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vendredi 22 novembre 2013

Homélie de la solennité du Christ-Roi de l'Univers - 24 novembre 2013


Au cours des dernières décennies, le système monarchique a connu des vicissitudes et même, dans certains pays du monde, des reculs considérables. L’histoire de notre contient européen en témoigne : des couronnes encore existantes, beaucoup n’ont pas survécu à la Première Guerre Mondiale. Dans d’autres pays, avec plus ou moins de bonheur, ce système politique a su se moderniser et demeurer. N’est-il donc pas paradoxal, voire inconvenant, de fêter, encore, le Christ « roi de l’Univers » ? Mais l’Ecriture elle-même parle de Jésus comme roi, et Jésus lui-même ne cesse d’annoncer la venue du Royaume de Dieu. Que faire ?

Il y a une façon tout humaine d’envisager la royauté du Christ qu’il faut s’empresser d’éliminer. Elle consiste à comparer Jésus-Christ aux puissants de ce monde qui possèdent domination, honneurs et richesses. Jésus a toujours refusé pour lui-même cette sorte de royauté. Rappelez-vous, après la multiplication des pains, il s’esquive lorsque la foule enthousiaste cherche à en faire son chef et son roi. Et cependant, les évangiles l’attestent fermement : Jésus est roi. Voilà qui est surprenant, car il n’a rien d’un roi. Une étable pour naître et pas même une pierre où reposer la tête. Sa cour, n’en parlons pas : des petits, des sans grade, des bergers, des pécheurs, des lépreux, et pour compagnons des pêcheurs. Aux jours de sa souffrance, son sceptre est un roseau. Sa couronne est d’épines. Son grand manteau royal est rouge de son sang. Son trône est en fin de compte une croix. Et le peuple qui, voici quelques jours l’acclamait, regardait en silence, alors que les puissants ricanaient, et les soldats se moquaient. Seul un brigand comprend. C’est son dernier compagnon et son premier invité : « Aujourd’hui, avec moi tu seras dans mon Royaume »

En quoi donc et comment Jésus peut-il être roi ? Le récit de Luc, que nous venons de lire, n’est pas un simple reportage sur les derniers moments de la vie de Jésus. Le langage des divers personnages montre que nous sommes devant un enseignement sur l’importance de la croix. Pour les adversaires de Jésus, la croix est un échec qui vient sceller les échecs de la vie du Nazaréen. Beaucoup ont été témoins des faits et gestes de Jésus. Mais ne croyant pas en lui, ils n’ont vu dans les miracles et les signes opérés par le Christ que l’exercice d’un don de guérisseur. D’autres ont été déçus. Ils espéraient avant tout un Messie qui serait un chef politique, qui redonnerait à Israël l’éclat du royaume de David, la magnificence du règne de Salomon.

Une dernière chance lui est laissée : « qu’il se sauve lui-même, s’il est le messie de Dieu. » Puisqu’il prétend être l’élu du Dieu, il n’a qu’à se détacher de la croix. Ce sera alors vraiment la preuve de sa messianité. Tout le monde sera d’accord pour faire de lui un chef, le « roi des juifs », et obéir à sa politique. L’occupant romain pourra être chassé. Les adversaires de Jésus ne comprennent rien au mystère de la croix. Luc propose donc aux croyants une autre lecture, celle de la foi, que l’on pourrait dire symbolisée et exprimée par l’attitude d’un des malfaiteurs, celui que l’on a appelé le bon larron.

Si Jésus a sauvé des malades et des infirmes c’est en conformité à la volonté du Père. « Il en a sauvé d’autres », mais en vue de manifester par ces signes la bonté et la miséricorde divines envers tous. « Lui, du moins, Il n’a rien fait de mal » et pourtant il est condamné. S’il ne se dérobe pas c’est pour accomplir jusqu’au bout la volonté de Dieu son Père et sauver ainsi tous les hommes. La croix devient la preuve par excellence du règne de Dieu. Ainsi le Royaume est inauguré par le pardon et le premier bénéficiaire en est un malfaiteur. Tel est le point de départ.

Certains chrétiens de son temps pourraient penser que le salut n’est pas pour tout de suite, qu’il est seulement pour plus tard, au moment du retour du Christ, « quand il viendra comme roi », c’est-à-dire à la fin des temps. Mais l’évangéliste insiste : c’est aujourd’hui que ce salut est donné à tous. C’est aujourd’hui que le Christ veut nous dire, si nous voyons en lui le roi d’amour : avec moi, tu seras en paradis.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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