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samedi 13 juin 2009

Homélie de la solennité du Corps et du Sang du Christ - 14 juin 2009

"Voici le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle..."

En ce premier jour de la fête des pains sans levain que nous rapporte l’évangile de ce jour, notre messe prend naissance, l’eucharistie chrétienne commence. Le repas des chrétiens deviendra le lieu privilégié de la présence réelle du Christ dans son Église, à son maximum de densité. Le repas des chrétiens rendra réellement présents les mystères du Christ, tout ce qu’il a fait pour nous, surtout le don de soi jusqu’à la mort. Mais peut-être avons-nous banalisé ce repas ! Pourvu que ce soit vite terminé… Ne m’en demandez pas trop… J’assiste, je suis là, je fais mon devoir… De grâce, qu’il n’y ait pas trop de « salamalecs », comme je l’ai un jour entendu dans mon dos, alors que nous célébrions ensemble la messe… Que l’on rende des hommages aux chefs d’Etat, à des sportifs, à des personnages célèbres ne choque pas, mais qu’on essaye de faire un temps soit peu la même chose pour le Christ serait déplacé. C’est quand même un peu le monde à l’envers, vous ne trouvez pas ?
Comment ! Le Christ est réellement présent, et tu ne bouges pas ? On célèbre ta liberté, et tu restes enchaîné dans ta routine ? Tu es venu à la fête, et tu prends un air ennuyé ?
Aujourd’hui, dressons donc l’oreille durant la prière eucharistique. Cette prière est la nôtre, le prêtre la dit en notre nom à tous ! « Voici le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle ». Ces paroles, nous les y entendons à chaque eucharistie et elles nous sont si familières que, peut-être, nous n’y prêtons plus guère d’intérêt. Voici que les lectures de ce dimanche nous incitent à les ré-entendre de manière renouvelée.

I.- L’Alliance, tout d’abord.

Ce mot désigne parfaitement une réalité fondamentale de la foi. Car il traduit à la fois l’initiative première de Dieu en faveur du peuple qu’il s’est choisi dans son amour et le nécessaire acquiescement de ce peuple en retour. L’alliance suppose deux partenaires et leur consentement mutuel. Quand Moïse vint rapporter ce jour-là les paroles du Seigneur, le peuple, au bas du Sinaï, dit unanimement : « Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique ! ». Il répondait par là qu’il entendait recevoir l’initiative de Dieu et en vivre. Pour signifier ce choix de vie, il fallait symboliquement le marquer : Moïse dressait alors un autel, comme lieu du souvenir, et c’est le sang devait sceller ce pacte, cette Alliance de vie entre Dieu et l’humanité.

II.- L’Alliance nouvelle.

En Jésus, alors, l’Alliance entre Dieu et les hommes n’est pas dépassée ou rendue caduque, bien au contraire. Elle est pour ainsi dire refondée et portée à sa plénitude. Elle n’a plus besoin de rites de purification, ni de sacrifices. Elle n’est plus un évènement lointain, fondateur auquel on resterait fidèle ou auquel on reviendrait « de tout son cœur » dans une démarche de conversion. L’Alliance en Jésus est actuelle : elle est là sous nos yeux. « Jésus Christ est le grand prêtre du bonheur qui vient ». Car « la tente de son corps est plus grande et plus parfaite que celle de l’ancienne Alliance », nous apprend la Lettre eux Hébreux. Jésus, en effet, est devenu lui-même sacrifice offert une fois pour toutes. Quand nous célébrons son eucharistie, c’est cet unique et définitif sacrifice que nous célébrons. C’est à lui que nous nous unissons.

III.- L’Alliance éternelle.

Cette Alliance nouvelle est désormais définitive, c’est en ce sens que nous devons comprendre qu’elle est « éternelle ». Dieu ne présuppose, ni ne nous impose une réponse. En Jésus, pourtant, notre frère en humanité, il ouvre et trace un chemin : un homme comme nous, et pourtant tout fils de Dieu, a vécu l’Alliance au plus haut point. Il est demeuré fidèle en toutes choses à Dieu son Père, allant jusqu’à faire de sa vie un sacrifice d’amour pour le pardon des péchés. La voie de l’Alliance nouvelle et éternelle est désormais toute tracée à nos yeux. A la question du psalmiste, que nous pourrions faire nôtre : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? », nous pouvons répondre : en suivant le Christ, « en offrant – avec lui – le sacrifice d’action de grâce, en invoquant le nom du Seigneur ».
L’eucharistie est pour nous bien plus qu’une cérémonie du souvenir ; elle n’est pas non plus la célébration d’une communauté par elle-même, dans une glorification personnelle ou d’auto-valorisation du moi par moi. L’eucharistie est pour nous un « mémorial », c'est-à-dire le lieu où nous faisons mémoire, et où, ce faisant, nous croyons dans la foi que Dieu nous est réellement présent et qu’il ne cesse de poursuivre son œuvre au milieu de nous.

Ouvrons l’oreille tout à l’heure au cours de la prière eucharistique ! Goûtons les paroles de la grande prière de l’Eglise ! Puissions-nous avec respect, en cette fête du Corps et du Sang du Christ, refonder notre vie chrétienne dans l’Alliance nouvelle et éternelle !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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