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vendredi 10 octobre 2008

Homélie du 28ème dimanche ordinaire (A) - 12 octobre 2008

Toutes les lectures insistent aujourd’hui sur la fête, pas une fête extérieure et généreusement décrite, mais une fête à laquelle nous sommes appelés à prendre part. Quand, dans l’Evangile de Matthieu, Jésus raconte ces ‘histoires’, il a déjà annoncé à plusieurs reprises sa Passion, qui s’impose comme l’issue évidente désormais de sa mission. Il sait l’urgence à faire comprendre le « pourquoi » du Royaume. Quand dans la grisaille du quotidien, la lassitude de l’existence, nous pouvons nous demander : à quoi bon ? à quoi bon suivre le Christ ?, ces passages de la Bible dessinent à nos yeux un horizon fascinant.
Il nous faut décoder le langage de la parabole pour bien la comprendre, pour en saisir l’ampleur du propos. Ceci étant fait, nous pourrons nous interroger : est-ce là une histoire pour hier ou pour aujourd’hui ?

I.- Une histoire à décoder.

Jésus s’adresse aux auditeurs de son temps, utilise des images qu’ils peuvent spontanément comprendre. Il nous est utile de reprendre l’un ou l’autre élément avant de vouloir aller plus loin.
Dans la Bible, on parle couramment de Dieu comme d’un roi. On pourra donc admettre que le personnage central de la parabole est Dieu lui-même.
L’évangile parle du « festin des noces » au pluriel : à l’époque, en effet, les festivités duraient plusieurs jours. Les noces, comme souvent, dans la Bible, là encore, sont le symbole de la communion joyeuse et définitive de Dieu avec son peuple. L’accent n’est pas mis ici sur le fils, mais sur le refus de l’invitation par les premiers invités. Nous pourrions nous étonner de la réaction virulente du roi à l’égard de ces derniers : on les somme de rejoindre la fête sans délai, bien qu’ils soient occupés à leurs légitimes travaux quotidiens. Au temps de Jésus, cependant, les convives étaient invités à l’avance et devaient attendre la convocation, c’est-à-dire le signal que la fête allait commencer.
L’allusion, enfin, au vêtement de noce, nous rappelle que nul ne pouvait prendre part à la fête sans l’avoir préalablement revêtu. Nous dirions aujourd’hui : « tenue correcte exigée ».

II.- Une histoire pour hier ?

La question est légitime et la manière dont Matthieu présente cette parabole peut même tendre à cette interprétation. La destruction de la ville, possible allusion à la destruction de Jérusalem et de son Temple en 70 ap.J.C par les Romains, a causé un traumatisme dans la conscience juive, dont nous ne saisissons plus l’ampleur – peut-être pourrions-nous en avoir une idée dans la manière dont le monde a perçu que les attentats du 11 septembre 2001 à New-York allaient bouleverser l’ordre planétaire. La Demeure de Dieu était mise à sac par ces exactions. Dorénavant, le judaïsme allait prendre un autre visage et s’organiser autour des synagogues, comme il l’est encore de nos jours.
Si le roi de la parabole est Dieu, le fils c’est le Christ, lui qui scelle l’Alliance entre Dieu et les hommes. Ceux qui refusent de célébrer cette Alliance acquise en Christ, ce peuvent être les Juifs… qui ne reconnaissant pas Jésus comme Messie.
Et nous voilà bien rassurés : cette parabole ne nous concerne pas, puisque nous pouvons nous placer du côté de ceux qui sont invités par la suite. Quand les serviteurs vont aux carrefours, ils sortent de la ville pour rejoindre les différents points de jonction des pistes venant de la campagne. En Jésus, le salut franchit les frontières du peuple élu. Et, franchement, sur la masse des invités, on n’en dénombre qu’un seul qui n’a pas le vêtement de noce. En terme de statistiques, cela est, là encore, plutôt rassurant. Une histoire pour hier, alors ?

III.- Une histoire pour aujourd’hui !

Dites-moi, et si les Juifs d’hier devenaient les chrétiens d’aujourd’hui ?
Qu’est-ce qui nous interdit de penser et de croire que les défauts des uns ne pourraient pas se retrouver chez les autres ? Nous sommes invités à la fête éternelle au terme de notre route ici-bas ; nous sommes aussi, comme en avant-goût à ce rassemblement de joie, invités à chaque eucharistie dominicale… Le prêtre ne dit-il pas, avant la communion : « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau ! » ? Sans faire d’hasardeuse comparaison, le relativisme de beaucoup par rapport à la célébration dominicale – peut-être même le vôtre parfois – ne nous interroge-t-il pas sur notre rapport à l’invitation du Seigneur ? Vous n’imaginez pas vous abstenir de manger plusieurs jours car vous savez que vous mettriez votre santé en danger. Alors peut-on prétendre vivre de l’Esprit du Christ sans se laisser régulièrement nourrir par Lui, et nourrir là où Il se donne, c’est-à-dire ici à son autel ?
Les excuses des invités de l’évangile nous sont-elles à ce point étrangères ? L’un s’en va à son champ – entendez : il privilégie sa carrière professionnelle, ses loisirs ; l’autre à son commerce – entendez : son dieu est l’argent, il ne pense qu’à son petit profit. D’autres mêmes empoignent les serviteurs et les tuent – entendez : ils s’emploient à faire des recommandations de l’Eglise des vérités suspectes relevant d’un obscurantisme à jamais dépassé, ils décrédibilisent tout témoignage donné, y jetant le soupçon et tuant tout rapport de confiance.

Oui, la parabole que nous venons d’entendre s’adresse bien aux hommes et aux femmes que nous sommes en ce début de XXIème siècle. Que faisons-nous de l’invitation du Seigneur ? La fête, la belle fête qu’Il nous prépare, acceptons-nous d’y prendre part, d’en vivre déjà par l’eucharistie ? Comment nous présentons-nous devant Lui ?
Puissions-nous être jugés dignes de revêtir un jour le vêtement de noce !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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