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vendredi 22 février 2008

Homélie du 3ème dimanche de Carême (A) - 24 février 2008


Aujourd’hui, ce sont à la fois les thèmes de l’eau vive et de la foi qui sont abordés, tant dans la première lecture que dans l’Evangile. Plus encore que de les aborder, l’Ecriture les associe : l’eau vive devenant une allégorie de la foi vivante. La liturgie a gardé ces textes à cette période du Carême, où les catéchumènes se préparent à recevoir, de manière plus ardente encore, le baptême durant la nuit pascale.
Depuis les premiers siècles de l’Eglise, ces textes font partie de la catéchèse baptismale : nous les entendons aujourd’hui au même moment où les entendaient nos frères croyants il y a mille six cent ans déjà ! Deux grandes figures s’y présentent, qui manifestent l’universalité du salut : Moïse, avec qui les juifs sont en famille, et la Samaritaine, qui ouvre aux païens les fleuves d’eau vive.
Nous sommes nous-mêmes baptisés et ce Carême nous invite fortement à revenir à la grâce de ce baptême. Les textes de l’Ecriture qui sont donnés à notre méditation voudraient nous faire prendre comme un nouveau départ dans notre vie chrétienne, nous ouvrir à une nouvelle régénération, comme celle que vivront les baptisés de Pâques. Alors, oui, j’ose poser la question : qu’avons-nous fait de notre baptême ?

I.- Le peuple élu et la Samaritaine : deux modèles différents.

Dans la première lecture, le peuple a soif et a peur de mourir au désert. Il récrimine contre Moïse, et par lui, contre le Seigneur : « Pourquoi nous as-tu fait monter du pays d’Egypte ? Etait-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? ». Moïse ne sait plus que faire. Dans quelle galère s’est-il laissé embarquer ? « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! ». Mais le Seigneur fortifiera le bras de Moïse : « Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau et le peuple boira ! ». Le peuple, cependant, doute : « Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n’y est-il pas ? ».
Dans l’Evangile, c’est Jésus qui a soif et qui veut avoir besoin d’une Samaritaine. Il rompt toute convenance sociale : les juifs, en effet, sont farouchement opposés aux Samaritains qu’ils considèrent comme des gens non fréquentables. Il vient à la rencontre de cette femme et engage le dialogue : « Donne-moi à boire ». Très vite, il retourne le propos : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive ».
Dans un cas, le peuple juif attend son salut et vitupère contre Dieu ; dans l’autre, la femme de Samarie n’attend rien, ne demande rien et reçoit tout.

II.- Des différences, mais pourtant le même Seigneur dans la même foi.


Dans la première lecture, c’est le Dieu de nos pères, Dieu de la première alliance qui fait jaillir du rocher l’eau vive pour la survie du peuple : l’aurait-il donc délivré de l’oppression de Pharaon pour le laisser périr au désert avant même d’avoir tenu sa promesse et de l’avoir conduit en Terre promise ? Dans l’Evangile, c’est le propre Fils de Dieu qui en s’adressant à cette femme se révèle à la fois à elle et lui promet une eau jaillissante de vie éternelle. « Tout homme qui bot de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau qui je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle ». La femme répond curieusement, mais qu’aurions-nous fait à sa place ? Elle attend de cette eau, sans vraiment saisir toutefois la portée des paroles de Jésus ; elle se réjouit ainsi de ne plus avoir à venir puiser! Mais lui ne parle pas de cette eau-là ! C’est bien le même Seigneur qui agit, sous des modalités différentes. C’est bien la même foi, bien que s’exprimant diversement, qui agit.
Et c’est encore la même expérience de rencontre qui s’opère : celle de la tendresse, de la bonté, de la sollicitude du Seigneur pour nous. Cette rencontre est à chaque fois transformante : elle remet en marche, ouvre des perspectives nouvelles pour une existence aux horizons parfois bouchés. Plus encore, elle s’accompagne d’une attitude spirituelle. Advient le temps annoncé par Jésus : « L’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. »
S’ensuit alors une confession de foi, aux allures de cri jailli du fond du cœur, évidence qui s’impose à la femme de l’Evangile, comme elle pourrait s’imposer à nous aujourd’hui : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses ». Confession de foi immédiatement confirmée par Jésus : « Moi qui te parle, je le suis ». Le Dieu de l’Alliance prend désormais un visage humain, celui de Jésus. Son nom devient prononçable sans craindre la mort. Au « Je suis Celui qui suis » du Sinaï succède « Moi qui te parle, je le suis ». La Samaritaine converse avec le Dieu-avec-nous, avec Jésus.

Chers amis, en qui nous reconnaissons-nous ? Nous reconnaissons-nous dans le peuple de l’Alliance, dans la figure de la femme de Samarie ? Nous reconnaissons-nous dans la récrimination de l’enfant gâté ou dans la nonchalance du blasé ? Tout compte fait peu importe, finalement. Car que nous venions vers Dieu en attendant quelque chose ou en n’attendant absolument rien, ce qui sera toujours déterminant ce sera notre capacité à nous laisser rejoindre, ce qui sera toujours fondamental ce sera l’expérience de rencontre. Elle seule nous permettra de dire avec la foule de ce jour-là : « Nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde ».

AMEN.

Michel Steinmetz +

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