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mercredi 30 avril 2008

Homélie de la solennité de l'Ascension du Seingeur - jeudi 1er mai 2008

Quarante jours après Pâques, il nous est donné de fêter l’Ascension de Jésus. Après avoir été ressuscité des morts, et s’être rendu visible aux siens, Jésus est élevé dans les cieux : il y rejoint le Père dans sa gloire, d’où il reviendra « pour juger les vivants et les morts ». Loin d’être un simple évènement prenant place entre Pâques et Pentecôte, l’Ascension se situe dans la logique du mystère pascal (I) ; elle en poursuit l’action et en manifeste la plénitude et les conséquences pour la nature humaine (II). Plus qu’un acquis et constat, l’Ascension définit les termes de la mission du baptisé pour tous les temps et l’attitude qu’il convient d’adopter.

I.- Une même dynamique pascale.

L’Ascension de Jésus est intimement liée à sa résurrection comme le soulignent plus encore que l’évangile de Matthieu ceux de Luc et de Marc. Sans s’astreindre à une rigoureuse chronologie des faits, il importe aux évangélistes de rattacher le retour de Jésus vers son Père à l’évènement pascal en présentant la résurrection et l’ascension comme un mouvement unique qui emporte le Seigneur dans la gloire. C’est ce que rappelle Paul dans sa lettre aux Ephésiens : « C’est la force même, le pouvoir, la vigueur, que le Père a mis en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité des morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux ». Les quarante jours qui séparent la résurrection de l’ascension n’en font pas deux évènements sans rapport l’un avec l’autre. Ces quarante jours correspondent au temps choisi par Dieu pour fortifier les apôtres et les disciples dans leur foi : Jésus ressuscité maintient sa présence physique à leurs côtés en leur apparaissant, en poursuivant son enseignement, en partageant même leur table. Son ascension n’est pas un accident venant mettre un terme à ce compagnonnage nouveau et inédit mais elle est la suite parfaitement logique de la résurrection dont l’œuvre se déploie dans le temps. Le Ressuscité devait monter aux cieux et pour siéger à la droite du Père et pour envoyer les apôtres en mission à sa suite dans la force de l’Esprit dès lors à eux communiquée.

II.- La nature humaine élevée dans la gloire de Dieu.

Plus encore donc qu’un évènement, l’Ascension célèbre un mystère, celui de l’accomplissement de la Pâque dans le corps total du Christ, chef et membres. En effet, comme le disait l’oraison au début de cette messe, « l’Ascension du Christ est déjà notre victoire ». Elle ne concerne pas que Jésus vivant : elle nous rejoint déjà, nous qui restons sur terre. L’oraison poursuivait ainsi : « nous sommes les membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire ». Alors quand les apôtres restent à regarder vers le ciel, ils sont certes médusés et impressionnés par la scène à laquelle ils viennent d’assister ; ils sont sans doute consternés par le départ de Celui qui, malgré sa mort et sa résurrection, continuait de leur être quotidiennement présent ; ils contemplent aussi le ciel où désormais ils savent avoir une place près de Dieu. Par son ascension, « le Christ a fait entrer notre nature avec sa faiblesse dans la gloire de Dieu » (canon romain), il est « monté au ciel pour nous rendre participants de sa divinité » (2ème préface de la fête). Paul commente la victoire de Christ dont la plénitude est couronnée à l’ascension : « Le Père a établi [le Christ] au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent, quel que soit leur nom, aussi bien dans le monde présent que dans le monde à venir. Il lui a tout soumis et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l’Eglise qui est son corps… ». En Jésus ressuscité, l’humanité parvient à un niveau que jamais encore elle n’avait pu atteindre. Jésus, vrai homme et vrai Dieu, nous fait entrer avec lui dès à présent dans la gloire de Dieu. Notre humanité, si souvent marquée par la faiblesse, découvre un horizon insoupçonné : le ciel s’ouvre à elle.

III.- L’Ascension n’a rien d’une évasion.

Mystère de gloire, l’Ascension n’est pas pour le Christ une évasion de notre condition humaine (1ère préface) : Jésus a promis aux siens de demeurer avec eux jusqu’à la fin des temps. De même la contemplation du ciel n’est pas pour les chrétiens une évasion : si les anges rappellent aux apôtres que le Seigneur reviendra, c’est pour les renvoyer à leurs tâches, à la mission qu’ils ont reçue de témoigner de tout ce qu’ils ont vu. Regarder vers le ciel ou ne pas le regarder ? Là est la question ! La fête de l’Ascension provoque l’homme qui cherche à vivre authentiquement son engagement baptismal, non seulement à répondre à cette question, mais sûrement à accepter que la réponse n’abandonne aucun des deux termes de la question. C’est dans la tension de deux que se tient la réponse. C’est en regardant vers le ciel que l’on y discerne les choses de la terre et les attentes d’ici bas ; c’est en travaillant dans le monde que l’on y découvre les beautés d’en-haut. Entendez : les anges ne somment pas les disciples d’oublier le ciel et ce qu’ils ont vu en les invitant à aller de l’avant, ils les exhortent à ne pas oublier la mission qu’ils ont reçue de Jésus : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples… » et à ne pas mépriser le monde. La terre devient le champ de la mission désormais à cultiver sans relâche. Mais ils ne pourront mener à bien cette mission qu’en demeurant relier au ciel, c'est-à-dire à Dieu, dans la contemplation et la prière et en gardant les pieds sur terre.

C’est là un bel enseignement pour nous, à tous niveaux. Pour demeurer fidèle à notre vocation de baptisé, pour tenir la place qui est la nôtre en ce monde, nous avons à nous souvenir qu’il nous faut demeurer avec les yeux fixés au ciel, car c’est là que le Christ nous précède dans la gloire du Père, et les pieds sur terre, car c’est vers lui que la mission nous envoie. Loin d’être abandonnés, livrés à nous-mêmes pour savoir quoi faire, que dire, nous pouvons compter sur la présence bien réelle de Jésus à nos côtés.
« Vous savez qu’il est assis à la droite du Père ; mais cherchez-le, trouvez-le aussi près de vous, jusqu’à la fin, comme Il l’a promis ». (bénédiction solennelle).

AMEN.

Michel Steinmetz +

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