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samedi 20 octobre 2018

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 21 octobre 2018

Cela a duré quinze jours. Quinze jours de tractations et de pseudo-révélations par la presse, de petits mots subtilement glissés par les uns et les autres. Et nous l’avons eu, sur le perron de l’Elysée. Le remaniement gouvernemental est arrivé. L’actualité des derniers jours nous aide à imaginer la scène de l’évangile de ce jour. Jacques et Jean, les fils de Zébédée, sont des braves gens. Ils ont trouvé leur maître. Celui-ci parle d’un Royaume qui se met en place. Ils préparent leur avenir. C’est naturel. Mais plus qu’un portefeuille ministériel, ils comprennent peu à peu que, bientôt, Jésus ne sera sans doute plus là.  Jésus, en effet, a annoncé à ses disciples, et pour la troisième fois, sa Passion et sa Résurrection maintenant toute proche. Plus les jours passent, plus il sait comment va s’écrire l’histoire. Ses sentent bien que quelque chose se prépare : « ils étaient effrayés et avaient peur », nous rapporte saint Marc. C’est dans cette imminence, dans cette urgence, que Jacques et Jean se décident à interpeller Jésus : « Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande ». Et quelle est-elle cette demande : plus qu’un portefeuille ministériel au prochain remaniement, siéger à la droite et à la gauche de Jésus dans son Royaume !
 
A chacune des trois annonces de la Passion, un message a été délivré par le Christ. Après la première, il invite ceux qui veulent le suivre à prendre leur croix sur eux, chaque jour ; invitation qui reste encore mystérieuse. Après la seconde, il donne en exemple aux disciples un enfant qu’il met au milieu d’eux ; il les aide à comprendre que, dans la famille qu’il est en train de fonder et qui plus tard sera l’Eglise, la puissance n’est pas le critère absolu, mais au contraire la dépendance, la faiblesse et la capacité d’accueillir la Parole du Père. Après cette troisième annonce enfin, le support qui va lui servir à enseigner ses disciples est la question posée par Jacques et Jean. Peut-être avez-vous pensé qu’elle était incongrue, venant juste après l’annonce des souffrances que le Christ devrait endurer. Vous n’êtes pas les seuls à en juger ainsi puisque l’Evangile nous dit que les dix autres qui les avaient entendus s’indignaient contre Jacques et Jean. S’il fallait chercher une excuse à ces deux-là , on pourrait cependant rappeler qu’ils étaient avec Pierre sur la montagne de la Transfiguration où il leur avait été donné de contempler la gloire du Christ. Peut-être leur demande se rattache-t-elle à ce moment si intense vécu avec lui et dont ils espèrent qu’il pourra se prolonger plus tard. Pierre, sur le moment, voulait installer trois tentes pour demeurer avec Jésus tant ils étaient heureux avec lui.
 
Mais le temps de la glorification n’est pas encore venu. Nous sommes ici à l’ultime étape avant que Jésus ne monte à Jérusalem. Il tire la leçon de cette demande. Il appelle les Douze autour de Lui, et le contenu de son message est simple. Quelques jours auparavant, il leur avait donné l’exemple d’un enfant. Aujourd’hui l’exemple qu’il leur donne est celui du serviteur : « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur, celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous ». Plus qu’un serviteur, un esclave. Pas simplement quelqu’un qui se met librement au service d’un autre, quelqu’un qui est lié à la vie à la mort au service qui lui est confié.
 
Le Christ ne se présente pas comme le chef d’une nation païenne, il ne se présente pas comme le concurrent de César, il ne se présente pas comme le concurrent d’Hérode, il ne se présente même pas comme un de ces leaders messianiques qui ont parcouru l’histoire d’Israël. Il se présente comme le serviteur souffrant annoncé par le Prophète. Il va délivrer son peuple et à travers lui l’humanité entière, non pas en imposant sa loi mais en offrant sa vie. De quelque façon nous devons le comprendre : nous ne changeons jamais rien dans le cœur et l’histoire des hommes tant que nous n’acceptons pas de donner notre vie pour ce changement. Ce qui change le cœur de l’homme n’est ni la guerre, ni la révolution, ni la domination ; c’est l’offrande que nous serons capables de faire de nous-même pour le bien de tous. Parce que le Christ l’a fait et que le chemin qu’il trace pour nous est le seul qui conduise à la vie.  
                                                                                                                       
 

AMEN.
 
Michel Steinmetz

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