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vendredi 24 mars 2017

Homélie du 4ème dimanche de Carême "Laetare" (A) - 26 mars 2017


Un aveugle assis à la sortie du temple mendiait sa pitance quotidienne. Il n’a pas de nom. Pourquoi lui en donner un ? Il est aveugle. Voilà sa condition, voilà son nom : un aveugle de naissance. Il ne connaît que le noir de sa vie, de sa condition. Il est aveugle de naissance, c’est-à-dire que jamais il n’a vu la lumière. C’est ainsi. Irrémédiable. L’aveugle ne demande rien. Il n’interpelle même pas Jésus.

Le regard de Jésus se pose sur l’aveugle. La guérison se fait dans la simplicité d’une rencontre entre Dieu et l’homme. La raison de l’aveuglement de cette personne est claire dans la logique de l’époque. La foi populaire assimilait une telle infirmité à une faute (Dt 5,9 ; Ex 20,5 ; Nb 14, 33 ; Lm 4,7). Jésus par son regard casse les clichés. Il rompt le lien maladie-péché. Il se révèle comme un Dieu qui sauve, un Dieu qui guérit, un Dieu qui donne vie ! Il n’est pas un Dieu qui punit, génération après génération. Ce qui est l’œuvre de Dieu, ce n’est pas la maladie, mais la guérison. L’œuvre de Dieu ou la mission de l’envoyé du Père c’est de donner la vie en abondance ! Malgré la guérison spectaculaire, tous ne croiront pas. Tous n’accéderont pas à la vue, à la lumière vivifiante comme l’aveugle qui sera guéri corps et âme dans sa confession de foi.

Le procédé thérapeutique de Jésus, qui peut rappeler la guérison de Naaman le Syrien dans l’Ancien Testament (2 R 5), se fait avec les moyens du bord. L’usage de la salive dans le procédé de guérison n’est pas un détail farfelu qu’aurait rajouté l’évangéliste dans son récit. Il se retrouve dans bien d’autres textes de guérisons d’aveugle (Mc 8,22-26) ou de sourd-muet (Mc 7,31-37). Le geste de Jésus rappelle celui du Créateur : il prend de la terre, il fait de la boue avec sa salive, il l’applique sur les yeux de l’aveugle. L’homme est modelé à partir de la terre du sol et animé du souffle de vie (Gn 2,7). Jésus rend l’humanité à cet homme qui n’a même pas de nom. Il lui offre la lumière, comme au premier jour de la Création : « Que la lumière soit ! ». Le récit ne s’arrête pas à la guérison physique de l’aveugle. Le cheminement ne fait que commencer pour aller de plus en plus vers la lumière, vers le Christ, « lumière du monde » (Jn 8,12). Le signe renvoie à Jésus. Il signifie un peu plus qui il est. Dans l’Ancien Testament, seul Dieu a le pouvoir de guérir les aveugles (Ex 4,11 ; Is 29,18 ; 35,4-5).

L’aveugle est envoyé à la piscine pour s’y laver. Il ne voit pas encore pour l’instant. La boue est sur ses yeux. Il n’a pas vu celui qui l’a guéri. Il n’a pu qu’entendre sa voix. Il espère retrouver la vue, découvrir cette vie. Cette piscine, située sur le flanc sud-ouest de la colline de la vieille ville, est elle aussi source de vie pour Jérusalem. Il faut dire que le problème de Jérusalem a toujours été son alimentation en eau du fait de sa situation géographique. Le roi Ezéchias (VIIIe siècle av. J.-C.) régla ce souci grâce à des travaux souterrains. La population de Jérusalem était alors assurée de survivre en cas de siège. La piscine est alimentée par la source du Guihôn (2 R 20,20 ; Es 22,11). L’eau passe dans un tunnel et sort à la lumière dans la piscine du nom de Siloé, de l’hébreu « envoyé ». L’homme est envoyé par Jésus, lui-même l’envoyé du Père. La piscine de Siloé est bien plus qu’une petite indication géographique dans le récit. Elle renseigne sur le signe accompli par Jésus et sur sa mission d’envoyé du Père.

Par deux fois, Jésus vient chercher cet homme. Quand il le croise à la sortie du Temple et quand les pharisiens l’ont jeté dehors. Sa guérison suscite la division, auprès de ses voisins, auprès des autorités juives. L’aveugle-né est témoin de la puissance et du don divin, mais il est aussi en marche. Nous pourrions dire qu’il illustre la vie de chaque baptisé, témoin du Christ Ressuscité, toujours en recherche. L’aveugle ira jusqu’à la confession de foi. C’est là le deuxième signe, le deuxième don, celui de la foi.

Ce récit de guérison, comme il y a en a tant dans les évangiles, n’est pas un signe de plus... Il illustre le combat entre la lumière et les ténèbres pour cet homme, mais aussi pour chacun de nous. Le Christ vient vers nous, qui bien souvent ne lui demandons rien. À nous de faire le pas supplémentaire.

AMEN.
                                                 
 
Michel Steinmetz

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