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vendredi 25 avril 2008

Homélie du 6ème dimanche de Pâques (A) - 27 avril 2008

Le temps pascal nous fait revenir à la grâce du baptême ; les cinquante jours, de Pâques à Pentecôte, sont considérés comme un jour de fête unique. D’ailleurs la liturgie a le souci de nous maintenir dans cette tonalité festive : le cierge pascal est allumé à chaque messe dans le chœur de l’église, le dimanche nous nous préparons à la célébration de l’eucharistie en étant marqués de l’eau bénite qui nous rappelle celle de notre baptême. Quand nous disons la foi de l’Eglise nous le faisons en nous souvenant que dans la nuit de Pâques cette profession de foi a renouvelé en nous les engagements de notre baptême. Le texte de la préface de la messe, enfin, mentionne qu’il « est juste et bon de louer le Seigneur mais plus encore en ces jours-ci où le Christ, notre Pâque, a été immolé ». Le temps pascal est bien, chers amis, un temps liturgique d’une particulière densité.
L’apôtre Pierre manifeste le souci, dans sa lettre aux chrétiens de Rome, de leur donner une feuille de route, de leur prodiguer quelques conseils pratiques pour vivre en authentiques disciples du Christ ressucité. Cette préoccupation devrait rejoindre la nôtre : en quoi le fait d’être baptisé me rend-il différent ? Quels sont les choix de vie qui s’imposent à moi ? Ai-je le souci de porter l’annonce implicite et explicite de la Bonne Nouvelle ? Je vous invite à nous arrêter quelques instants sur la feuille de route laissée par Pierre à ses contemporains.

I.- Connaître le Seigneur dans nos cœurs.

L’expérience fondamentale et première de la foi repose sur la certitude que Jésus est vivant et qu’il est à nos côtés. Il faut faire cette expérience-là, avant toutes autres. Saint Pierre nous disait, il y a quelques instants : « c’est le Seigneur, le Christ, que vous devez connaître dans vos cœurs comme le seul saint », c’est-à-dire que c’est lui qui doit occuper dans notre cœur une place à laquelle personne d’autre ne peut prétendre. Pas une place qui évincerait les autres, pas une petite place dans un coin encore disponible, non ! La première place, celle qui n’est en concurrence avec aucune autre, celle qui, au contraire, permet à tous les autres de tenir dans notre cœur. Car Il agit en nous comme ce dynamisme qui nous pousse à aimer en vérité, comme cette force qui repousse toujours plus loin les limites de notre cœur.
Connaître le Christ comme le seul Saint, c’est se mettre à son école, c’est adopter, peu à peu, les mêmes attitudes et sentiments que Jésus lui-même, c’est ne faire plus qu’un avec Lui au point de vivre en Lui comme il vit dans le Père ! Se mettre à l’unisson du Fils ouvre à la compréhension d’une part des relations qu’il entretient dans l’amour du Père, et d’autre part nous entraîne à adopter nous-mêmes ces dispositions de l’esprit et du cœur dans nos relations les uns avec les autres. Jésus est donc bien au centre, à la fois comme enseignement, révélation et invitation à faire comme Lui en toutes choses et en tous lieux.

II.- Rendre compte de l’espérance.

Vous le savez bien : beaucoup, aujourd’hui, pensent et disent, statistiques et sondages à l’appui, que tout va mal dans notre monde : les récentes « émeutes de la faim », comme on les appelle, nous interpellent par exemple quant à la souffrance d’hommes et de femmes de plus en plus nombreux et quant à l’avenir de l’humanité. C’est vrai : nous avons de quoi nous poser bien des questions. Pourtant, chrétiens, il est de notre devoir d’avoir un autre regard sur le monde : nous avons à regarder avec les yeux du cœur et de la foi. Parce que nous en faisons l’expérience dans nos vies, nous savons que Jésus est avec nous. « Si le monde est incapable de recevoir l’Esprit du Seigneur, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas – dit Jésus –, vous, vous le connaissez parce qu’il est en vous ».
Adultes dans la foi, il faut aussi se tenir prêt « à rendre compte de l’espérance qui est en nous ». Ne vous faites pas d’illusions : chrétiens, nous posons question. Vous posez question parce que la majorité de vos amis et de vos connaissances ne tiennent pas ou plus à la foi. Les chrétiens ont toujours été pris dans cette dialectique : ils sont du monde, mais leur patrie est auprès de Dieu. Il vous faudra de plus en plus avoir le courage d’expliquer votre choix « avec douceur et respect » : pas comme les fanatiques qui posent des bombes au nom de Dieu, mais en transpirant de l’amour de Dieu et étant fier de croire en Lui, sans être pour autant méprisant.

III.- Avoir une conscience droite.

A l’heure des magouilles, des petits arrangements, des trafics en tous genres, une fois de plus, les chrétiens font bande à part ! C’est vrai qu’il est tellement plus facile de faire comme tout le monde, de suivre les modes, de ne pas passer pour un « ringard » ! Les chrétiens sont appelés à développer une conscience droite, c'est-à-dire une conscience dont la vérité est le fondement. Dans le langage biblique, la vérité ne s’oppose pas à l’erreur mais à la vanité. Le contraire du vrai, ce n’est pas le faux mais c’est ce qui est vain, futile, trompeur, illusoire, mensonger. Le vrai est une catégorie plus morale qu’intellectuelle. Si le monde ne peut recevoir l’Esprit de vérité, c’est parce qu’il est rempli d’un esprit de suffisance, d’auto-suffisance. Il n’est que « poursuite du vent », comme dit l’Ecclésiaste (1, 14).
La vie droite – mais heureuse ! – que Jésus nous invite à vivre avec Lui posera, elle aussi, question. Et je suis prêt à parier qu’elle fera même changer de route ceux qui nous connaîtront ainsi. « Il vaut mieux souffrir pour avoir fait le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt que pour avoir fait le mal », dit encore saint Pierre.

Connaître le Christ dans nos cœurs, rendre compte de notre espérance, avoir une conscience droite, voilà la feuille de route des disciples du Ressuscité, voilà de quoi nous rendre heureux. Ceux qui se laissent mouvoir par l’Esprit de vérité sont dociles comme le vent de l’Esprit de Pentecôte, et solides comme le roc de la vérité ! Ils n’ont pas de solutions toutes faites et imparables pour toutes choses, mais ils savent que le Christ leur est présent jusqu’à la fin des temps. C’est là l’espérance dont ils rendent compte avec joie.

AMEN.

Michel Steinmetz +

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