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samedi 7 février 2009

Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 8 février 2009

Dimanche dernier, Marc nous donnait déjà un premier aperçu de ce que l’on pourrait appeler une journée-type Jésus. La journée avait commencé à la synagogue où Jésus a prêché avec autorité et a guéri un possédé. Dans l’évangile de ce jour, le voici quittant la synagogue accompagné de Jacques et de Jean pour aller chez Simon et son frère André. Ces quatre apôtres sont toujours nommés en premier lieu dans les listes d’apôtres, ils sont les témoins privilégiés de la vie du Christ.
Le passage de l’évangile que nous entendions à l’instant est en effet une sorte de résumé des activités de Jésus, en même temps qu'il nous en signale les points forts : prier, témoigner, guérir.

I.- Le temps de la prière

Jésus s'est reposé. Il connaît les limites de ses forces. Parfois même les apôtres doivent le tirer violemment de son sommeil alors que la tempête s'est levée sur le lac et qu'ils ont peur de sombrer. Il commence à prier alors qu'il fait encore nuit. Le texte grec nous dit : « au matin, tout à fait de nuit. » Il prie avant l'aube jusqu'à l'heure où se lève la lumière. C'est déjà toute une leçon. La première heure est à Dieu son Père.
Il a quitté la maison de la belle-mère de Pierre et s'est rendu, solitaire, dans un lieu calme et silencieux. Sa prière a besoin de cette dimension. Dans le même temps, il ne veut pas déranger ceux qui dorment encore. Il ne veut pas non plus que cet instant privilégié de tête-à-tête avec son Père puisse être interrompu par la présence indiscrète d'un apôtre matinal ou par les faits et gestes de la ménagère aux premières heures. En fait il n'est jamais totalement solitaire, replié sur lui-même comme le sont les adeptes des sagesses orientales. Il ne quitte le cadre de sa vie active que pour entrer en relation avec son Père. Nous en savons le contenu puisqu'il l'a révélé à ses apôtres au soir du Jeudi-Saint C'est une prière d'adoration et de jubilation : « Je te rends grâce, Père ! »
La prière de Jésus est parfois bien loin de notre propre prière : nous estimons que nous avons tellement de choses à demander, et surtout à obtenir, que nous en devenons très bavards. Il nous est alors difficile de nous laisser imprégner de cette présence divine mais nous pourrions entrer pleinement dans l'intimité de Dieu, si nous savions sortir de nous-mêmes, de nos préoccupations, de nos habitudes où s'enlise notre personnalité d'enfants de Dieu. « Il sortit et il alla dans un endroit désert. »

II.- Le cri du cœur

La prière de Jésus ne le détache pas du monde des hommes. Bien au contraire, elle l'y enracine. Son humanité entière leur est consacrée. C'est pour ses frères qu'il est venu leur apporter le salut et la découverte de la gloire de Dieu.
« Il proclame la Bonne Nouvelle ». Cette formule revient deux fois pour indiquer ce qui est trame de ses journées. Il proclame, et le verbe grec « kerussein » est significatif. C'est « crier » d'où vient d'ailleurs l'étymologie de ce terme français. Certains commentateurs disent qu'il devait parler fort pour être entendu par la foule. Saint Marc a choisi un terme qui n'a pas le sens d'intensité phonique, mais qui utilisé quand on veut dire : « le cri du cœur. »
Sa prédication n'est ni fade ni doucereuse. Elle est le cri de la Vérité, même quand il parle paisiblement ou amicalement. Il impressionne par la qualité de ses affirmations et non par sa véhémence.
Parler de son Père est une nécessité qui s'impose à lui, comme elle s'impose à ses disciples. « C'est pour cela que je suis sorti. », entendez : que je suis sorti vers la foule, que je suis sorti aussi du sein du Père puisque la volonté de Dieu est de se révéler aux hommes. A la suite de Jésus, Paul dira de même aux chrétiens de Corinthe : « C'est une nécessité qui s'impose à moi ! ».

III.- Guérir et libérer

Jésus, tout au long de sa vie, a combattu les maux dont souffre l'homme. Ils s'appellent ignorance, fièvres, esprits mauvais. L'annonce du salut s'accompagne non par des faits magiques ou étonnants, mais par des « signes » que le Règne de Dieu est à proximité de ceux qui l'entendent ou le rencontrent. Dieu, par le Christ Jésus, est victorieux de tout ce qui fait mal à l'homme et à tout homme.
La première lecture de ce dimanche, tirée du livre de Job, nous envahit par son pessimisme : « La nuit n'en finit pas. » Ce passage est trop bref pour exprimer tout le cheminement spirituel de ce pauvre homme Job, car ce livre n'est pas un livre de désespérance. En dépit de cette situation de détresse, Job maintient sa fidélité à un Dieu dont les desseins et les actes qui les traduisent, le dépassent.
Dans cette nuit où se trouvent souvent les hommes, le Christ, lumière, vient apporter sa clarté décisive et faire naître une espérance véritable.
Cette guérison, cette libération du mal, se fait sans paroles inutiles. Il ne se perd pas en de longues justifications ou en commentaires prolixes. Quand Jésus guérit la belle-mère de Pierre de sa fièvre, non une banale petite grippe mais sans doute une fièvre dangereuse des pays chauds, Marc dit : « Jésus s’approcha d’elle, la prit par main et la fit lever ». Il est significatif que Marc utilise le mot « lever » qui, dans le Nouveau Testament, désigne la résurrection. Le geste du Christ laisse donc deviner autre chose qu’une simple guérison. Le geste du Christ est le signe de la grande guérison que le Messie veut réaliser pour l’humanité quand il se « lèvera » lui-même de la mort.
Cette fièvre, dit saint Ambroise, c’est notre avarice, notre envie, notre orgueil… dont Jésus veut nous guérir et dont nous serons délivrés à jamais lorsque nous entrerons dans la vie du monde à venir.

A notre tour, efforçons-nous de faire en sorte que nos journées ressemblent davantage encore à celles du Christ en y ménageant le temps de la prière, celui de l’annonce de la foi, véritable « cri du cœur », et celui où nous nous rendrons disponibles pour nous laisser guérir et relever de notre péché.

AMEN.

Michel Steinmetz †

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