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vendredi 14 août 2015

Homélie de la solennité de l'Assomption de la Vierge Marie - 15 août 2015

Cette page de l’évangile – le récit de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth – nous est bien familière. Sans doute certains parmi vous la connaissent même si bien qu’ils la connaissent par cœur, au moins pour le cantique de la Vierge Marie, son Magnificat, que l’Eglise reprend chaque jour à l’office de vêpres. Et une telle familiarité avec la parole biblique est heureuse, mais parfois dangereuse aussi quand elle devient synonyme de routine. Goûtons-nous encore suffisamment chaque moment, chaque parole de cette rencontre entre deux promesses ?  Celle de Dieu de donner encore un fils à Elisabeth malgré sa vieillesse et celle donnée à Marie d’enfanter en elle, encore vierge, le Fils de Dieu. Quel est donc le dénominateur commun à ces deux femmes réunies par leur grossesse miraculeuse ?
 
L'une et l’autre ont cru. Tout simplement. Sans artifice. Marie s’est bien posé quelque question. Elle en a fait part à l’ange : « Mais comment cela va-t-il se faire ?... ». Sitôt cette interrogation posée, elle a fait confiance : « Qu’il me soit fait selon ta parole ». L’ange la quitta et commençait pour elle le temps de l’attente, le temps où elle allait sentir la Promesse de Dieu grandir en elle. C’est la joie de cette toute jeune fille qui la pousse à affronter « la région montagneuse » pour partager sa joie avec Elisabeth. Saint Luc parle même de son « empressement », comme si elle ne pouvait ni réfréner sa joie ni différer sa visite. Devant les paroles de salutation enlevées de Marie, l’enfant que porte Elisabeth – ce sera Jean, le Précurseur – atteste en « tressaillant » dans son ventre de mère que c’est le Seigneur lui-même qui entre dans cette maison de Judée. Alors Elisabeth est « remplie d’Esprit-Saint ». C’est ce même Esprit de Dieu qui la pousse à reconnaître dans la foi que Marie, sa cousine, « est bénie entre toutes les femmes » et « que le fruit de ses entrailles est béni ». Vraiment elle est la « mère du Seigneur ». Et avant que Marie ne réponde par sa louange au Seigneur, Lui qui « s’est penché sur son humble servante », Elisabeth poursuit par une phrase ici capitale. J’aimerais que vous en mesuriez en ce jour toute la portée : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».
 
Nous comprenons mieux ici ce que l’Eglise nous invite à fêter aujourd’hui dans la fête de l’Assomption de la Vierge Marie. Ne vous y trompez pas : nous ne célébrons pas la prévenance filiale du Seigneur envers sa mère qui l’appellerait à le rejoindre en son âme et son corps. Elisabeth avait bien compris la vraie gloire de la Vierge Marie. Car ce n’est pas en solitaire que le Christ triomphe de la mort. S’il est victorieux des puissances du Mal, ce n’est pas pour lui-même mais bien « pour nous les hommes et pour notre salut », comme nous le chanterons tout à l’heure dans le Credo. Le Fils entraîne à sa suite la foule de ceux que sa mort et sa résurrection vient sauver. « C’est dans le Christ que tous recevront la vie », dit saint Paul et – y avez-vous prêté attention ? – il ajoute : « mais chacun à son rang ». Ainsi il revenait à Marie d’être la première à bénéficier de la grâce pascale, car c’est elle la première qui avait répondu à l’appel du Seigneur et n’avait fait qu’un avec Lui.
 
 
Aujourd'hui donc nous saisissons mieux, et avec émerveillement, jusqu’où va l’accomplissement de la Parole. Bien au-delà même de ce que pouvait imaginer cette petite jeune fille de Nazareth. Nous avons devant les yeux de notre foi ce que fait Dieu pour nous. Que de fois il me semble que nous donnons l’impression de ne pas y croire, ou d’y croire seulement un peu, de n’être capables que de le dire du bout des lèvres, bien en-deçà de ce que fait Marie dans le Magnificat. C’est comme si nous ne prenions pas Dieu au sérieux. Au mieux l’attendons-nous, exigeants et râleurs, dans un quotidien matérialiste et consumériste quand nous marchandons avec Lui comme avec un marchand de tapis. Pourtant, Il nous promet bien plus, bien mieux. Par-delà les difficultés et les âpretés de cette vie, aujourd’hui, il laisse le ciel s’entrouvrir pour que nous y voyions Marie, « élevée dans la gloire du ciel, parfaite image de l’Eglise à venir, aurore de l’Eglise triomphante » (préface).  Frères et sœurs, levez les yeux et demandez à Marie de guider et soutenir votre espérance, vous qui êtes encore en chemin. Comme elle, ne doutez pas que, pour vous, le Puissant fait merveille.
 
AMEN.
                                                                                                                                                                                                       
 
 
Michel Steinmetz

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