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dimanche 6 décembre 2009

Homélie du 33ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 15 novembre 2009

Une terrible détresse, le soleil qui s’obscurcit, la lune qui perd de son éclat, les étoiles qui tombent dans la mer… Est-ce le nouveau scénario d’un film catastrophe servi par une production holywoodienne ne rechignant en rien sur les effets spéciaux ? Non, ce sont là bien des paroles d’évangile !
En cette fin d’année liturgique, ce dimanche et le prochain nous invitent résolument à envisager la perspective de la fin des temps. Dimanche prochain, d’ailleurs, nous fêterons le Christ, Roi de l’Univers, c’est-à-dire ce Christ remettant entre les mains du Père l’univers entier enfin transformé dans et par l’amour divin. C’est d’ailleurs le mystère et la force de la liturgie de nous faire faire l’expérience dans notre propre vie, et d’année en année, du salut de Dieu : nous contemplons déjà, mais sans y être encore, la perspective de la fin des temps ; et à peine y serons-nous parvenus que déjà, entrés en Avent, nous implorerons et attendrons à nouveau la venue du Seigneur.
Deux maîtres-mots suffisent, je crois, à définir le message de la liturgie aujourd’hui : vigilance et confiance. Par delà le décor apocalyptique planté, et il faudra revenir sur ce terme, nous rejoint la phrase de Jésus : « mes paroles ne passeront pas ». Ainsi établis dans la confiance, nous pouvons envisager sereinement, sans les connaître, le jour et l’heure du retour du Fils de l’Homme.

I.- Un décor apocalyptique.

Quand Jésus s’adresse à ses disciples en parlant de sa venue, il n’invente rien. Il reprend à son compte des images familières pour les juifs de son temps. Si ces mêmes images nous font quelque peu frémir ou suscitent en nous un goût plus ou moins douteux pour le fantastique, il n’en est rien à l’époque. En effet, à partir de l’Exil à Babylone, soit depuis 587 avant Jésus-Christ, la Bible est marquée par le double souci du Jugement de Dieu et du Salut qui le suivra. Cette attention portée à la fin des temps a été accompagnée par le développement d’une littérature de « révélation », c’est ce que signifie précisément le mot d’origine grec : apocalypse. Loin d’être une catastrophe, l’apocalypse est une révélation. Dans une période marquée par la divination et l’interprétation de visions, de songes…, la littérature apocalyptique, comme on l’appelle donc, use d’images bibliques pour présenter un message adapté à ces temps nouveaux. Ce message est très souvent de l’ordre d’une théologie de l’Histoire : c’est-à-dire d’une relecture du passé avec les yeux de la foi, pour y discerner la présence et l’action de Dieu, en vue de mieux vivre le présent, et en orientant le regard vers le couronnement de la fin des temps.
Il y a là sans doute une belle leçon à retenir pour les hommes et les femmes du XXIème siècle que nous sommes : revisiter notre passé, celui de notre société et le nôtre propre, avec les yeux de la foi ; y voir Dieu à l’œuvre pour nous encourager à poursuivre notre route ; nourrir notre espérance dans la certitude qu’en définitive Dieu sera le plus fort.

II.- « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas ».

Certains se perdent à scruter le ciel pour y voir des signes merveilleux, d’autres courent d’apparition en apparition, d’autre encore se fascinent pour les sciences occultes, mais que font-ils ? Ils perdent leur temps. Ils croient se renseigner sur une fin dont seul le Père connaît le jour et l’heure. Ils perdent leur temps. Ils en oublient de se convertir et de demeurer vigilants dans la prière. « Cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive ». Oui, le Règne de Dieu n’est pas un concept, il n’est pas un événement historique, du moins pas à vue humaine – le temps de Dieu n’est le temps de l’homme. En Jésus, ce Règne est déjà à notre porte. Il est mis entre nos mains pour le conduire, avec le Christ, à son achèvement.
Le Jésus qui parle ainsi de sa venue n’est pas un autre que celui qui s’apprête à mourir sur la croix et à ressusciter dans la gloire. Sa cause sera prise en main par le Père : sa résurrection sera la réponse de ce même Père à l’engagement fidèle du Jésus de l’histoire en faveur du monde entier. La fin des temps trouve, pour nous, son sens et se fonde sur l’évènement de la résurrection. N’y en a-t-il pas déjà là l’annonce ? Ce qui est vrai pour Jésus, ce jour de Pâques le sera pour nous aussi, un jour. La victoire de Jésus est définitive : nul ne saurait la remettre en cause ou la modifier. C’est en ce sens qu’il nous faut entendre : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas ».

III.- « Quant au jour et à l’heure, nul ne les connaît ».

Si la foi est avant tout une affaire de confiance, elle n’est pas que confiance aveugle. J’ai conscience que cette formulation est limite : car, quand même, il est des situations où nous n’avons aucune assurance hormis celle de la foi que Dieu viendra bien à notre secours ; car, quand même, Jésus sur la croix n’avait d’autre assurance que sa foi pour espérer que Dieu le relèverait d’entre les morts. Cette assurance-là, qui est plus qu’une espérance béate et un peu niaise, s’enracine, du moins pour nous, sur un fait bel et bien réel : la résurrection de Jésus. C’est un fait historique sur lequel nous pouvons nous appuyer. C’est encore cette même foi qui ne nous fait pas trembler devant la perspective de la fin de la temps mais nous remplit de joyeuse espérance.
Tout compte fait, ce jour-là sera-t-il le « jour de colère », le jour de la vengeance de Dieu ? Pour être honnête, nul le sait et nul n’en connaît les modalités. Mais ce sera sûrement le moment de l’amour enfin purifié, moment que Dieu jugera opportun pour récapituler toutes choses dans le Christ, moment où le pouvoir de son Christ lui sera remis, moment où, selon la géniale formulation de Paul, « Dieu sera tout en tous ». Quoi qu’il en soit ce jour sera celui de toute justice : tous les hommes de tous les temps, riches ou pauvres, bien-portants ou malades, seront placés sur un pied d’égalité et seront jugés à l’amour qu’ils auront eu les uns pour les autres.

Confiance et vigilance, voilà ce à quoi nous sommes tout particulièrement appelés. Devant ce secret de Dieu, il nous suffit de nous rappeler que nous sommes en sécurité dans sa main. Le monde aura une fin comme il a eu un commencement, mais ceux qui ont choisi l’amour ont déjà pris un chemin d’éternité.

AMEN.

Michel Steinmetz †

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