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samedi 6 juin 2020

Homélie pour la solennité de Sainte Trinité - dimanche 7 juin 2020

Certains parmi vous se souviennent sans doute encore du sketch fameux de Roland Devos : « Sens interdit ». L’humoriste y racontait comment il avait été entraîné à s’engager dans un sens giratoire et, après « avoir fait un petit tour pour rien », se rendait compte que toutes les sorties lui étaient défendues car comportant toutes un « sens interdit ». Coi et penaud, il continuait ainsi de tourner tout en engageant la discussion avec ses compagnons d’infortune. L’ambulancier, qui lui disait tourner ainsi depuis un mois, l’informait que son patient était depuis passé au corbillard un peu plus loin. Et le policier qu’il interrogeait, devant le tournis de la situation, de lui répondre que, s’il se sentait mal, il y avait de la place dans l’ambulance !
 
 
Frères et sœurs, la sainte Trinité n’est-elle pas le sens giratoire de Devos ? J’en conviens la comparaison est parfaitement osée. Mais nous savons aussi que l’arithmétique trinitaire du « 1+1+1 = 1 » ne nous permettra pas d’entrer dans ce mystère. Il n’est pas en effet une énigme à percer par le génie de l’esprit humain. Le Dieu à la fois un et trine est avant tout une personne que nos mains ont pu toucher et que nos yeux ont contemplé en Jésus de Nazareth, le Fils unique du Père, tout rempli de l’Esprit-Saint. Et voilà aussi pourquoi il n’y a rien de statique et de figé dans la Trinité. Elle est mouvement débordant d’amour. Mouvement centripète qui nous permet d’accéder à la communion des personnes divines.
 
Ainsi notre baptême nous a plongés dans ce sens giratoire. Peu à peu, parce que nous nous sommes rapprochés de Dieu lui-même, nous découvrons notre liberté, c’est-à-dire l’amour véritable que Dieu nous porte. Notre vie ne s’y voit pas enfermée, comme si elle était prisonnière. Elle aperçoit que des sorties sont possibles, ce sont les voies du péché qui nous éloigneraient de Dieu. Or la grâce nous prévient et agit comme des indicateurs gracieux d’un sens interdit, c’est-à-dire d’une voie dangereuse et qui pourrait nous mener à notre perte. En usant par contre de notre liberté, et c’est la différence avec Devos, nous demeurons dans l’intimité de Dieu.
Le Dieu qui est le nôtre n’a rien à voir avec une statue pétrifiée et impassible : il est le Dieu qui agit et dont l’amour est le moteur de l’action. Il crée le monde par amour, il fait Alliance par amour, il appelle à la conversion par amour, il donne son Fils par amour, il le ressuscite dans la force de l’Esprit par amour, il confie à son Eglise les sacrements de la vie par amour… Or on ne peut ni aimer ni s’aimer si on est seul. La solitude n’engendre aucun amour et l’amour du seul soi-même n’est qu’une sorte de narcissisme. Parce qu’il naît d’échange et de don, l’amour est nécessairement communion intime de plusieurs personnes.
 
Prenons deux exemples qui vous feront comprendre cette dynamique divine à laquelle nous sommes conviée. Tout d’abord, quand nous prions, nous avons non seulement l’habitude de dire « au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit », mais encore d’accompagner ces paroles d’un geste, celui qui trace sur nous le signe sauveur de la croix : ainsi c’est tout notre corps qui se drape du mystère divin et nous rappelle sans cesse à en vivre. Toute la liturgie de l’Eglise, ensuite, s’adresse au Père – y compris la prière eucharistique. Mais le seul moyen cependant d’y parvenir est de le faire « par Jésus, le Christ, notre Seigneur » et dans « l’unité du Saint-Esprit ». Là encore, quand nous prions avec les mots de l’Eglise, nous le faisons toujours de manière trinitaire parce que Dieu se révèle pleinement dans cette communication tournoyante centripète des personnes divines.
Dieu ne perd rien de ce qu’Il est en se révélant (entendez : en nous faisant une place en Lui) ; nous gagnons tout en demeurant en Lui (entendez : Il ne nous mène pas à la mort en nous faisant passer de l’ambulance au corbillard de Devos). Car Il est la vie éternelle donnée en partage. Frères et sœurs, résolument, laissons-nous saisir par cette joyeuse danse du salut « au nom du Père, et du Fils et Saint-Esprit ».
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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