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vendredi 10 février 2017

Homélie du 6ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 12 février 2017

Comment nous situer face à la Loi ? Cette interrogation s’est invitée depuis quelques jours maintenant dans le débat public et monopolise les unes et les heures d’antenne. Si c’est légal, est-ce pour autant permis, moralement permis ? Il y a aussi, dans des procédures judiciaires pointilleuses, des jugements qui sont rendus en dépit de tout bons sens, sans tenir compte ni de la réalité ni de la vérité. Ne pas prendre en compte l’esprit de la loi peut conduire à des impasses. « La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre est donnée selon leur choix », nous l’entendions dans la première lecture : la loi en tant que telle est nécessaire et l’enfreindre peut conduire à la mort, physique ou spirituelle, mort politique aussi parfois. Il ne s’agit pas simplement d’anticiper l’opinion pour continuer d’exister.
 
Comment nous situer face à la Loi ? Le débat est d’actualité en différents pays, en particulier pour l’euthanasie et l’avortement. Le légal est-il toujours moral ?  Faut-il toujours respecter la Loi ? Avec quelle souplesse, quelle marge, quelle liberté ? Comment l’humaniser ? Jésus met en garde ses disciples contre la sclérose du légalisme. Vous le savez, l’Evangile n’est pas une loi. Même si l’on parle de la loi nouvelle, il s’agit justement dans cette loi nouvelle, de vivre sous l’inspiration de l’Esprit. « La lettre tue, l’Esprit vivifie », dit saint Paul. On ne peut être plus clair ! La Loi, selon lui, est un pédagogue. Elle apprend à respecter les limites, celles des autres. Face à mes caprices et mes lubies elle représente une altérité qui m’oblige, une transcendance qui me structure et me met en relation. Mais elle ne peut sauver. Il faut qu’il y ait de la vie, de l’enthousiasme, l’élan de l’Esprit.
 
L'Evangile n’est pas une Loi. La loi est là mais elle est relativisée. Jésus le montre dans sa vie. Sa mère est enceinte avant son mariage avec Joseph. Jésus mange et boit à la table de publicains, de pécheurs publics. Il se laisse toucher par Marie Madeleine qui lui lave les pieds, les essuie avec ses cheveux... il parle et il boit avec la Samaritaine. Il touche les lépreux. Il guérit le jour du Sabbat. Il ne paie pas l’impôt, ou seulement quand on lui pose la question.
 
Et pourtant Jésus, aujourd’hui, nous dit qu’il ne vient pas abolir la loi mais l’accomplir. En effet, il la relativise par excès. Il n’en fait pas moins, il en fait plus. Si jusque-là Moïse a permis aux hommes de répudier leur femme, lui, il affirme qu’il ne faut pas séparer ce que Dieu a uni. Si, dans les dix commandements de Moïse, il est question de ne pas tuer, pour lui, il ne faut pas même insulter. Si, dans la loi, on peut donner au Temple sans se soucier de la vie de ses vieux parents, Jésus, lui, affirme qu’il faut se responsabiliser pour eux et se solidariser. Si, dans la loi, il ne faut pas travailler le jour du Sabbat, Jésus, lui, dit qu’il faut accomplir la création et guérir l’homme car c’est là que se trouve la gloire de Dieu.
 
En fait l’Esprit ne s’oppose pas à la Loi. Il permet d’en comprendre les intentions, d’en respecter les finalités, de faire de nous des hommes et des femmes libres, non pas libres au sens de la feuille morte emportée au gré du vent, mais des êtres libres, déterminés, orientés vers le bien et vers la vie, vers l’amour et la solidarité. Des êtres qui arrêtent de dire : « je voudrais bien », mais qui disent enfin : « je veux », résolument.
 
Si dans la loi juive il y a un peu plus de 600 commandements, dans la loi de nos pays et dans les règlements communautaires, combien y a-t-il de commandements ? Personne ne le sait, cela dépasse ce que l’on peut compter, d’autant plus que tout change tout le temps. La loi est perfectible, elle doit s’adapter. Elle vise quelque chose qui est au-delà d’elle-même. La justice nouvelle consiste à s’ajuster à l’amour de Dieu pour ses enfants. Il ne s’agit plus seulement d’obéir aux textes de manière légaliste ni d’exécuter des ordres. Il s’agir de se laisser conduire par la justice nouvelle qui dépasse la loi. A la suite du Christ, kle disciple cherche à aller au cœur de la loi, à ce qui lui donne sens et légitimité : le respect des autres qui trouve sa source dans l’amour de Dieu. C’est alors que la justice devient ajustement d’amour.
 
AMEN.                  
 
Michel Steinmetz

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