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samedi 17 mai 2008

Homélie de la solennité de la Trinité - dimanche 18 mai 2008

Qui est Dieu ? Voilà la question qui nous est lancée à l’occasion de cette fête de la Trinité. Bien souvent nous nous demandons comment vivre notre foi, comment la mettre en œuvre ; il ne faudrait pas oublier que la foi est avant tout une relation avec Dieu. Comment alors penser les termes d’une relation sans connaître, sans apprendre à connaître Celui que nous entendons ainsi rencontrer. Qui est Dieu ? La grâce nous est faite aujourd’hui de nous laisser interpeller par la Parole de Dieu et de réajuster notre image de Dieu et aussi notre image de l’homme !

I.- Un secret d’amour

Ce que l’on appelle «le mystère de la Sainte Trinité» est beaucoup plus un secret qu’un mystère, un secret que Dieu révèle à ceux et à celles qui prennent le temps d’écouter sa parole et qui font un effort pour en vivre. Nous découvrons un Dieu bon, paternel, plein de compassion, qui accueille la prostituée et le collecteur d’impôts, qui approche les lépreux et les aide à réintégrer leur communauté respective, qui pardonne à Pierre et fait place au bon larron, qui est proche de nous, habite en nos cœurs et nous donne le courage de faire face aux intempéries de la vie.
Notre connaissance de Dieu ne vint pas de nos spéculations savantes mais de la révélation qu’il nous fait de lui-même. Voltaire a dit : «Dieu a fait l’homme à son image et l’homme le lui a bien rendu ». Il n’avait rien compris au christianisme. Nous n’avons pas inventé Dieu, c’est lui qui s'est révélé à nous à partir d’Abraham et de Moïse ! Et d’ailleurs, si nous l’avions inventé à notre image, il ne s’appellerait pas «Dieu de tendresse et miséricorde!». Nous pouvons spéculer et philosopher sur l’existence de Dieu, mais sans la révélation, jamais nous n’arriverions à la conclusion que notre Dieu est un Dieu Trinité, un Dieu d’amour et de bonté.
Ce Dieu de tendresse et d’amour nous invite à une alliance avec lui. Il nous inspire et nous fortifie, il est notre soutien et notre réconfort. Parce que nous avons été créés à son image, Dieu nous invite à l’imiter, à vivre comme lui : «soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux» (Luc 6, 36).

II.- L’unité de Dieu n’est pas une solitude : Il est communion et alliance.

Ce « Dieu -Amour » ne nous a été révélé que par la foi que nous transmet le Christ. L’échange d’amour entre le Père et le Fils et l’Esprit n’est pas un mystère facultatif que l’on peut mettre de côté quand on parle de Dieu.
On ne peut ni aimer ni s’aimer si on est seul. La solitude n’engendre aucun amour et l’amour du seul soi-même n’est qu’une sorte de narcissisme. Parce qu’il naît d’échange et de don, l’amour est nécessairement communion intime de plusieurs personnes. L’homme ne peut exister que s’il est en relation avec les autres et cette relation est constituée par l’amour. C’est là le sens nouveau du commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Remarquons qu’au livre de la Genèse, nous voyons Dieu donner à l’homme la mission de nommer les créatures, mais l’homme ne nommera pas Dieu. C’est Dieu qui se nommera lui-même devant Moïse comme le rappelle la première lecture de ce dimanche. En se nommant, Dieu ne fait pas « qu’afficher » ce qu’il est, il propose à l’homme une alliance, qui va trouver sa plénitude dans le don de Jésus, donné à l’humanité, don gratuit de son amour.

III.- Répondre à l’invitation et croire

Tel est notre Dieu, et notre vie s’en trouve transfigurée ! C’est bien de dire « je crois en Dieu », mais c’est notoirement insuffisant pour signifier la nature de notre foi qui est en même temps expérience de vie. Si notre foi ne s’attachait qu’au Père seul, en estompant le Fils et le Saint-Esprit, nous sombrions dans un vague déisme de plus en plus flou ; n’est-ce pas, hélas, le sort de beaucoup de “chrétiens” qui disent croire "en quelque chose". Si nous prétendions nous adresser au Fils seul, en gommant le Père et l’Esprit, nous tomberions dans un humanitarisme finalement assez plat, en une sorte d’athéisme fraternel d’inspiration chrétienne. Et si nous n’avions d’attention que pour l’Esprit seul, en effaçant le Père et le Fils, nous serions menacés d’un illuminisme inconsistant, où nous confondrions Dieu avec les agitations de notre cœur...
Nous croyons en Dieu qui est Père, créateur du ciel et de la terre. Ce Père nous fait don de son Fils : Il est Dieu-avec-nous. Pour que nous devenions nous-mêmes enfants de ce Père de bonté, nous recevons l’Esprit du Père et du Fils, Vie de Dieu communiquée, dont le rôle est de nous modeler chacun, à l’intime de nos vies, en fils du Père, de sculpter en chacun de nous les traits du Fils, de peindre en nous l’icône vivante de Jésus-Christ.
Quand au début de la messe et du toute prière chrétienne, nous traçons sur nous le signe de la Croix : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit », nous ne faisons rien d’autre que d’inscrire la Trinité sur notre corps, de signifier par ce geste que nous sommes unis à ce Dieu-Trinité.

Célébrer la Sainte Trinité huit jours après la fête de Pentecôte, ce n’est pas faire de la théorie sur Dieu ou se réfugier dans de pieuses abstractions. C’est parler d’une expérience. C’est exprimer quelque chose de notre destinée humaine, appelée à partager la vie divine. C’est grandir dans notre identité de baptisés. C’est devenir fils dans le Fils, animé du même Esprit que lui.

AMEN.

Michel Steinmetz +

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