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vendredi 3 février 2017

Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 5 février 2017

De manière régulière, certains articles traitent de notre trop grosse consommation de sel et nous alertent sur le danger que cela représente pour la santé. Il paraît qu’en moyenne, nous consommons chaque jour le triple de ce dont nous avons réellement besoin. Il convient donc de faire du sel un usage modéré et prudent.  Comme le sel peut dénaturer une alimentation, la lumière trop vive peut aussi éblouir. Pourtant nous venons d’entendre : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde » nous dit l’évangile. Faut-il faire le régime de ce que nous sommes et de ce qui nous fait vivre ?
Dans notre culture du contrôle, le sel et la lumière ne sont pas regardés de la même manière que du temps Jésus. En effet, dans l’antiquité, le sel et la lumière étaient deux réalités considérées comme tout à fait essentielles. Alors, quelle pertinence donner à ce symbole proposé par l’évangile ? Permettez-moi aujourd’hui de m’attarder sur ce symbole du sel, que nous avons à être chaque jour davantage selon la parole de Jésus.
 
Etre du sel, c’est vivre le paradoxe de la vie, c’est conjuguer en même temps deux dimensions apparemment contradictoires. Car le sel est, d’une part, ce qui permet de garder et conserver les aliments, et d’autre part, ce qui attaque et purifie.
Le sel est d’abord ce qui conserve. Etre salin, vivre de l’évangile, c’est avoir tout d’abord une capacité de garde et de veille. Il  y a au fond de chacun et chacune d’entre nous un trésor à conserver. Etre du sel, c’est parvenir à garder ce qui nous nourrit : des paroles et des gestes qui nous ont façonnés. Des valeurs aussi, qui nous ont fait grandir. Etre sel de la terre, c’est bien discerner l’essentiel, ce qui dure, au-delà du sucré et du mielleux. Etre sel de la terre, c’est, avec très peu de choses, donner du goût à la vie, offrir de la saveur à nos existences. Il faut quelques grains de sel pour changer un plat, ou le rater. Etre salin selon l’évangile, ce n’est pas conserver de l’ancien dans du neuf, c’est avoir cette capacité de toujours garder et regarder l’essentiel.
Mais d’un autre côté, et dans le même mouvement, pour être sel de la terre, nous avons le devoir d’attaquer, d’éliminer ce qui nous empêche d’avancer. Le sel est en effet ce qui peut purifier, ronger, attaquer. Etre du sel, c’est parfois s’inscrire en faux contre ce qui fausse l’humain. Il est tentant  parfois, de se laisser absorber, de se dissoudre : « Tout le monde le fait, alors pourquoi pas moi ? ». Il ne s’agit pas d’être caustique ou destructeur, mais il s’agit de développer en nous cette capacité à dire « Non ».
Voilà donc le paradoxe du sel. Capacité à dire oui à la vie et à dire non à ce qui fausse l’humain. Conservateur et purifiant, tout l’art est dans l’équilibre de ces deux dimensions. Si certains se posent en étant des agents conservateur figés, d’autres se posent en s’opposant, en mordant, en attaquant. Il y a les uns qui veulent une société pour l’homme tel qu’il est et qu’il faut conserver, d’autres pour l’homme qu’il devrait être.  L’évangile est plus subtil que cette alternative. Il nous invite à créer un monde, c’est à dire le royaume, pour l’homme tel qu’il peut être et devenir.
 
La première lecture nous donnait la clé d’un tel programme : «  Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, si tu donnes à celui qui a faim ce que, toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi ». C’est l’autre, le prochain, celui qui souffre, qui nous permet de devenir sel et lumière, dans les justes et bonnes proportions. A son contact, ce qui est obscur en nous se métamorphose. Le sel de l’évangile, c’est un évangile qui agit, « l’Esprit et sa puissance qui se manifestent » (1 Co 2, 5). A la source commune de l’Evangile et du prochain, conservons notre saveur et soyons resplendissants !  On dit qu’il faut trois grammes de sel maximum par jour. Alors je nous invite à faire le régime évangélique, à mettre chaque jour trois grains de sel dans nos vies : celui qui nous fera aller à l’évangile, celui qui nous fera aller vers le prochain, celui qui découvrira un cœur lumineux ! Bon régime sans hypertension spirituelle !
 
AMEN.
                                
Michel Steinmetz

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