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samedi 20 octobre 2007

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 21 octobre 2007


« Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager ». Luc 18, 1

Il faut prier ! et prier sans cesse ! Et vous vous dites, j’en suis sûr : il est bien gentil, mais nous avons charge de famille, nous avons une profession prenante, et puis nous venons déjà à la messe. Faut-il en faire encore plus ? toujours plus ? Je ne vous dis cependant rien d’autre que l’évangile. Ce n’est pas moi qui parle, mais bel et bien le Christ. Et tel est bien encore le sens de la parabole qu’il nous adresse. L’interpellation vaut pour vous, comme pour moi. Il faut prier, et prier sans cesse.
La prière est-elle donc nécessaire ? C’est la première question que nous pourrons nous poser. Puis il faudra, ceci étant posé, nous demander de quel ordre elle doit être. Dans un dernier temps, nous ne pourrons passer sous silence la question de Jésus : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » et ses implications pour nous.

I.- La prière est-elle donc nécessaire ?

Au moment où le peuple d’Israël dut livrer bataille au désert contre les Amalécites, la défaite aurait été une fin inéluctable sans la prière de Moïse. Et cette prière dut être ininterrompue de l’aurore au crépuscule. Dès que Moïse baissait les bras, les ennemis reprenaient le dessus au point qu’il fallût qu’Aaron et Hour le soutiennent et qu’il s’asseye sur une pierre. On imagine aisément la scène.
Le juge, dont Luc nous dit qu’il « ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes », se serait-il laissé troubler dans sa quiétude si cette femme ne l’avait pas importuné sans cesse ? Là encore on imagine aisément la scène.
Deux exemples qui nous sont donnés pour nous comprenions que la prière est nécessaire. Elle n’est pas un ornement dans la vie du chrétien : elle en est le fondement, le principe unificateur. Il n’est pas superflu de prier : c’est même une nécessité ! Cependant, et c’est naturel, nous demandons à la prière une certaine rentabilité. Si je consens à y accorder de mon temps, de mon énergie, je serais en droit de demander un « retour sur investissement ». « J’ai prié, prié comme jamais et je n’ai pas été exaucé ». Il me faut bien constater qu’à me demande insistante et pressante, je n’obtiens pas forcément ce que je veux.

II.- De quel ordre est la prière ?

La prière n’est d’abord pas un savant marchandage. Elle est « commerce », au sens des Anciens ; c’est-à-dire qu’elle est relation. Présence de l’un et de l’autre, cœur à cœur, contemplation et action de grâce. La prière demande de notre part de nous mettre à l’écoute de la volonté de Dieu. L’immédiateté de notre demande n’entraîne pas l’immédiateté de la réponse : Dieu, lui, agit – Jésus nous le rappelle avec force – , Il ne reste pas insensible à notre prière, mais Il y répond pour notre bien, un bien qui dépasse parfois ce que nous imaginons être le bien pour nous.
La prière ensuite se doit d’être continue. Qu’est-ce à dire pour nous, hommes et femmes de notre temps, à toujours courir après le temps ? « La prière est une conversation familière avec Dieu, un compagnonnage. Elle n’est pas l’effet d’une attitude extérieure, mais elle vient du cœur. Elle ne s’enferme pas dans des heures ou des moments déterminés, mais de nuit comme de jour, elle est une activité continuelle. Il ne faut pas se contenter d’orienter sa pensée vers Dieu lorsqu’elle s’applique exclusivement à la prière ; mais, même lorsqu’elle est absorbée par d’autres occupations »[1], il importe d’y mêler et d’y adjoindre Dieu, afin que notre vie tout entière soit imprégnée et vivifiée par sa présence.
La prière, enfin, si elle englobe toutes nos actions, se nourrit d’une part de temps effectifs de silence et de conversation avec Dieu et d’autre part de temps communautaires où, par la liturgie, c’est notre prière, celle de tout un peuple, qui s’unit à celle de Jésus pour monter vers le Père. Cette prière est la source à laquelle peut venir puiser sans cesse notre prière personnelle. Elle est en aussi la matrice et l’exemple.


III.- « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ».

Jésus affirme à ses disciples que, si même le juge inique fait grâce à la veuve pour se débarrasser d’elle, le Seigneur écoutera et exaucera ses enfants qui le supplient. Si Dieu paraît oublier « ses élus qui dans leur détresse crient vers lui jour et nuit », ce n’est qu’apparence. Il patiente seulement. Mieux que le juge, et plus promptement encore, il saura faire justice. La question qui termine ce passage jette un regard désabusé et triste sur la fin des temps : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit aussi ici : de la fin des temps.
La justice dont il est question est celle qui surviendra au dernier jour là où toutes les pensées seront dévoilées, là où ce qui est caché sera connu. Ce jour-là, je le crois, ce qui est demeuré obscur à nos yeux, ce qui est demeuré incompréhensible à notre cœur, sera mis en pleine lumière et trouvera enfin sa justification. Alors, nous pourrons nous dire que, vraiment, Dieu nous avait déjà fait justice.
Quoi qu’il en soit, Jésus pose la redoutable question de savoir s’il trouvera encore la foi sur terre à son retour. Nous ne pouvons rester insensible à cette interrogation : que faisons-nous pour que soit vivante la foi, qu’elle grandisse, qu’elle se transmette aux générations futures ? Je ne parle pas là d’une pratique de la foi, de coutumes et de traditions aussi vénérables soient-elles ; je parle de la foi, celle qui se nourrit et dans la prière authentique et continue, et celle qui grandit dans cette même prière.

Un chrétien prie comme il respire, constamment, sans arguer que, tout occupé qu’il est à respirer, il ne peut rien faire d’autre, mais bien certain en revanche qu’il ne peut rien faire sans respirer. Que la prière soit notre respiration ! Qu’elle soit notre souffle !

AMEN.

Michel Steinmetz +


[1] Saint Jean Chrysostome.

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