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vendredi 10 mai 2019

Homélie du 4ème dimanche de Pâques (C) - 12 mai 2019

La liturgie propose à notre méditation la figure du bon pasteur telle que Jésus se présente aux Juifs. En quelques phrases l’évangile de saint Jean nous donne des éléments importants de réflexion : le bon pasteur donne la vie éternelle à ceux qui écoutent sa voix et qui le suivent (c’est à dire qui mettent en pratique la parole du Christ) et ce don de la vie est l’accomplissement de la mission de Jésus agissant au nom du Père. Le pasteur est celui qui connaît ses brebis et qui en prend soin jusqu’à donner sa vie pour elles.
 
Cette promesse du Christ adressée à ceux qui le suivent s’accomplit d’abord pour ses disciples qui se sont mis à sa suite. Mais ce discours s’adresse aussi explicitement aux Juifs, c’est à dire au Peuple élu auquel Dieu a promis d’envoyer un pasteur selon son cœur. Jésus est vraiment le berger d’Israël pour le conduire aux pâturages de la vie. Par sa mort et sa résurrection l’alliance de vie accomplit la vocation universelle d’Israël et s’ouvre à la multitude, comme le rappelle la formulation eucharistique de la Cène : « mon Sang versé pour vous et pour la multitude. » C’est ainsi qu’il faut l’entendre à chaque messe. Jésus donne sa vie pour nous qui sommes ici, mais nous ne pouvons nous prétendre les uniques bénéficiaires de son sacrifice.
 
Le lien qui unit le pasteur aux brebis n’est pas un lien qui exclut les autres brebis qui ne sont pas (faut-il dire encore ?) de cette bergerie. La mission pastorale du Christ ne se limite ni au groupe des premiers disciples qui l’entoure, ni à Israël qui en est le premier bénéficiaire. Elle s’étend à la multitude innombrable de ceux qui veulent bien écouter sa voix et le suivre : « une foule immense que nul ne pouvait dénombrer de toutes nations, races, peuples et langues. » (Ap 7, 9), comme nous le dit la vision de l’Apocalypse. C’est ainsi que Paul interprète la fureur des Juifs d’Antioche : « vous ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle ».
 
Quand la mission pastorale du Christ nous est présentée dans cette dimension universelle, nous pressentons combien nous sommes loin d’avoir encore parcouru le chemin nécessaire à son accomplissement. Nous pouvons même mesurer que l’annonce de la Bonne Nouvelle, qui est la voix du pasteur, est une œuvre à reprendre sans cesse, à chaque génération. La nouvelle évangélisation n’est-elle pas la transcription pratique de cette mission dans le temps qui est le nôtre ? Il arrive souvent que des chrétiens imaginent ou rêvent une chrétienté florissante que nous aurions perdue. Je vous rappelle qu’au sortir de la révolution française, notre Église en France était complètement démunie à vues humaines. N’était-ce pas déjà le cadre d’une nouvelle évangélisation ? La dispersion des prêtres et des consacrés, l’ignorance de beaucoup des vérités élémentaires de la foi, la sécularisation complète des mœurs et de la culture, etc.
 
« Le propre de chaque génération de chrétiens est de penser qu’elle est la dernière », ai-je lu cette semaine. Je ne sais si c’est vrai mais la formule m’a plu pour les temps que nous vivons. Nous ne sommes pas les derniers des Mohicans, nous ne sommes pas une fin de race qu’on pourrait placer dans une réserve. Et pourquoi ? Tout simplement parce que le Christ ne nous le permet pas. Le sang qu’il a versé pour nous nous impose de témoigner de lui. Peut-être avez-vous prêté attention au paradoxe que nous entendions dans l’Apocalypse : les robes de ceux qui viennent de la « grande épreuve » ont été « blanchies par le sang de l’Agneau ». C’est-à-dire que pour avoir part à la vie du Christ, il faut se laisser rejoindre et marquer de son sang. Accepter pour nous-mêmes le sacrifice du don de soi, de sortir au moins de sa zone de confort. Dépasser la passivité du mouton bêlant qui se laisse ballotter par les modes.
 
« Dieu éternel et tout-puissant, guide-nous jusqu’au bonheur du ciel ; que le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son Pasteur est entré victorieux. » Frères et sœurs, en avant !
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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