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jeudi 25 janvier 2007

Homélie du 3ème dimanche du temps ordinaire (C), à l'occasion de la Semaine de Prière pour l'Unité des chrétiens - 21 janvier 2007


« Notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ». Cor. 12,12.

Il est sans doute providentiel d’entendre ce passage de la lettre aux Corinthiens au cœur de la semaine qu’habituellement nous consacrons à la prière pour l’unité des chrétiens. Demain d’ailleurs les chrétiens de notre cité se rassembleront pour se tourner ensemble, et malgré leurs divisions, vers leur unique Seigneur et Maître.
Face à de telles démarches, face à l’œcuménisme, certains demeurent parfois dubitatifs ou critiques. Parfois, il faut bien l’avouer, nous pouvons nous demander quelles sont les avancées tangibles en la matière. Mais à résonner ainsi, ne faisons-nous pas, les uns et les autres, fausse route ? L’œcuménisme peut-il se mesurer et s’estimer comme on juge de l’action politique d’un gouvernement ? Il est bon de réentendre ici les paroles du Cardinal Congar, un des plus grands théologiens du XXème siècle :
« L’œcuménisme spirituel a été peut-être le plus efficace. On comprend qu’on puisse éprouver une certaine lassitude à célébrer pour la énième fois la Semaine d’universelle Prière pour l’unité. C’est la tentation de toute vie de prière. Mais la pratique de l’œcuménisme spirituel est nécessaire pour donner sa qualité et sa profondeur à l’engagement séculier ensemble. L’unité est une grâce, l’œcuménisme est un immense processus de grâce. La prière est indispensable pour honorer sa nature profonde ».
Oui, d’après Congar, l’œcuménisme est d’abord spirituel. Non qu’il ne se concrétise pas aussi dans des actions, il est d’abord un mouvement commun de recentrement de tous sur la personne du Christ.
Parce que nous formons un même corps, nous avons à privilégier l’intérêt du corps ; parce que nous sommes un même corps, il nous faut retrouver l’unité ; parce que, par delà les divisions, nous demeurons un même corps, nous avons à faire croître la communion.

I.- Parce que nous sommes un même corps, nous avons à privilégier l’intérêt du corps.

Comme la main, le pied ou l’œil sont indispensables au corps entier, nous avons à redécouvrir au sein de nos communautés chrétiennes le sens du corps. Je m’explique. Nous avons à redécouvrir le sens de la communauté qui dépasse nos intérêts personnels, nos revendications égocentriques. La main, le pied, l’œil, ou n’importe quelle autre partie du corps, ne sont jamais là pour eux-mêmes, mais bel et bien parce qu’ils participent d’un tout sans lequel ils n’auraient aucune raison d’être.
C’est ici, à mon avis, le premier pas de l’œcuménisme : faire grandir entre nous le sens de la communauté et de son unité. Non celle autour de personnes, mais celle autour de l’unique centre : le Christ Jésus. Pour cela, nous aurons à discerner dans la foi et la prière ce qui vient de Dieu et ce qui ne vient pas de lui. Nous aurons toujours à nous soumettre humblement et avec joie à l’intérêt du corps, même si ce dernier ne fait pas d’abord le nôtre.

II.- Parce que nous sommes un corps, nous avons à vivre d’une unité retrouvée.

Ainsi donc, parce que nous serons plus unis, parce que nous trouverons notre satisfaction à participer d’un tout, parce que nous aurons fait le deuil salutaire de la prétention d’être nous-mêmes le tout, parce que nous aurons trouver notre place, alors nous pourrons comprendre avec justesse l’unité à retrouver. En effet, dans le corps ecclésial, chacun a sa place : que peut faire un corps humain sans une oreille qui entende, sans un pied qui le guide, sans un œil qui le dirige ? A quoi bon avoir une oreille qui sente les odeurs ? et des yeux qui entendent ?
Dans l’Eglise, dans une paroisse, il en est de même : chacun a sa place à trouver, mais chacun doit rester à sa place ! Dieu a organisé son peuple saint de telle manière que les tâches soient organisées : il y a les apôtres, les prophètes, ceux qui sont chargés d’enseigner, de guérir, d’assister… Aujourd’hui, nous dirions, mais toujours avec la même vérité, qu’il y a des ministres ordonnées, des prêtres, des catéchistes, des visiteurs de malades, des bénévoles, des membres d’un conseil pastoral ou de Fabrique. Chacun a une place à tenir, mais la mission de chacun est différente. C’est cette complémentarité qui fait à la fois la force et la sagesse de l’Eglise pour qu’avance le Royaume. Car il ne s’agit en définitive de rien d’autre. Ici les conflits d’intérêts n’ont pas leur place. Ils en deviennent même répugnants.

III.- Parce que nous sommes un corps, nous avons le devoir de faire croître la communion par la conversion.

Avant de parler d’unité retrouvée avec les communautés ecclésiales sœurs, avant de surmonter les déchirures de l’Histoire, la communauté chrétienne doit sans doute progresser dans son unité concrète et dans la communion de tous ses membres. Comment ne pas être saisi par les paroles de Paul : « Dieu a voulu qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient le souci les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie » ?
L’œcuménisme n’est pas une activité parmi d’autres, qui nous solliciterait chaque année à la faveur d’une semaine : il est une conversion permanente de chacun. Bien sûr, il est des questions théologiques à régler ; bien sûr, il est des contacts humains à développer, des amitiés à faire croître ; tous ces efforts seront vains s’ils n’auront pour fondement la prière et pour unique but la figure du Christ.

Au moment où nous prions pour l’unité de l’Eglise, n’oublions pas de demander la grâce d’en vivre déjà entre nous. Alors l’œcuménisme sera inscrit comme un programme de vie au cœur de nos existences, répondant à l’appel pressant de Jésus lui-même dans sa prière au Père : « Que tous soient un, comme toi et moi nous sommes Un ! ».


AMEN.

+ Michel Steinmetz.

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