui est-il donc en fait ? Ne fréquente-t-il pas de temps à autre des publicains et des pécheresses comme lui ? Ne dit-on pas qu’il serait le Messie ?

Zachée ! Ce ne doit pas être par « pure » curiosité, lui, le pur, qu’il cherche à voir Jésus. Il court, sort de la ville, monte sur un arbre...Voilà non seulement qui est peu compatible avec sa position d’homme rangé en Israël, mais voilà surtout qui révèle, selon l’évangéliste, sa volonté active, efficace et persévérante de rencontrer Jésus. Zachée escalade un sycomore. Ce figuier sauvage à branche basse, est, en Israël, le symbole de la loi mosaïque et du temple. Ainsi, pour trouver comment bien vivre, Zachée se servait de la Loi et du culte, du moins, il en était informé. Il grimpe à l’arbre mais le salut n’est pas obtenu par l’escalade de préceptes ni par la multiplication d’efforts impossibles. Il faut descendre et suivre l’invitation de Jésus. Quelques versets auparavant, dans la parabole du Pharisien et du Publicain, Jésus avait conclu : « Qui s’abaisse sera élevé, qui s’élève sera abaissé. » (18,14) Il voulait voir Jésus, et c’est lui qui va être vu ! Zachée est « regardé haut avec amour » (selon la traduction littérale) par Jésus. C’est « à toute vitesse » déclare Luc, que Zachée descend de son arbre et « reçoit » Jésus. Là dans le secret de la maison, c’est le choc de la conversion. Rien ne sera dit de l’entretien entre Jésus et Zachée au sein de sa famille. Plus encore que sa Parole, la présence de Jésus transfigure les personnes et transforme les choses. Zachée abandonnera son aisance, restituera ses larcins et partagera ses biens.

« Aujourd’hui, cette maison a reçu le Salut... celui-là est fils d’Abraham ». Ces dernières paroles de Jésus scellent et confirment la conversion du publicain Zachée. « Aujourd’hui ! » Un terme clé chez Luc qui l’emploie à douze reprises. L’évangéliste le met dans la bouche de Jésus au début de sa vie publique lors de son prêche à la synagogue de Capharnaüm, commentant un texte d’Isaïe sur le Messie et il le replace à nouveau au terme de sa vie publique, dans la bouche du crucifié, quand il promet le paradis au bon-larron. C’est que Jésus lui-même est bien l’« aujourd’hui du Père » non seulement pour Zachée et les siens mais pour chacun d’entre-nous.

Pour nous aussi, le passage de Jésus dans nos vies nous pouvons l’expérimenter quotidiennement en chaque eucharistie. Notre première conversion eut lieu lors de notre baptême et toute notre vie chrétienne en est comme la suite, journalière. La vie durant, chaque jour passant, nous devons demeurer curieux du Seigneur, faire preuve du même empressement que Zachée pour le voir. N’hésitons pas à grimper au sycomore, s’il le faut ! Non seulement nous aurons vu Jésus, plus encore son regard se posera sur nous et il nous demandera de l’accueillir « aujourd’hui ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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