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vendredi 31 octobre 2008

Homélie de la messe pour les Défunts - 2 novembre 2008

Certains disent : « La vie est belle ». Il vaudrait mieux dire : « J’aime la vie ».
Les médias nous présentent quotidiennement une vie maltraitée, malmenée, torturée. Nous voyons continuellement la souffrance et la mort nous rejoindre. Parfois, souffrance et mort sortent du petit écran familial pour nous rattraper et s’attaquer à ceux que nous aimons ou à nous-mêmes. Cette vie-là, cette vision de corps affaiblis, décharnés, ne nous permet pas de dire – si ce n’est que par respect pour ceux qui souffrent : « la vie est belle ».
Par contre, cette vie-là, nous pouvons l’aimer. Notre vie, lorsque la souffrance, l’échec, les agressions la blessent ; la vie lorsqu’on manque de l’essentiel, c’est-à-dire des moyens de vivre et surtout la liberté ; la vie lorsque la solitude nous oppresse ; la vie lorsque la mort menace et fait disparaître ceux que j’aime et dont la présence me paraît nécessaire à ma propre vie. Il est presque impossible de dire alors : « La vie est belle ». Par contre, même là, je peux dire : « J’aime la vie ».

Quand je rencontre des familles éprouvées par un deuil dans le cadre de la préparation aux funérailles, je suis toujours sensible à ce que ces personnes peuvent me dire de leur défunt. Et bien souvent, étonnamment, même dans les pires circonstances, je suis profondément ému par ce qui transparaît en fin de compte : ces bribes d’existence qui me sont confiées sont autant de traces lumineuses et ineffaçables de joie, d’amour, de valeurs transmises, de courage, bref, ce sont autant de signes de la présence de Dieu. Et alors que la mort semble la plus forte, dans son cortège de douleur et de souffrance, la vie rayonne malgré tout. Là encore, je ne peux qu’aimer la vie. Pourquoi ? Parce que je crois et je sais que Dieu me donne la vie. Je crois et je sais que tous les être humains sont des frères – même ceux qui me font du mal – puisque Dieu leur donne la vie. Puisque tous et chacun, Dieu nous a créés « à son image et à sa ressemblance ». N’allez pas croire qu’il s’agit de formules toutes faites. Cela veut dire, au contraire, que la vie de chaque être humain participe à la vie de Dieu. Et c’est pour cela que je puis dire : « j’aime la vie ». Car je découvre que la vie, c’est aussi d’aimer tous ceux que mon existence me fait rencontrer, puisqu’ils sont autant de signes de Dieu.

Et la mort ? me direz-vous. Nous la côtoyons virtuellement à la télévision ou au cinéma au point d’en être blasés. Pourtant, nous fuyons lorsqu’elle nous rejoint réellement. Notre société se refuse à la regarder en face : on meurt à l’hôpital, on cherche à humaniser la mort, à la rendre moins éprouvante, on évite d’en parler aux enfants… Mais nous savons que ce ne sont là que des fuites en avant. Elle finit toujours par croiser nos chemins. Il nous faut réentendre le message de l’Evangile et contempler à frais nouveaux la vie de Jésus pour nous souvenir que, Lui, le Fils de Dieu, est mort par amour pour nous, pour nous donner la vie et la donner à tout homme. Alors nous comprenons que c’est avec Lui qu’il nous faut regarder la mort en face. Quand la mort croise nos chemins en enlevant de ce monde des êtres que l’on ne devrait jamais perdre parce qu’ils nous aiment, c’est avec Jésus que nous apprenons que la vie, notre vie, ne s’arrête pas avec la mort. Je sais et je crois que ceux qui ont disparu à nos regards nous sont présents en Dieu et que leur prière et leur amour nous entourent.

Je sais et je crois que notre existence si belle et si fragile, ce monde si beau et si vite défiguré par l’homme, tout cela sera transfiguré par la gloire du Ressuscité qui nous ressuscitera.
Quand la mort croise nos chemins, apprenons à croiser les pas du Ressuscité. Quand nous irons, aujourd’hui encore, au cimetière, souvenons-nous que si la mort est un cap périlleux à franchir, elle n’est qu’un cap. Mais elle est un passage, le Passage : là où nos pas croisent ceux du Vivant et du Sauveur.
Voilà pourquoi je peux dire : « j’aime la Vie ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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