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mardi 26 août 2008

Homélie du 19ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 10 août 2008

Un peu paradoxalement sans doute, en ce temps de vacances où tout semble tourner au ralenti, la liturgie propose à notre méditation ce passage de l’évangile selon saint Matthieu : la tempête se déchaîne, les flots du Lac de Génésareth, appelé aussi « Mer de Galilée », que nous imaginons à tort bien calme, s’en prennent aux Apôtres.
Souvenez-vous : dimanche dernier, Jésus – désirant trouver un peu de paix dans la prière après la mise à mort de Jean-Baptiste – se laissait attendrir par les foules nombreuses venues à lui. Il décidait non seulement de les rassasier, à la demande insistante des disciples, mais aussi de les enseigner par le miracle de la multiplication des pains.
On imagine sans peine l’enthousiasme des compagnons de route après un tel signe. Jésus, cependant, y coupe court et les « oblige » à gagner seuls l’autre rive du lac pendant qu’il se retirerait « dans la montagne pour prier ». Puis, dans un deuxième temps, c’est la tempête qui ébranle le courage des Douze : à Jésus de faire de ce moment celui d’une confession de foi et d’un nouvel enseignement.

I.- La néccessaire respiration de la prière.


Après avoir nourri les foules, Jésus a toujours faim, faim de cette pause, de ce ressourcement que constitue la prière. Il s’est certes laissé déranger par la requête des Apôtres et la présence de la foule ; il n’en a pas moins oublié son désir de prier. Il remet à plus tard ce temps de prière indispensable pour lui, et le miracle de la multiplication des pains ne le remplace pas. Ce n’est pas parce qu’il a révélé quelque chose de Dieu par ses gestes et sa parole qu’il se dispense de s’en remettre à Dieu. Que de fois sommes-nous dérangés dans notre prière ! Nous trouvons enfin en moment propice pour nous consacrer entièrement et uniquement à Dieu, pour lui parler et voilà que nous en sommes détournés. Alors nous laissons là la prière et nous oublions d’y revenir. Nous continuons certes de répondre aux justes sollicitations comme autant de témoignages en acte mais peu à peu la source se tarit : nous ne nourrissons plus guère, nous ne témoignons que très imparfaitement de Celui au nom de qui nous agissons.
Jésus nous redit l’impérieuse nécessité de la prière : pour nourrir, il faut être soi-même nourri ! Et les Apôtres, criant au secours au milieu de la tempête, se voient reprocher leur manque de foi.

II.- La tempête comme lieu d’enseignement et de confession de foi.
Il est étonnant de constater que Matthieu précise que, dès le soir, la barque était au large. Le lac faisant 12 kilomètres, on peut donc penser que la barque était effectivement assez éloignée. Dès le soir, « elle est battue par les vagues » : or Jésus ne vient vers les Apôtres qu’à la quatrième veille de la nuit, soit à son dernier quart, entre 3 et 6 heures du matin. Pourquoi ? Ne souhaite-t-il pas comme avec la multiplication des pains non pas tant les rassurer que de les enseigner ?
Saint Hilaire de Poitiers, un des apôtres de la Gaule dans la deuxième moitié du IVème siècle, met déjà en évidence la forte symbolique de ce récit. « Si Jésus est seul le soir, - écrit-il - cela montre sa solitude à l’heure de la Passion, quand la panique a dispersé tout le monde. S’il ordonne à ses disciples de monter dans le navire, de passer la mer, pendant qu’il renvoie lui-même les foules, et celles-ci une fois renvoyées, s’il monte sur une montagne, c’est qu’il leur ordonne d’être dans l’Eglise et de naviguer par la mer, c’est-à-dire le monde, jusqu’à ce que, revenant dans son avènement de gloire, il rende le salut à tout le peuple qui sera le reste d’Israël. Sur ces entrefaites, les disciples sont portés de côté de d’autre par le vent et la mer et sont ballottés par toutes les agitations du monde. Mais le Seigneur vient vers l’Eglise errante et naufragée. Il viendra en effet au plus fort de l’anxiété et des tourments. »
Les Apôtres – est-ce finalement si différent pour nous ? – ne savent que faire en pleine tempête. Ils crient vers Jésus, implorant son aide. Et voici que celui qu’ils proclament « Fils de Dieu » vient vers eux : il marche sur les eaux, montrant sa puissance sur le mal qui n’a aucune prise sur lui ; il accompagne le jour qui se lève dans cette luminosité si particulière de la fin de nuit, annonçant déjà la clarté du matin de Pâques. Malgré ces signes, Pierre doute encore : « Si c’est bien toi, Seigneur, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux ! ». Jésus est Fils de Dieu, en tant qu’il arrache à l’abîme par delà une foi défaillante ou hésitante : il en arrache ceux qui sont dans la barque, ceux qui vraisemblablement, comme y invite Matthieu, forment l’Eglise.

Jésus nous enseigne, une fois encore. Un vieux cantique nous faisait chanter : « ta barque est en butte aux vagues sans fin ». Oui, le lot de l’Eglise est d’être toujours en tension avec les agitations du monde. Ce n’est cependant que dans ce même monde que l’Evangile se doit d’être annoncé « à temps et à contre-temps ». Jésus nous rappelle qu’à sa suite la prière est le fondement indispensable d’une existence qui se veut résolument chrétienne, fondement car ressourcement, dynamisme, remise en question.
Puisse ce temps d’été être pour un chacun d’entre nous l’occasion de nous interroger en vérité sur notre manière de prier : cédons-nous à la tentation de la dispersion et de l’abandon de la prière ? Dans les agitations du monde, nous contentons-nous de céder au scepticisme ambiant, ou, au contraire, trouvons-nous dans la relation à Dieu l’énergie pour témoigner que « Jésus est le Fils de Dieu » lui qui vient à nous au cœur de la tempête comme de la « brise légère » ?

AMEN.

Michel Steinmet +

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