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samedi 24 mai 2008

Homélie de la solennité de la Fête-Dieu - dimanche 25 mai 2008

"Devenez ce que vous recevez, recevez ce que vous êtes ». Cette phrase ne figure pas dans les Ecritures, mais elle est célèbre parce que nous la devons à saint Augustin. Prenons, si vous le voulez bien, un instant la mesure de cette affirmation. N’est-ce pas trop flatteur ? Car en disant « Amen » à celui qui nous présente à la communion le « Corps du Christ », nous acceptons d’ouvrir notre porte à l’hôte intérieur qui a dit : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi » (Ap. 3, 20). Mais la phrase d’Augustin va plus loin encore. Si nous suivons son raisonnement, ce que nous recevons, c’est le « Corps du Christ », c’est-à-dire le Christ offrant sa vie pour le salut du monde. « Ce que nous sommes », c’est donc aussi le Corps du Christ avec cette exigence terrible de vie donnée à notre tour, comme Jésus.
Car dans l’eucharistie, c’est bien cet échange qui se reproduit sans cesse : nous devenons participants du sacrifice du Christ sur la croix et de son mystère pascal.

I.- Le Corps du Christ est nourriture.

Quand, au cours de sa longue et pénible marche dans le désert, le peuple d’Israël se met à douter, qu’il éprouve la pauvreté et la faim, Dieu, certes, le met à l’épreuve mais il le réconforte aussi. Tombe du ciel un pain étrange, mystérieux, inconnu : on l’appellera la « manne », qui signifie en fait dans le langage hébreu : « qu’est-ce que c’est ? ». Ce pain révèle ce qu’il y a dans le cœur de l’homme. Car recevoir en nous le Christ nous place dans la vérité de Dieu : le pain consacré exige de l’approcher avec respect et honnêteté. Il est aussi « pain des forts », celui qui donne courage et nous fait progresser dans l’amitié de Dieu. Il nous fait « découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Quand nous reprenons la prière du Sauveur, que nous nous adressons à Dieu en l’appelant « Notre Père », nous demandons que nous soit donné « aujourd’hui notre pain de ce jour », non pas bien sûr une pitance journalière qui nous dispenserait de toute autre nourriture, mais une nourriture spirituelle – et physique – car capable de nous rendre forts dans les épreuves et libres devant le mal. Oui, la manne des Hébreux au désert annonçait déjà le pain de l’eucharistie comme nourriture venant de Dieu.
« Devenez ce que vous recevez… ». Sommes-nous, frères et sœurs, à notre tour nourriture pour ceux qui nous entourent ?

II.- Le Corps du Christ est communion.

C’est cette fois saint Paul qui, dans sa première lettre aux Corinthiens, nous révélait un autre aspect essentiel de l’eucharistie. Le Corps du Christ est communion. Le mot latin communio porte l’idée d’une d’une association, d’une participation, d’une communauté. Ainsi, quand nous recevons le Corps du Christ, nous nous trouvons associer non seulement à lui, bien évidemment, comme membres de ce Corps, mais aussi entre nous. Tous nous faisons la même démarche de communion, et tous nous recevons, bien que rompu, le même pain dans la même foi : il est pour chacun totalité du Christ qui se donne. Nous pouvons alors affirmer que, si l’Eglise fait l’eucharistie – entendez, qu’elle la célèbre –, l’eucharistie fait l’Eglise ! Oui, quand nous recevons l’eucharistie, nous sommes établis en communion les uns avec les autres et en communion avec le Christ. « La multitude que nous sommes est un seul corps », selon l’expression de l’apôtre Paul.
« Devenez ce que vous avez reçu… ». Sommes-nous réellement, chers amis, ferment de communion avec le Christ et entre nous ? Notre démarche vers l’autel n’est-elle pas parfois un contre-témoignage criant de la foi de l’Eglise ?

III.- Le Corps du Christ est Vie.

Dans l’évangile, Jean nous livrait l’enseignement de Jésus. Ce dernier se présentait alors « comme le pain vivant descendu du ciel ». Mais par différence avec la manne au désert, « qui mange de ce pain vivra éternellement », et ce pain n’est rien qu’autre que la chair du Fils de Dieu. En s’offrant sur la croix, en acceptant par amour la mort comme le terme et l’accomplissement de sa mission, Jésus se livre tout entier à nous. Il continue de nous être présent par le don de l’Esprit, mais aussi dans le pain qui est réellement, pour nous croyants, son corps. En acceptant de se donner de la sorte, il « demeure » en nous, comme dit Jean, c’est-à-dire qu’il vient jusqu’à habiter notre corps pour nous transformer de l’intérieur à son image. Cette transformation progressive nous conduit jusqu’à notre propre Pâque. Ce que Dieu donc a réalisé pour Jésus, il le fera aussi pour nous. C’est en définitive à un dessaisissement progressif de nous-mêmes que nous sommes conviés : il faut accepter de toujours faire plus de place en nos vies à Dieu.
« Devenez ce que vous avez reçu… ». Sommes-nous conscients qu’en communiant c’est cela qui se produit ? Acceptons-nous de laisser transformer et modeler à l’image du Christ ? Sommes-nous, à notre tour, Vie de Dieu pour nos frères ?

Le Pape Benoît XVI invitait les croyants, en célébrant lui-même la Fête-Dieu, jeudi dernier, dans les rues de Rome à voir dans l’eucharistie une « force de la révolution chrétienne », la « plus profonde de l'histoire humaine », qui donne à l'homme une « vraie liberté ». Il concluait son homélie ainsi : « Adorer le Corps du Christ veut dire croire qu'en lui, dans ce morceau de pain, il y a réellement le Christ, qui donne un vrai sens à la vie, à l'immense univers et à la créature la plus petite, à toute l'histoire humaine comme à la plus brève existence. L'adoration est prière qui prolonge la célébration et la communion eucharistique et dans laquelle l'âme continue à se nourrir : à se nourrir d'amour, de vérité, de paix ; se nourrit d'espérance, parce que Celui devant lequel nous nous prosternons ne nous juge pas, ne nous écrase pas, mais nous libère et nous transforme ». C’est là le sens que nous donnerons à l’adoration qui clôturera la procession tout à l’heure.

AMEN.

Michel Steinmetz +

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