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vendredi 13 février 2009

Homélie du 6ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 15 février 2009

De nos jours, nous ne dénombrons plus dans nos contrées aucun lépreux. Mais sommes-nous pour autant débarrassés de la lèpre spirituelle du péché qui gangrène notre vie ? N’avons-nous plus besoin de nous tourner en toute confiance vers le Seigneur pour qu’Il nous renvoie prendre place parmi la communauté des sauvés ?
Dans l’évangile que nous entendions, le lépreux vient vers Jésus avec une attitude de foi ; Jésus, ensuite, le guérit mais pas de n’importe quelle manière ; Il a, enfin, le souci de sa guérison sociale.

I.- « Si tu le veux, tu peux me purifier ! ».

C’est là, à n’en pas douter, une des plus belles phrases de l’évangile. Bravant l’interdit de la Loi de rester en-dehors de la société, et de ne s’approcher de quiconque, le lépreux se précipite vers Jésus, et se prosterne à ses pieds. Remarquez qu’il ne dit pas: « Purifie-moi ! », tel un ordre qu’il adresserait à Jésus. Il ne lui demande pas non plus de le guérir ; car il sait que son mal est double : physique et social. « Si tu le veux, tu peux me purifier ! », c’est-à-dire, si tu juges, Jésus, que je suis digne de recevoir de toi cette grâce, si telle est ta volonté, alors je sais, moi, que tu tiens de Dieu la puissance qui saura me purifier.
La guérison de la lèpre est considérée, dans le judaïsme de l’époque, comme un acte comparable à la résurrection des morts et attribuée à Dieu seul. Signe de l’approche du Règne de Dieu, elle accompagne la résurrection des morts et est comptée parmi les bienfaits de temps du Messie. On comprend mieux, alors, ce qui est en jeu par ce miracle.

II.- Jésus le purifie par le geste et la parole.

L’évangile nous dit que Jésus « est pris de pitié », une autre traduction possible est qu’il est « irrité », irrité soit parce qu’en s’approchant de lui, le lépreux enfreint la loi, soit plutôt parce qu’il contrarie la volonté qu’a Jésus de prêcher en évitant les attroupements et de ne pas être encore manifesté comme Messie et Fils de Dieu.
Quoiqu’il en soit, Jésus manifeste à son égard une profonde tendresse, une grande sollicitude. Et lui qui n’en est plus à son premier miracle, Il ne se contente pas d’une parole – qui pourrait suffire, Il enfreint lui-même la loi en touchant le malade. « Je le veux, sois purifié ! ».
A la publicité de ce miracle, Jésus ordonne la stricte consigne du silence. L’heure n’est pas encore venue pour lui d’être manifesté comme le Fils de Dieu. Pourtant, on sait que le lépreux ne pourra tenir sa langue et Marc, pour décrire son attitude, va même jusqu’à employer un mot grec proche de celui qui habituellement désigne l’annonce de l’Evangile, comme si le rayonnement de la puissance du Fils de Dieu ne pouvait être ni empêché ni contenu.

III.- Jésus a le souci de la réintégration sociale du lépreux.

On pourrait penser que le « travail » de Jésus s’arrête là. Après tout, n’a-t-il pas exaucé le souhait du lépreux ? Sa purification ne serait pas complète s’il n’allait se montrer au prêtre et si par cet acte il n’était officiellement autorisé à retrouver une vie sociale. Jésus montre son souci de la personne, en tant que telle. Le lépreux ne pourrait être heureux ni véritablement guéri si son mal social ne l’était au préalable.
On saisit plus justement le sens de cet évangile grâce l’heureux éclairage que nous en donne la première lecture qui nous le resituait dans le contexte de la loi juive. L’isolement du lépreux a une vertu sanitaire : il faut – et on le comprend – éviter toute contagion. C’est le prêtre qui est chargé de constater tant la maladie que sa guérison éventuelle. Ce « témoignage » a une valeur juridique, tel un acte d’huissier. Or Jésus n’est pas prêtre ; il renvoie à celui qui, car de service au Temple, a la faculté de procéder à ce constat.
Nous pourrions dire, un peu trivialement sans doute, que Jésus se soucie de « l’après-vente ». Grande leçon qui alors nous est donné, et plus particulièrement à ceux qui exercent au nom de la communauté un service caritatif ! De quel ordre est notre agir ? Nous satisfaisons-nous de soulager une pauvreté matérielle ? Sommes-nous attentifs aussi à la détresse spirituelle qui, souvent, y est liée ? Nous soucions-nous assez de l’accompagnement ?

De cet évangile, j’aimerais donc, chers amis, vous faire retenir trois éléments concrets :
1. Dans notre vie de prière, prenons garde à ne rien exiger du Seigneur, mais à reconnaître, comme le lépreux, dans notre demande la puissance de sa grâce.
2. Face à la misère et à la pauvreté, tant matérielles, que psychologiques ou spirituelles, que nous pouvons côtoyer, ne nous contentons pas d’un regard gêné et fuyant, d’une parole lointaine. Jésus a touché le lépreux, n’hésitons pas mettre les mains dans le cambouis !
3. Quand Jésus purifie le lépreux, il pose aussi un acte social. Souvenons-nous que l’évangile du Christ n’est pas que pour nous, pour notre confort, ou notre intérêt : il est pour le service de tous et par tous !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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