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vendredi 24 mai 2019

Homélie du 6ème dimanche de Pâques (C) - 26 mai 2019

Beaucoup d’urbanistes et d’élus réfléchissent pour faire de nos villes des lieux agréables à vivre, beaux, aérés, qui favorisent le « vivre-ensemble » comme on se plaît à le dire de nos jours. Nous savons que ce sont là des questions difficiles et des équilibres précaires. Mais pourtant essentiels. Et nous le percevons d’autant mieux que nous vivons en ville. Saint Jean, lui, n’est pas un urbaniste. Il n’imagine pas une « cité idéale ». Il a une vision et cela est tout différent. La ville qu’il nous décrit arrive au terme de l’Apocalypse, au moment où l’on tend à dire : « enfin ! ». Enfin le combat s’achève ; le royaume de Dieu s’installe avec « un ciel nouveau et une terre nouvelle ». C’est donc le terme de l’histoire qui nous découvrons ici.
 
 

Imaginez cette cité éblouissante, scintillant de l’éclat des pierres précieuses. Elle semble un modèle du genre. Par contre, chose curieuse, on ne trouve en elle aucun sanctuaire. Le diction populaire, lui, fait dire qu’il faut « que l’église reste au milieu du village », pour signifier une organisation pacifiée de la communauté humaine locale. Ici, dans la « Ville sainte », la Jérusalem céleste, c’est l’Agneau qui est au cœur. « La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau », dit Jean.
 
La particularité de cette ville, qui annonce ce que nous découvrirons un jour à la consommation des temps, est bien que son éclat ne vient pas d’une source extérieure, mais de son cœur qui est le Seigneur. Nos églises, qui se voudraient une préfiguration de cette Jérusalem céleste, reçoivent du soleil leur lumière qui fait chatoyer les vitraux et transfigurer l’intérieur. Par contre nous sommes appelés, nous-mêmes, à refléter la lumière intérieure qui est la nôtre. Et c’est pour cela que nous sommes, de l’Eglise, les « pierres vivantes ».
 
 
Cette lumière, nous le savons, ne vient pas de nous, de nos mérites, de notre intelligence. Nous ne sommes pas à nous-mêmes des lumières. Ce qui devrait transparaître, c’est la lumière de la foi que Dieu a mise en cœurs par notre baptême. Parce que de la sorte Dieu ne reste pas extérieur à nous-mêmes mais il est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. Ce Maître intérieur est accueilli de manière particulière comme un aliment dans l’eucharistie.
 
Que se passe-t-il alors ? En venant en nous, le Seigneur nous illumine. C’est-à-dire qu’il vient nous révéler tel que nous sommes, en vérité, nous fait découvrir peut-être sous un jour meilleur que ce que nous imaginions. Il vient encore nous transformer et changer quelque chose en nous. Le recevoir dans l’eucharistie dépasse donc de loin le seul geste physique de s’avancer pour recevoir l’hostie.
 
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » C’est la condition ou plutôt le préalable que le Seigneur pose : garder sa parole. Ou pour dire les choses autrement, peut-être un peu trivialement : digérer cette parole. Ce que nous recevons ainsi du Seigneur nous avons à l’assimiler, comme toute nourriture. Ce que nous « ingurgitons » produit quelque chose en nous et apporte une réponse à nos besoins vitaux. La Parole de Dieu dessine un chemin, une route qui ira jusqu’au cœur de notre cité intérieure. C’est là que le Seigneur veut demeurer, Lui que nous reconnaissons à chaque eucharistie comme « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Là Il se lie à nous et l’Esprit nous le fait découvrir. Et nous nous découvrons plus tout à fait comme identiques, parce que nous ne sommes plus seuls. Dieu est avec nous.
 
Et parce qu’il ne viendrait à personne l’idée de ne se nourrir qu’une seule fois, sous peine de mourir, le Seigneur nous invite à Lui faire une place au cœur de notre vie, à Lui permettre de nous nourrir. Il nous éclairera de l’intérieur et nous resplendirons de sa lumière.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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