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jeudi 23 décembre 2021

Homélie pour la messe de la nuit de Noël - 25 décembre 2021

Que vous soyez petit ou grand, peut-être – sans doute même – avez-vous, ces derniers jours, songé au cadeau que vous alliez recevoir à Noël… Cadeau désiré, voire dont le désir aura été clairement exprimé mais sans savoir s’il sera exaucé ; cadeau auquel vous ne vous attendrez absolument pas ; voire cadeau qui entraînera déception… Mais ce présent d’une manière ou d’une autre vous sera offert pour que vous le receviez. Les plus petits sont mangé par l’impatience et les adultes que nous sommes reçoivent en retour le cadeau de ces yeux scintillants de joie au moment de déchirer les emballages. Noël, c’est avant tout le cadeau que Dieu nous fait de lui-même. Mais pas seulement. Car cette libéralité divine entraîne son lot de conséquences, dont nous ne mesurons sans doute pas assez les effets. Ainsi, saint Paul, nous l’entendions, emploie une parole quelque peu mystérieuse : « il s’est donné pour nous… afin de faire de nous un peuple ardent à faire le bien ». Le bien : serait-ce là le cadeau de Dieu en cette nuit ?

 

En des temps où la métaphore médicale et vaccinale est de mise, je ne vais donc pas m’en priver, et vous voudrez bien m’en excuser. En naissant en effet dans le monde, le Fils de Dieu nous apporte en lui-même un bien qui régénère l’humanité de l’intérieur. Il n’agit pas comme un agent extérieur qui viendrait remettre une nouvelle couche de vernis en des endroits où il se serait craquelé. Le Fils de Dieu fait beaucoup plus : il inocule dans l’humanité ce qui semblait lui faire défaut. Alors que son immunité collective, sa propension à faire le bien, s’était dangereusement fragilisée, il vient stimuler son système immunitaire pour qu’à nouveau le mal puisse être rejeté et le bien choisi. Cela se passe discrètement, comme souvent avec Dieu, dans l’humilité d’une étable de Bethléem avec pour seuls témoins des bergers, c’est-à-dire les parias du moment, des quasi-SDF. Le ciel, lui par contre, ne s’y trompe pas : il sait ce qu’il se passe et combien ce changement sera déterminant. « Il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu… ».

 

De fait, l’homme et la femme avaient été créés pour le bien, dès le jardin de la Genèse, là où Dieu reconnut lui-même « que tout cela était très bon ». L’exercice périlleux mais indispensable de la liberté avait conduit Adam et Eve a succombé aux tromperies du Malin, pensant mieux savoir que quiconque ce qui serait bien pour eux. Cette apparente liberté n’était qu’une soumission. De nos jours, nous constatons combien l’exercice de la liberté peut être entaché par les idéologies, les complotismes, les pseudo-savoirs. Celles et ceux qui croient détenir l’information capitale sont prisonniers de ce que d’autres veulent qu’ils croient. Cela n’est pas bien. Et cela n’est pas le bien. Dieu n’est pas venu à notre rencontre pour une telle réduction. Comment alors mesurer le bien ? Il est clair qu’il se dessine et se construit dans notre conscience, pour peu que nous laissions l’Esprit-Saint l’éclairer. Le bien, cependant, se mesure aussi aux frontières de l’égoïsme qu’il sait nous faire franchir. Le bien est toujours supérieur à la somme de nos intérêts personnels. Peut-être même quand il s’agit de se faire vacciner pour soi et les autres…

 

Le bien, enfin, est un mouvement, une propension de la grâce manifestée en Jésus à venir infuser notre âme. Le bien, quand il est « bien », se diffuse et se répand. Voilà pourquoi Paul parle de « faire le bien ». Ce soir, frères et sœurs, nous ne sommes pas rassemblés pour fêter un anniversaire, aussi illustre soit-il, ni encore pour nous souvenir d’un événement insigne de l’histoire des hommes. En célébrant la venue du Christ au milieu de nous, nous nous souvenons que le bien qu’il est venu nous inoculer est un antidote efficace contre le mal : il « nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété ».

 

Cela passera à la fois par la manière dont nous accueillerons le cadeau de Dieu pour nous, et par la manière dont nous en vivrons en vivant pour les autres, sans jamais épuiser la « grâce manifestée » et reçue. Comment ne pas se réjouir d’un tel vaccin capable de venir à bout de tous les maux du monde que nous sommes prompts à dénoncer ?


AMEN. 


Michel Steinmetz

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