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lundi 24 août 2015

Homélie du 21ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 23 août 2105

Nous devrions pouvoir remercier et serrer dans nos bras le disciple anonyme qui a osé cette exclamation : « Cette parole est rude. Qui peut l’entendre ? ». Jésus vient de délivrer son long enseignement à la synagogue de Capharnaüm. Nous l’avons suivi ces derniers dimanches dans ce que nous appelons le discours sur le « pain de Vie ». Jésus se présente comme la vraie nourriture, comme celui qui donne sa chair à manger et offre son sang à boire pour avoir la vie. On comprend que de tels propos puissent choquer. Des contemporains de Jésus s’en émeuvent ; des bien-pensants récriminent ; d’autres encore, et sans doute, atténuent la force du propos.
 
Aujourd'hui, la réaction de ce disciple reste d’actualité et nous en faisons l’expérience de manière courante. La parole de Jésus est rude. Nous nous demandons : qui peut l’entendre ? L’interrogation nous est tout d’abord posée à nous-même. Recevons-nous la parole de Jésus non comme une option, mais comme une nécessité ? Elle est rude, et il ne faut pas l’édulcorer par un commentaire lénifiant du genre : cette histoire de manger sa chair et boire son sang est à prendre au sens symbolique. La parole du Christ doit nous heurter au sens où elle nous initie aux choses de Dieu. Le peuple d’Israël, nous l’entendions dans la première lecture, est pareillement invité à se prononcer pour Dieu. Non comme un choix par défaut, non comme une option plus intéressante qu’une autre, mais comme la seule solution qui vaille. Le gage de la vie. 
 
L'interrogation qui nous gagne alors est celle-ci : suis-je capable d’accueillir cette parole dans sa rudesse et dans sa force ? Le disciple ne s’y trompait pas : qui peut l’entendre ? L’entendre pour la faire sienne ? Le Fils de Dieu répond : seul peut l’entendre celui que le Père envoie vers moi. En Israël à cette époque, bien des disciples choisissent de s’attacher à tel ou tel rabbin jugé particulièrement charismatique. Or le Christ dit à ses disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis. » (Jn 15, 16). La réponse ne dépend donc pas d’abord de nos aptitudes personnelles mais de la manière dont nous serons capables d’ouvrir notre cœur à un appel. Cela n’enlève rien à la nécessité de poser un choix et de le tenir, mais en réponse à l’appel à croire que Dieu, le premier, nous adresse. De même, dans le livre de Josué, le peuple d’Israël décide de servir le Seigneur en réponse à ce que le Seigneur a déjà accompli : c’est lui qui nous a libérés, c’est lui qui nous a protégés au désert. C’est aussi l’expérience spirituelle que le psaume nous invite à faire : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ».
 
Déjà dans l’évangile, saint Jean le rapporte, certains croient et pas d’autres. Sans doute que ceux qui ne croient pas n’ont pas encore faire l’expérience décisive de la rencontre avec cette parole qui est Vie. Je suis frappé par la réaction de bon nombre qui, aujourd’hui encore, quand ils ont à parler de leur foi, le font en des termes d’habitude, de culture, de défense d’une société judéo-chrétienne, voire de patrimoine ou de traditions d’antan. Rarement j’entends parler d’une vie avec le Christ, rencontré comme une personne vivante, comme le partenaire d’une relation qui bouleverse une vie. Des convertis en parlent souvent avec la fraîcheur et l’impétuosité qui leur est propre. Il en est de même en toute relation. Ensuite la routine et l’habitude viennent émousser les ardeurs premières. Ne faudrait-il pas de temps à temps cependant revenir à ce qui fait que nous sommes ici, que nous voulons vivre en chrétiens, c’est-à-dire en disciples du Christ ? Les gens mariés dans notre assemblée n’ont-ils régulièrement besoin de se retrouver, de se souvenir de ce qui les a, un jour, réunis ?
 
Pour la relation au Christ, la réponse semble évidente et spontanée, au moins dans la bouche de Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu ». C’est l’évidence de l’amour. L’évidence du cœur qui sait qu’il n’est pas emprisonné mais que l’autre donne un sens à sa vie. Frères et sœurs, redécouvrons ce lien qui nous fait rester en vie.
 
AMEN.
                                                 
Michel Steinmetz
 



 
 Ecoutez ici l'homélie : https://www.youtube.com/watch?v=IozjsG56m4Q
 

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