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vendredi 1 février 2008

Homélie du 4ème dimanche du temps ordinaire (A) - 3 février 2008


Les béatitudes sont des cris d’admiration de Jésus pour les gens qui le suivent, collés à lui pour l’écouter. Ils ne se lassent pas de le regarder. Son visage est pour eux une source d’enseignement qu’aucune parole humaine ne saurait donner. L’admiration est le signe de la noblesse intérieure qui crée une ambiance de fraîcheur, d’innocence. Si nous ne quittons pas des yeux Jésus et la foule, nous comprenons mieux cette page de l’Evangile qu’on appelle les béatitudes.
Il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour apprécier la fraîcheur de ces mots de bonheur quand ils expriment l’admiration des comportements des hommes et des femmes qui donnent à la dignité humaine une dimension qui dépasse la prudence, l’ambition du gain. Sans oser le dire tout haut, nous avons du mal à comprendre, à accepter la pauvreté, la faim, la soif, ce qui nous fait pleurer comme ce qui fait notre bonheur. Nous savons qu’on a dû réaliser des tours de force d’explications pour se convaincre difficilement que c’est bienheureux que d’être pauvre, d’avoir faim, d’avoir soif. Aux affamés, aux pauvres, aux miséreux que l’on peut voir partout, comment pouvons-nous leur dire qu’ils sont des bienheureux de l’Evangile ?

I. - Les béatitudes ou le sens d’un commandement nouveau.

Douze siècles après Moïse, Jésus propose une nouvelle manière d’envisager les commandements. C’est le paradoxe dont parlait l’apôtre Paul : la sagesse de Dieu n’a rien à voir avec la sagesse humaine. Chaque phrase de l’évangile commence par le mot « heureux ». C’est un mot qui revient très souvent dans l’Ancien Testament. Nous devons l’entendre au sens d’un compliment. D’ailleurs dans la traduction de la Bible, il aurait été plus judicieux de rester plus près au mot hébreu « iashar » qui exprime une exclamation devant quelqu’un plein de dynamisme et de souffle. Quelle force, quel souffle vous anime, vous les humiliés ! Quelle force et quel souffle, vous qui avez faim, vous qui avez soif, vous les miséricordieux, vous les artisans de paix ! Il y a dans cette façon de dire, à la fois l’admiration et la compréhension de ces personnes si démunies qu’elles peuvent nous faire passer au-delà des richesses, des bonheurs de ce monde. Tout est ici dans les nuances des mots. C’est dans le sens que l’admiration que l’on peut dire maintenant la béatitude de l’Evangile sans les choquer, à tous les éprouvés de quelque coin de la terre qu’ils soient. Quelle force, quel souffle vous devez avoir pour être ce que vous êtes maintenant ! Vous êtes en marche vers un monde où la richesse est dans ce qu’on est et non pas dans ce qu’on a. On vous voit dépouillés de tout, et vous voilà heureux !
Souvent nous entendons un texte comme celui des béatitudes par la distance qui nous en sépare. Aujourd’hui, je vous voudrais vous inviter chacun à vous unir à tous ces pauvres pour reconnaître qu’il y a, dans votre vie, des traits de nous-mêmes pour lesquels le Christ nous félicite. Posez-vous la question : quel est le trait de vous-même où ces paroles vous ont rejoint ? Par quel trait portez-vous une certaine ressemblance avec le Christ ? C’est cela que Jésus disait, ce jour-là, sur la montagne :
Vous qui avez un cœur de pauvre, oui je vous félicite. Bravo, car vos richesses, comme vos manques, vous en faites un moyen de rencontre et de fraternité. Vos richesses, vous n’en êtes pas esclaves.
Et vous qui êtes doux et humbles de cœur, bravo. Vous ne cherchez pas à dominer, à prendre le pouvoir. Vos responsabilités sont un moyen de servir et de servir la liberté des autres.
Et ceux d’entre vous qui êtes compatissants, miséricordieux, bravo à vous. Le regard que vous portez sur les autres est empreint de tant de confiance et d’espérance qu’ils redeviennent capables de se mettre debout, de marcher, de parler.

II.- Les béatitudes ou l’invitation à chercher un Dieu qui se laisse trouver.

Il nous faut encore revenir à la foule qui entoure Jésus. Nous sommes là au début de sa vie passée au milieu des hommes et des femmes pour l’annonce de la Bonne Nouvelle. Jésus ne cesse de regarder cette foule qui le suit depuis un bout de temps. Certains se procurent même quelques maigres provisions pour pouvoir le suivre. Oubliant leur condition sociale, quittant leur maison, ils forment ensemble cette foule qui l’écoute, qui le suit là où il va. Jésus voit sur leur visage leur quête de joie, de bonheur, de justice, mais aussi leur inquiétude, leur angoisse qui lui dit combien ils sont déçus, humiliés, désespérés de la vie. Il trouve dans leur regard ce dépouillement, ce vide intérieur qui crie, qui appelle et attend quelque chose de sûr, de plus solide, qui leur réserve plus de dignité humaine. Jésus s’approche d’eux ; il s’approche de nous. Et nous pouvons être félicités de croire que Dieu nous aime tels que nous sommes. Si nous cherchons Dieu, s’il est tout pour nous, alors nous trouverons notre bonheur dans notre quotidien, dans les petites choses, mais si précieuses qui le construisent : la simplicité de la vie, la droiture du cœur, la recherche paisible et quotidienne du Seigneur. La Bible, plus d’une fois, appelle ces humbles chercheurs les humiliés de la terre, le « petit reste » qui seul peut survivre à tous les massacres qui cherchent à anéantir le peuple des croyants. Saint Paul souligne que la jeune Eglise de Corinthe ne comporte pas beaucoup de sages, de puissants ou de nobles – ceux que nous aurions spontanément choisis pour assurer le succès de l’Eglise naissante ; Dieu, au contraire, s’est plus à appeler « ce qu’il y a de fou, de faible, d’origine modeste, ce qui n’est rien dans le monde, afin que personne ne puisse s’enorgueillir devant lui ».

Tel est le nouvel Israël de Dieu ou plutôt le « reste d’Israël » dont le Christ veut faire son Eglise. Cette Eglise ne pourra, ne devra ne s’enorgueillir que d’une chose et d’une seule : comme ce jour-là sur la montagne, Jésus assure sa présence à tous ceux qui en appellent à lui. Cette rencontre avec Lui, c’est la chance de leur vie et de la nôtre. Le dynamisme qui va nous faire reprendre notre route est là : « Le Royaume des cieux est à vous ». C’est ce même dynamisme qui nous pousse à répondre à l’appel du prophète Sophonie : « Cherchez le Seigneur, … cherchez la justice, cherchez l’humilité ».

AMEN.


Michel Steinmetz +

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