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samedi 13 juin 2020

Homélie de la solennité du Corpsu Domini - dimanche 14 juin 2020

Libération

Les dernières semaines ont été pour certains une traversée du désert dans l’affrontement d’une solitude, isolement d’eux-mêmes avec eux-mêmes, ou d’une cohabitation familiale qui a révélé des fragilités relationnelles. Pour d’autres le retour à présent à des activités « ordinaires » quoique toujours incertaines, peut engendrer d’autres peurs : peur de retrouver des relations sociales, peur de tomber malade, peur devant un contexte économique considérablement fragilisé. L’expérience du désert est constitutive de l’identité du peuple élu, et c’est ainsi que nos frères aînés dans la foi l’entendent encore aujourd’hui. Malgré les dangers du désert « vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif », l’incertitude quant à la destination, les difficultés de survie dans ce milieu profondément hostile, le peuple se sait conduit. Finalement son expérience d’apparente errance poursuit l’expérience de libération entreprise à la sortie d’Egypte. Et cette libération se comprend comme l’expérience de ne pas être seul. Dans la faim et la soif qu’endurent le peuple, Dieu lui donne cette nourriture étrange qu’est la manne et fait « jaillir l’eau de la roche la plus dure ». Tout cela afin que l’homme se rappelle qu’il « ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur ». En d’autres termes, c’est un décentrement que Dieu opère quand il agit. Nous-mêmes, si nous consentons à relire ces dernières semaines si étranges comment une occasion pourtant de se laisser conduire, cela deviendra aussi une expérience de libération, de nous-même, de nos angoisses, de nos failles. Croire que le Seigneur nous accompagne sur ce chemine et qu’il nous conduit : voilà l’enjeu !
 
Communion
 
L’expérience de libération est en définitive l’expérience d’une présence de Celui qui devient plus intime à nous-même que nous-même en se faisant nourriture. Il s’agit pour nous de réaliser une « vie eucharistique ». S’il est vrai que l’hostie consacrée contient la personne du Christ que l’« on reçoit sans le briser, le rompre ni le diviser ; [qu’] il est reçu tout entier », comme le rappelle saint Thomas d’Aquin : nous sommes bien sûr appelés à le recevoir en nous approchant de l’autel, à le chercher devant le tabernacle dans l’église, mais aussi – et ne l’oublions jamais – dans ce tabernacle qui sont les derniers, les souffrants, les solitaires et les pauvres. Jésus lui-même l’a dit. Ainsi notre démarche de communion ne peut se limiter à un geste physique, consistant en la réception de l’hostie. Au contraire, cette communion invite, nécessite et entraîne à une union plus grande avec le Christ mort et ressuscité. Faire cela en mémoire de Lui ne peut es retreindre au « prenez et mangez » ; car il s’agit d’avoir la vie, sa vie, en nous. Nous savons bien physiologiquement que la nourriture que nous ingurgitons à une incidence sur notre corps ou notre santé – certains en font l’expérience après l confinement ! Il en est de même quand nous communions, à la grande différence près, cependant, qu’il n’y a pas d’automatisme. Dieu se met en nécessité que nous le voulions et le désirions. Mais pour celui qui le reçoit avec foi, Sa vie se mêle à la nôtre et transforme notre existence dans l’union avec Lui.

Adoration 

Cette communion existentielle avec le Christ est donc une expérience d’une présence réelle dans cette assurance du cœur de savoir que le Christ marche à nos côtés, qu’Il partage nos errances, nos doutes et nos peurs, et même assurance de savoir qu’Il donne la nourriture, c’est-à-dire qu’Il se donne en nourriture, pour nous rendre capables et dignes de nous trouver en sa présence. « De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. » Cette relation, inscrite et célébrée en nos vies par la communion eucharistique, est celle d’une libération toujours à l’œuvre. Nous nous découvrons plus grands notre péché. Savoir que le Christ nous regarde et consentir à le regarder, c’est cela l’adoration.
 

AMEN.
 
                                                                                                                                                                                                                      
Michel Steinmetz

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