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dimanche 18 août 2013

Homélie du 20ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 18 août 2013

 
Jésus s’adresse à ses disciples pour leur parler de lui. « Je suis venu apporter un feu ! » Mais les disciples et, après eux, tous les chrétiens ont eu peur. Le feu, c’est dangereux. Il peut brûler. Et en nous tous, il y a tant de bois sec et mort, mais auquel nous tenons fort. Il y a tant d’habitudes acquises, il y a tant de compromis avec le ciel, avec les exigences du christianisme. Le feu de l’Evangile, cela peut nous mener très loin, là où nous n’aimons pas tellement d’aller ! C’est pourquoi chacun n’hésite pas à tailler des coupe-feu. On se dit : voilà ce qui est bien et voilà ce qui est mal ; ceci est important tandis que cela l’est beaucoup moins. Il y a bien sûr des manquements graves, les péchés mortels, mais beaucoup de fautes aussi sont vénielles. On se rassure comme on peut. Mais Jésus lui, avait dit : « Comme je voudrais que ce feu soit déjà allumé ! »


L’Ancien Testament laissait prévoir que la colère de Dieu, à la fin des temps, s’abattrait, tel un feu, sur un monde infidèle. Jean-Baptiste lui-même faisait écho à cette prédiction en annonçant aux foules : « Moi, je vous baptise d’eau : mais il vient, celui qui est plus fort que moi...Il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. Il a sa pelle à vanner ...La bale, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas » (Luc 3, 16-18). Jésus étant le Messie annoncé pour la fin des temps, Jean est donc persuadé qu’il va déchaîner le châtiment de Dieu sur les impies. Les deux frères Zébédée partageaient encore cette croyance lorsqu’ils voulaient faire descendre le feu du ciel sur un village qui refusait d’accueillir Jésus (Luc 9, 54) : mais Jésus les avait vertement rabroués. Il sait en effet qu’il ne vient pas détruire mais convertir. Oui, il aspire de toute son âme à accomplir sa mission mais celle-ci consiste à transmettre le feu de l’Esprit-Saint dans les cœurs. C’est le feu de l’amour de Dieu qui descendra sur les disciples assemblés au cénacle lors de la Pentecôte.

Jésus avait ajouté en parlant de sa Passion et de sa mort : « Je voudrais être baptisé » Le baptême qu’il doit recevoir est essentiel dans sa mission. Ce baptême a tout d’abord un goût d’épreuve. Mais le baptême qu’il annonçait est fondamentalement une naissance et une Pâque : le passage à un monde où celui qui ne parvient pas à respecter la loi et qui se sait pécheur est pardonné avant le juste qui est irréprochable et le fait sentir à tous ; un monde où l’humble femme du temple qui n’a qu’une petite pièce à donner est plus généreuse que l’homme qui est riche et fait de grandes offrandes. A l’aube de ce monde nouveau, ce serait la croix du Christ qui allumerait le feu. Et depuis lors, jamais, les chrétiens ne seraient en paix, dans cette paix tranquille qu’affectionnent les puissants et les autorités.

Depuis lors, il y aura toujours des divisions : comme dit Jésus dans l’évangile « trois contre deux et deux contre trois... » Il y aura toujours des Jérémie, des gens accusés comme le prophète de démoraliser tout ce qui reste de combattants, des témoins parlant à contre-courant de la pensée véhiculée en leur temps. Jésus comprend qu’il va déclencher ces disputes. Il n’en a cependant pas l’intention : il vient apporter la paix mais celui qui recevra sa paix verra peut-être ses proches les plus aimés se dresser contre lui. L’Evangile allumera en même temps la paix dans le cœur de l’un et le feu de la discorde et de la haine dans le cœur des autres. L’option pour Jésus n’est pas anodine, la conversion ne sont pas un vague événement sans importance. Devenir disciple de Jésus est une décision qui remet en question la manière de vivre de ceux qui ne la partagent pas. Ils pourront demeurer muets, moqueurs, sceptiques, amusés, ou pire enragés. Car le disciple, par son choix de vie, conteste les comportements des autres. Il le fait sans ostentation, sans volonté d’hégémonie, mais en silence et avec amour.

Peut-on confesser vraiment sa foi et tenir à tout prix à l’entente avec l’entourage, voire la compromission ? L’incompréhension et l’hostilité sont le prix à payer de la fidélité, mais toujours à la manière de Jésus, c’est à dire avec charité. Si nous ne gênons personne, sommes-nous croyants ? Si notre manière de vivre n’interroge pas, sommes-nous vraiment disciples?

AMEN.

Michel STEINMETZ †



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