En des temps où la
métaphore médicale et vaccinale est de mise, je ne vais donc pas m’en priver,
et vous voudrez bien m’en excuser. En naissant en effet dans le monde, le Fils
de Dieu nous apporte en lui-même un bien qui régénère l’humanité de l’intérieur.
Il n’agit pas comme un agent extérieur qui viendrait remettre une nouvelle couche
de vernis en des endroits où il se serait craquelé. Le Fils de Dieu fait
beaucoup plus : il inocule dans l’humanité ce qui semblait lui faire
défaut. Alors que son immunité collective, sa propension à faire le bien, s’était
dangereusement fragilisée, il vient stimuler son système immunitaire pour qu’à nouveau
le mal puisse être rejeté et le bien choisi. Cela se passe discrètement, comme
souvent avec Dieu, dans l’humilité d’une étable de Bethléem avec pour seuls
témoins des bergers, c’est-à-dire les parias du moment, des quasi-SDF. Le ciel,
lui par contre, ne s’y trompe pas : il sait ce qu’il se passe et combien
ce changement sera déterminant. « Il y eut avec l’ange une troupe céleste
innombrable, qui louait Dieu… ».
De fait, l’homme et
la femme avaient été créés pour le bien, dès le jardin de la Genèse, là où Dieu
reconnut lui-même « que tout cela était très bon ». L’exercice
périlleux mais indispensable de la liberté avait conduit Adam et Eve a succombé
aux tromperies du Malin, pensant mieux savoir que quiconque ce qui serait bien
pour eux. Cette apparente liberté n’était qu’une soumission. De nos jours, nous
constatons combien l’exercice de la liberté peut être entaché par les
idéologies, les complotismes, les pseudo-savoirs. Celles et ceux qui croient
détenir l’information capitale sont prisonniers de ce que d’autres veulent qu’ils
croient. Cela n’est pas bien. Et cela n’est pas le bien. Dieu n’est pas venu à
notre rencontre pour une telle réduction. Comment alors mesurer le bien ?
Il est clair qu’il se dessine et se construit dans notre conscience, pour peu
que nous laissions l’Esprit-Saint l’éclairer. Le bien, cependant, se mesure
aussi aux frontières de l’égoïsme qu’il sait nous faire franchir. Le bien est
toujours supérieur à la somme de nos intérêts personnels. Peut-être même quand
il s’agit de se faire vacciner pour soi et les autres…
Le bien, enfin, est
un mouvement, une propension de la grâce manifestée en Jésus à venir infuser notre
âme. Le bien, quand il est « bien », se diffuse et se répand. Voilà
pourquoi Paul parle de « faire le bien ». Ce soir, frères et sœurs, nous
ne sommes pas rassemblés pour fêter un anniversaire, aussi illustre soit-il, ni
encore pour nous souvenir d’un événement insigne de l’histoire des hommes. En
célébrant la venue du Christ au milieu de nous, nous nous souvenons que le bien
qu’il est venu nous inoculer est un antidote efficace contre le mal : il « nous
apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans
le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété ».
Cela passera à la
fois par la manière dont nous accueillerons le cadeau de Dieu pour nous, et par
la manière dont nous en vivrons en vivant pour les autres, sans jamais épuiser
la « grâce manifestée » et reçue. Comment ne pas se réjouir d’un tel
vaccin capable de venir à bout de tous les maux du monde que nous sommes
prompts à dénoncer ?
AMEN.
Michel Steinmetz †
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