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samedi 19 janvier 2008

Homélie du 2ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 20 janvier 2008


Le temps ordinaire, ce n’est pas le temps qui s’opposerait à l’extraordinaire, le temps où il conviendrait d’attendre qu’il se passe à nouveau quelque chose, le temps de la banalité ou de la routine. Non, rien de tout cela ! Le temps ordinaire est, pour les catholiques, à la fois le temps où ils suivent Jésus sur les chemins de sa vie publique au milieu des hommes et le temps de sa présence à jamais donnée à son Eglise pour la suite des âges. Ici la routine n’a pas de place, car l’Evangile est toujours à vivre, toujours à annoncer, toujours à partager… à frais nouveaux ! La couleur verte des ornements sacerdotaux est une couleur de vie, expression d’une force secrète, sève qui monte au cœur de l’arbre et lui donne vie et verdure ; c’est aussi une couleur d’espérance, dans le quotidien des jours, c’est encore la couleur du fruit vert, promesse d’un fruit mûr. Le vert porte à l’espérance comme le printemps appelle les récoltes. Le Christ est la sève et l’espérance du grand arbre qu’est l’Eglise.
Il est significatif qu’au tout début du temps ordinaire la liturgie de l’Eglise propose à notre méditation le passage de l’Evangile de Jean que nous entendions. Jésus y apparaît comme l’Envoyé de Dieu, à la manière dont il est proposé à notre prière depuis quelques mois maintenant dans la sculpture de la Sainte-Famille au dessus du lieu de la présidence. Le Christ, digne et droit, s’avance vers le monde ; il sort d’une vie cachée pour témoigner de la bonté de son Père. Jean-Baptiste dans une scène on ne peut plus solennelle emploie deux images bibliques traditionnelles pour le présenter : il est à la fois l’Agneau de Dieu et celui que désigne la colombe.

I. – Jésus est l’Agneau de Dieu

Tout l’Ancien Testament semble ici convoqué dans cette vision grandiose du Baptiste au bord du Jourdain. L’agneau n’évoque-t-il pas Abraham, qui avait prédit à son fils Isaac : « Dieu saura bien trouver l’agneau pour l’holocauste » (Gn 22, 8) ? Ne fait-il pas allusion à cet agneau de la Pâque, dont le sang répandu sur les linteaux des portes des Hébreux en Egypte sauva le peuple de l’ange exterminateur au soir de l’Exode (Ex 12, 13) ? Son nom hébreu lui-même, taljà, ne signifie-t-il pas aussi bien « agneau » que « enfant » ou « serviteur » ? Ne nous met-il pas sur la voie de ce serviteur souffrant qui, d’après Isaïe, est comme l’agneau que l’on conduit à l’abattoir (Is. 53, 7) ? Jésus sera le Serviteur souffrant annoncé par l’Ecriture lorsqu’il portera sa croix ; il est aussi, n’est-ce pas ?, l’enfant béni du Père, cet enfant-Dieu que nous venons de fêter à Noël.

II. – Jésus est celui que désigne la colombe.

Depuis les temps diluviens de Noé, la colombe est le signe de la paix et de l’harmonie recouvrée (Gn. 8, 11) : c’est elle qui annonce la fin du déluge. Ses gémissements figurent aussi la prière des saints et le peuple éploré, tant chez Isaïe que dans les psaumes. Animal sans fiel et candide, symbole de pureté, elle est le seul oiseau offert en sacrifice au Temple (Lv 1, 14 ; Nb 6, 10 ; Lc 2, 24). Par son hébreu, yonah, elle désigne Jésus comme le vrai Jonas, qui sauve la vie des pécheurs en disant : « Prenez-moi, jetez-moi à la mer » (Jn 1, 12) : Jonas, en effet, livré aux mains des ennemis, est resté trois jours dans le ventre du montre marin avant d’en réchapper. La Tradition a toujours vu en lui l’annonce de la résurrection du Christ, demeuré trois jours durant dans l’obscurité du tombeau. Par son bec qui ne déchire point, la colombe peut aussi signifier les tendresses de l’amour. La bien-aimée est aux yeux de l’amant sa colombe, sa toute-belle, nous apprend le livre ô combien sensuel et poétique du Cantique des Cantiques (Ct 2, 14 ; 5, 2). Dans la mystique chrétienne inspirée de ce même livre, le Saint-Esprit est le baiser de Père pour le Fils. Quelle belle icône de la Trinité !

Le Jourdain, alors, on le devine, « battit des mains » pour reprendre l’expression du psaume 97, lorsque ses vieilles eaux usées, lasses d’avoir charrié tout le péché du monde, devinrent tout à coup si claires et baptismales qu’on y vit se mirer à la fois l’agneau de Dieu, en la personne de Jésus, et la colombe qui le désignait comme le « Fils de Dieu ». Jean-Baptiste en témoigne ; sa mission y trouve son sens. Voici qu’aujourd’hui le Fils bien-aimé prend à son compte les paroles du psaume : « Dans ma bouche, le Seigneur a mis un chant nouveau, une louange à notre Dieu. Tu ne demandais ni holocauste, ni victime, alors j’ai dit : ‘Voici, je viens !’ ». C’est encore lui qui parle, en reprenant les mots d’Isaïe : « Oui, j’ai du prix au yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. » Par le baptême d’eau et d’Esprit, ne nous sommes pas enfants d’un même Père ? Ne sommes-nous pas donc frères dans le Seigneur et avec lui ? Si le Christ s’applique à lui-même la phrase du prophète, combien nous rejoint-elle aussi ! Alors, j’ose vous le redire, à vous tous et à chacun en particulier : oui, tu as du prix aux yeux du Seigneur, ton Dieu est ta force ! Puissions-nous, ensemble, en réponse et avec Jésus, dire : Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté !

AMEN.

+ Michel Steinmetz.

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