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samedi 13 octobre 2007

Homélie du 28ème dimanche du Temps ordinaire - 14.10.2007

Homélie prononcée
à l'occasion du rassemblement diocésains des migrants

S’il est ces jours-ci beaucoup question dans le débat politique des dossiers liés à l’immigration et si ces questions sont plus qu’amplement débattues et relayées par les sphères médiatiques, la parole que devons avoir en Eglise est, me semble-t-il, du moins ici et maintenant, d’un autre ordre. Les lectures de ce jour nous y invitent sans détour. L’étranger nous est proposé en modèle non d’abord parce qu’il serait étranger mais parce qu’il rappelle, dans l’ordre de la foi, un certain nombre d’exigences spirituelles que le croyant pourrait bien délaisser. Ces attitudes lui valent pourtant la guérison et même le salut.
Ainsi c’est à un véritable itinéraire que nous sommes conviés. Itinéraire qui reprendra celui de Naaman, celui du lépreux samaritain et qui se compose de trois temps : la demande de guérison, le baptême qui fait vivre et purifie, l’action de grâce qui sauve.

I.- La demande de guérison

Comme Naaman, le général syrien, les dix lépreux de l’évangile sont conscients de leur état, ils connaissent l’ampleur du mal qui les ronge. Ils restent à distance, respectant scrupuleusement les prescriptions de la loi juive pour laquelle que les lépreux sont bannis de la vie sociale. Les dix lépreux en appellent à Jésus ; ils crient vers lui : « Jésus, Maître, prends pitié de nous ! ». Paradoxalement alors qu’ils sont malades, ils ne demandent pas la guérison ; ils implorent la douce pitié de Jésus sur eux. Ils savent que seuls ils ne peuvent rien faire. Mais Jésus, lui, peut non seulement les guérir, mais plus encore leur redonner leur place dans la société, les y réintégrer. Leur cri, dans sa formulation, est en quelque sorte déjà une confession de foi.
Souvent on s’attend à devoir fournir un effort conséquent pour obtenir en contrepartie une grande chose. La simplicité nous semble alors dérisoire et sans intérêt. Parce que sans doute la simplicité nous enseigne que ce que nous désirons ardemment ne saurait dépendre de nous, de notre force, de notre pouvoir. Simplicité qui exige de nous abandonner à la bonté d’un Dieu dont nous croyons qu’Il peut tout, simplicité du cœur. Simplicité de notre présence devant Lui qui consiste à obéir en toute confiance à la volonté du Seigneur. Les lépreux auraient pu récriminer : car l’accueil que Jésus leur réserve consiste à les envoyer, sans même une parole de compassion, faire constater leur purification par les prêtres, c’est-à-dire à respecter à la lettre la loi.

II.- Le baptême qui purifie

Naaman résiste au prophète Elisée. Comment ? Pour guérir sa lèpre, il lui suffirait d’aller se baigner au Jourdain ? La recommandation paraît si simple, trop simple. Il décide cependant de faire confiance à « l’homme de Dieu ». L’eau dans laquelle il se baigne est l’eau que le peuple élu a franchi pour prendre possession de la Terre promise, c’est encore l’eau dans laquelle Jésus lui-même sera plongé par Jean au moment de son baptême. Cette eau est le symbole de la vie ; elle est le symbole du salut et de la réalisation des promesses divines. Naaman s’y plonge sept fois : c’est le signe, dans la Bible, de la perfection. Il est guéri en profondeur, pleinement, totalement.
Cette eau, c’est bien sûr pour nous l’eau du baptême qui a coulé sur notre front ; Dieu ne nous a pas seulement guéri ou purifié ce jour-là, il nous a donné de devenir ses enfants. La blessure du péché dont nous étions marqués est anéantie, car nous sommes morts au péché. Paul nous le rappelait : « Si nous sommes avec lui, avec lui nous vivrons ». Le péché nous divise intérieurement, nous écartèle puisque notre désir, notre action, notre pensée est tiraillée en tous sens. La force du baptême nous fait vaincre cela : l’unité est rétablie en Christ par delà notre péché. Et le fait de nous reconnaître tous et chacun enfants de Dieu nous établit « frères » quelles que soient nos origines, nos cultures, nos traditions. Si tout cela contribue à façonner notre identité, marque jusqu’à nos manières de croire et de célébrer, c’est cependant le même baptême dans la même foi qui fonde notre unité.

III.- L’action de grâce qui sauve.

Il nous faut prendre garde, chers amis, à ne pas oublier le moment du retour, le moment de l’action de grâce. Seul un lépreux sur dix revient, et de surcroît c’est un étranger, celui dont on n’attendait rien car il n’était ni au fait des obligations de la loi ni habité par la foi d’Israël. Naaman le Syrien, lui aussi, revient vers Elisée : il « rend gloire à Dieu » et le découvre comme seul et vrai Dieu au point d’emmener de la terre de ce pays pour poursuivre son action de grâce sur une terre étrangère.
Si nous oublions parfois la beauté, la richesse, la nouveauté dont nous vivons dans et par le baptême, nous avons à redevenir des étrangers pour revenir à l’émerveillement devant le don qui nous est fait. « On n’enchaîne pas la Parole de Dieu ! », dit Paul. Que de fois pourtant nous la déprécions, cette Parole, nous l’emprisonnons parce que nous allons jusqu’à oublier qui nous sommes : les enfants d’un même Père ! A celui qui est capable d’un tel retour vers le Seigneur, Jésus prononce la parole de salut : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ! ». C’est là que se joue la véritable guérison, celle rendue possible par la foi. Au soulagement d’un mal physique, le Seigneur rajoute la grâce propre à la foi : le salut de l’âme.

Que Naaman le Syrien, que les dix lépreux, que le Samaritain parmi eux soient pour nous des exemples ! Si nos différences, si nos diverses manières de prier, si nos cultures respectives peuvent nous enrichir mutuellement, qu’elles ne deviennent pas motifs de division entre nous ! Car ce qui nous unit les uns aux autres, c’est la profession de la même foi dans le même baptême. Les eaux que nous avons mélangées, que nous avons bénies sont le symbole fort et parlant au cœur de cette célébration de cette unité à laquelle, autochtones et gens du lointain, nous sommes appelés. Nous en avons été aspergés pour la guérison de notre péché et pour notre salut et vous repartirez tout à l’heure avec cette eau, enrichie de celle de toutes les communautés. Si nous devons être des étrangers pour mieux nous ré-émerveiller, nous devons aussi devenir plus familiers et fraternels entre nous pour mieux manifester le même amour qui nous unit dans la même foi et en communion dans la même espérance.

AMEN.

Michel Steinmetz +

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